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DICTIONNAIRE

HISTORIQUE.

RÉAL

RÉAL

et l'emmena avec elle en Angleterre. Ce voyage ayant dérangé ses études, il vint jouir de la tranquillité à Paris. Il y vécut en

REAAL + (Laurent), natif d'Amsterdam, se signala au commencement du 17. siècle comme navigateur, militaire et négociateur, et rendit par ses connois-philosophe jusqu'en 1692, qu'il sances des services distingués à la compagnie des Indes hollandaises alors naissante.Il possédoit aussi les langues savantes et aimoit la culture des lettres. Hoofs et lui aidèrent Vondel dans sa traduction des Troades de Sénèque. En 1616, Reaal avoit été nommé gouverneur de Batavia; il retourna en Hollande en 1619, et y mourut en 1637.

se rendit à Chambéry, où il mourut vers la fin de cette année. Cet écrivain avoit une imagination vive, de la profondeur dans l'esprit ; mais son goût n'étoit pas toujours sûr. Le fameux romancier, Varillas, auprès duquel il vécut quelque temps, l'accusa de lui avoir enlevé ses papiers; mais cette imposture n'altéra point l'idée que le public avoit de sa probité. On lui reprochoit seuleI. RÉAL ( César VICHARD DE ment d'être d'une sensibilité puéSAINT-), fils d'un conseiller au rile pour la critique, vif et imsénat de Chambéry sa patrie, pétueux à l'excès dans la dispute. vint à Paris de bonne heure. Les Ses ouvrages parurent, en 1745, agrémens et la vivacité de son à Paris, 3 vol. in 4°, et 6 esprit le firent rechercher. De re- vol. in-12. Les principaux sont, tour dans sa patrie, en 1675, 1. Sept Discours sur l'usage de Charles-Emmanuel II le chargea l'Histoire, pleins de réflexions de l'Histoire d'Emmanuel Ler, judicieuses, mais écrites sans son aïeul; mais on ignore s'il l'é- précision. II. Histoire de la Concrivit. La duchesse de Maza-juration que les Espagnols forrin, s'étant réfugiée en Savoie, goûta l'abbé de Saint-Réal

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mèrent en 1618 contre la république de Venise. Ce morceau

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meam, ma Tulliette. XII. Plit sieurs Lettres. Son style est plus dur que fort, et plus élégant que correct. En 1757, l'abbé Pérau donna une nouvelle et jolie édition de toutes les OEuvres de cet auteur, en 8 petits vol. in-12. Ce * n'est qu'une réimpression de celle qu'il avoit donnée en 1755. M. de Neuville a donné l'Esprit de SaintRéal, in-12.

II. RÉAL (Gaspard de), seigneur de Curban et grand sénéchal de Forcalquier, né à Sisteron en 1682, et mort à Paris le 8 février 152, se distingua par ses talens pour la politique. Plusieurs princes et plusieurs ambassadeurs lui donnèrent des marques d'estime. On a de lui un Traité complet de la Science du gouvernement, ouvrage de morale, de droit et de politique, qui contient les principes du commandement et de l'obéissance, où l'on réduit toutes les matières du gouvernement en un corps unique, entier dans chacune de ses parties, et où l'on explique les droits et les devoirs des souverains, ceux des sujets, ceux de tous les hommes en quelque situation qu'ils se trouvent, en 8 vol.

est romanesque sur quelques points, tels que le projet de massacrer le sénat, d'incendier la ville, et autres incidens; mais le fonds en paroît vrai, Le style approche beaucoup de celui de Salluste, et il n'est point resté au-dessous de ce modèle. Il y a du sens dans les réflexions, un coloris vigoureux dans les portraits, et un choix heureux dans les faits. III. Don Carlos, nouvelle historique, dont plusieurs circonstances tiennent du roman, est d'ailleurs assez bien écrite. IV. La Vie de Jésus-Christ, qui montre beaucoup moins de talent dans l'auteur pour le sacré que pour le profane. V. Eclaircissement sur le Discours de Zachée à Jésus-Christ. VI. Discours de remerciment, prononcé, le 13 mai 1680, à l'académie de Turin, dont il avoit été reçu membre dans un voyage qu'il fit, cette année, en cette ville. VII. Relation de l'Apostasie de Genève. Cet ouvrage curieux et intéressant est une nouvelle édition du livre intitulé: Levain du Calvinisme, composé par Jeanne de Jussis religieuse de Sainte-Claire à Genève. L'abbé de Saint-Réal en retoucha le style, et le fit paroître sous un autre titre. VIII. Césa-in-4o, Paris, 1762, 63 et 64. L'aurionou divers Entretiens curieux. teur de ce livre diffus, mais assez IX. Discours sur la Valeur, bien écrit, y fait un tableau de adressé à l'électeur de Bavière tous les gouvernemens. Il a puisé en 1688. C'est une des meilleures dans l'histoire ancienne et mopièces de Saint-Réal. X. Traité derne, et dans tous les auteurs de la Critique. XI. Traduction qui ont le plus solidement écrit des Lettres de Cicéron à Atticus, sur la législation et la politique, avec des remarques, 2 vol. in-12. les principes qu'il établit. Son Cette traduction ne contient que ouvrage offre de l'érudition et deux livres des Epîtres à Atticus, des réflexions sages: quelques avec la deuxième lettre du pre-philosophes du temps ne font mier livre à Quintus. Elle est pas trouvé assez profond. L'abbé écrite quelquefois d'une manière de REAL, son neveu, abbé de lourde et embrouillée. Il s'y trou- Lure, né à Sisteron en 1701, ve même quelques expressions mort en 1774, est auteur d'un burlesques il traduit Tulliolam ouvrage intitulé : Dissertation

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procédés dans un ouvrage intitulé: L'Art de convertir le Fer en Acier, et l'Art d'adoucir le Fer fondu, et de faire des ouvra

de Fer forgé, 1 vol. in-4°, 1722. Le duc d'Orléans, régent, crut devoir récompenser ces services rendus à l'état, par une pension de 12,000 liv.; mais Réaumur de

*REALINO (Ven. Bernard),ges de Fer fondu aussi finis que jésuite, né d'une noble famille de Carpi, le 1er décembre 1530, et mort en 1616, est connu par un ouvrage intitulé: In Nuptias Pelei et Thethydis Cartullianas Commentariùs; ejusdem adnotatio-manda et obtint qu'elle fut mise nes in varia scriptorum loca, Bononiæ, 1551, in-4, livre rare, et qu'il écrivit à l'âge de 18 ans.

sous le nom de l'académie qui en jouiroit après sa mort. Ce fut à ses soins qu'on dut les manufactures de fer blanc établies en France ; on ne le tiroit autrefois que de l'étranger. La patrie lui fut encore redevable de l'art de faire de la porcelaine. Ses premiers essais en ce genre réussirent parfaitement. II contrefit même la porcelaine de Saxe, et transporta par ce moyen en France un art utile et une nouvelle branche de commerce. Un autre travail intéressant pour la physique, est la construction d'un nouveau Thermomètre, au moyen duquel on peut conserver toujours et dans toutes les expériences, un égal degré de chaleur ou de froid. Ce thermomètre porte son nom, et forme à sa gloire le monument le plus durable. L'illustre observateur composa ensuite l'Histoire des Rivières auriferes de France, et donna le détail du procédé si simple qu'on emploie à retirer les aillettes d'or que les eaux

+ RÉAUMUR (Réné-Antoine Ferchault, sieur de), né à la Rochelle en 1683, d'une famille de robe, quitta l'étude du droit pour s'appliquer aux mathématiques, à la physique et à l'histoire naturelle. Le jeune naturaliste vint à Paris en 1703; et dès 1708, il fut jugé digne d'être membre de l'académie des sciences. Depuis ce moment, il se livra tout entier à l'étude de l'histoire naturelle, et il embrassa tous les genres. Ses Mémoires, ses Observations, ses Recherches et ses Découvertes sur la formation des coquilles, sur les araignées, sur les filières, les mou- | les, les puces marines, etc., lui firent de bonne heure un nom célèbre. Ce fut lui qui découvrit en Languedoc des mines de turquoise. Il découvrit aussi la màtière dont on se sert pour donner la couleur aux pierres fausses. At dans leur sable. Une Ces découvertes, de pure curio- tentative qu'on croyoit d'abord sité physique, furent suivies de beaucoup plus importante, fut plusieurs autres plus utiles. Réau- de nous donner l'art de faire mur recherchoit les moyens de éclore et d'élever les poulets et donner au fer ce qui lui manquoit les oiseaux, comme on le prapour être acier, secret absolu-tique en Egypte, sans faire coument ignoré en France. Après un nombre infini de tentatives, il parvint au but qu'il s'étoit proposé, et même à adoucir le fer fendu. Il donna le détail de ses

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ver des œufs; mais cette tentative fut infructueuse, et dans la pratique il n'a jamais été dédommagé de ses peines et de ses dépenses. Une collection d'oiseaux

rière qu'ils ont parcourue; ils semblent s'être partagé l'immense domaine de la nature : l'un a immortalisé les grands êtres vivans, l'autre les petits. Tous deux, comme envoyés des cieux, ont débrouillé, expliqué, coordonné tout ce qui paroissoit obscur, confus et impénétrable. Réaumur, plus instruit dans l'art d'observer, étudie les phénomènes en particulier, les médite avec lepteur et les rapproche avec prudence; il féconde en quelque sorte les faits les uns par les autres et c'est ainsi qu'il déroule heureusement toutes les causes mystérieuses. Buffon, doué d'un esprit plus impétueux et plus hardi, livré à l'ardeur dévorante de son génie, impatient de découvrir, ne pour

desséchés qu'il avoit trouvé le secret de se procurer et de conserver, lui donna lieu de faire des expériences singulières sur la manière dont les oiseaux font la digestion de leur nourriture. Dans le cours de ses observations, il fit des remarques sur l'art avec lequel les différentes espèces d'oiseaux savent construire leurs nids. Il en fit part à l'académie en 1756, et ce fut le dernier ouvrage qu'il lui communiqua. Il mourut en sa terre de la Bermondière dans le Maine, où il étoit allé passer les vacances, le 17 octobre 1757, des suites d'une chûte. Réaumur étoit un physicien plus pratique encore que spéculatif; observateur infatigable dont tout arrêtoit l'attention, tout excitoit l'activité, tout ap-suit que les objets qui s'offrent pliquoit l'intelligence. Voué par soudainement à ses regards; il goût au bien public et à l'étude ne parle des choses cachées que de la nature, il a passé sa vie à par une sorte d'inspiration et la contempler, à l'interroger, à comme si un oracle divin les lui la suivre dans ses moindres opé- avoit révélées. Réaumur note et rations. Ses ouvrages fout assez retrace scrupuleusement les phéconnoître l'étendue de son esprit.nomènes tels que la nature les lui Il est peut-être trop diffus; mais il a traité sa matière avec autant de soin que d'agrément et de clarté. Spallanzani, célèbre professeur de Pavie, estimoit particulièrement Réaumur et ses ouvrages. Dans une dissertation inaugurale de ses cours, il établit un parallèle entre ce physicien et Buffon, dont M. Alibert, éloquent panégyriste de ce savant Italien, a donné l'extrait suivant: « Ces deux écrivains, disoit-il, ont été comblés par la nature des plus beaux dons de l'esprit et du génie. Si l'on admire en eux la fertilité, la hauteur, la sublimité ds conceptions, on juge qu'ils ont peine des rivaux, et que personne du moins ne les surpasse. Tous deux ont dépassé l'attente publique dans la car

présente. Buffon, au contraire, les voit souvent avec les couleurs de sa riche et féconde imagination. Le style de l'un est simple et correct; mais l'élégance y est souvent sacrifiée à la plus sévère exactitude. Le style de l'autre frappe par la beauté des images, la sublimité des sentimens, la magnificence de l'expression. Buffou enfin, né avec tous les moyens de persuader et de plaire, prodiguant les trésors de sa langue, et faisant tout revivre par une création nouvelle, règne à la tête des plus brillans prosateurs du siècle ». Réaumur a laissé à l'académie des Sciences ses manuscrits et son cabinet d'histoire naturelle. C'étoit un homme d'un caractère doux et bienfaisant. Ses ouvrages sont: I. Un très-grand

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