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tés populaires de la capitale; qu'il se vit contraint de donner sa démission. Mais cette démarche ne suffit pas pour calmer la rage de ses ennemis. Ayant voulu se

massacré à coups de pierres à Gisors, le 14 septembre, âgé de 83 ans. Accompagné de plusieurs

mune de Paris, lors des horribles journées des 2 et 3 septembre, l'un d'eux avoit prévenu madame de La Rochefoucauld que son mari devoit être assassiné sur la route; que si l'on vouloit donner 25000

les biens du clergé. Le 25 novembre, il rendit compte de l'adresse des amis de la liberté de Londres, etfit charger le président d'écrire au lord Stanhope, pour lui témoigner la reconnoissance de l'as-rendre aux eaux de Forges, il fut semblée. Le 26 janvier 1790, il combattit la proposition qu'aucun membre de l'assemblée ne pût accepter de places du gou-officiers municipaux de la comvernement. Il vota ensuite l'abolition des ordres religieux, et fit adopter la proposition de dom Gerle, tendante à déclarer nationale la religion catholique. Il se déclara pour les mesures prises par Bouillé contre la gar-francs, il seroit sauvé. On donna nison insurgée de Nancy, et de la somme; il n'en fut pas moins manda que l'assemblée approuvat massacré : on le fit descendre de la conduite de ce général. En son cabriolet; son épouse et sa 1791, il fit un rapport sur les tra- mere auroient éprouvé le même ' vaux des comités de contribu- sort, si le duc ne les eût précédées tions, et entretint souvent l'as-d'un quart-d'heure. « Ainsi, dit semblée de cette matière, sur laquelle il fit rendre un grand nombre de décrets. Il réclama aussi la liberté indéfinie de la presse. Dans la discussion relative au cas où le roi serait censé avoir abdiqué, il demanda qu'on fixât un délai dans lequel le monarque, sorti du royaume, seroit tenu d'y rentrer. Après la session, il devint membre et président du département de Paris, et en cette qualité parut à la barre de l'assembléelégislative, et lui adressa, le 7 octobre, un discours de félicitation. En novembre 1791, il signa l'arrêté du département, par lequel le roi étoit privé d'apposer son véto au décret rendu contre les prêtres, et ensuite celui du 6 juillet 1792, qui suspendoit de leurs fonctions Pétion et Manuel, maire et procureur de la commune de Paris, pour avoir autorisé, ou au moins souffert, les attentats commis le 20 juin contre le roi. Il fut alors tellement poursaivi par les sections et les socié

M. de Ségur dans son Tableau historique et politique, périt le vertueux de La Rochefoucauld, qui avoit soutenu l'éclat de son nom par sa philosophie, par son désintéressement et sa franchise dans ses opinions. » La réputa-, tion de la philosophie, ou, pour mieux dire, de philantropie dont il jouissoit, étoit le résultat d'une probité et d'une vertu sévère fiées à un amour passionné pour les sciences qu'il cultivoit luimême et protégeoit au dehors avec une simplicité de connoisseur, et non point avec l'ostentation puérile d'un homme riche et d'un des plus grands seigneurs de la cour.

* XIII. ROCHEFOUCAULD (duc de la), cardinal, archevêque de Rouen, commandeur des ordres du roi, abbé de Cluny et de Fécamp, né en 1713 dans le diocèse de Mende, fut d'abord évêque d'Alby, cardinal en 1778, et député du clergé du bailliage

de Rouen aux états-généraux en 789. Il s'y prononça fortement contre les principes de la révolution, présida d'abord la chambre du clergé, ensuite la minorité de cet ordre lorsque la majorité se fut réunie au tiers-état, et conduisit le 27 juin, d'après une invitation du roi, le reste de cette chambre dans la salle commune des états-généraux. Le 2 juillet, il lut à l'assemblée nationale un arrêté par lequel cette partie du clergé se réservoit le droit de se retirer dans une salle séparée pour délibérer sur des objets particuliers. A la suite de l'insurrection du 14 juillet, il déclara qu'il cessoit de se croire lié par son mandat, et qu'il se réunissoit aux travaux de l'assemblée pour défendre les droits de la nation. Il fut ensuite un des signataires de la protestation du 12 septembre 1791, contre les innovations faites par l'assemblée nationale en matière de religion. En avril précédent, il avoit publié une Instruction pastorale, que le tribunal de Rouen fit lacérer et brûler, comme contraire aux lois de l'assemblée constituante. Après la session, il se retira en Allemagne, et mourut à Munster le 2 septembre 1799, après 53 ans d'épiscopat.

Aubin de Beaubigné, près Châ
tillon, l'un des généraux des
royalistes de la Vendée, âgé
seulement de vingt-un ans, fut
un de leurs chefs les plus dis-
tingués. Il demeuroit à Saint-Au-
bin à l'époque de la révolution;
détenu en 1792,
dans les prisons

de Bressuire, il fut délivré par Stofflet; il se réunit dès-lors aux Vendéens qui commençoient à s'organiser; devint membre du conseil militaire, et l'un des commandans en second de l'armée du Haut-Anjou, sous Bonchamp. En avril 1793, il battit les républicains à Martigné avee sa division, et contribua au gain de la bataille de Saumur, qui dura 36 heures, et qui coûta aux républicaius près de 20,000 hommes tués ou prisonniers, 140 canons et 50 milliers de poudre. Ce fut à cette déroute que La Roche - Jacquelin poursuivit pendant trois lienes le général en chef Menou, et le blessa d'un coup de pistolet. En juillet i marcha au secours de Lescure et chassa Westermann de Châtillon. Le 11 septembre il attaqua de nouveau avec sa division, les hauteurs de Martigné, occupées alors par Rossignol. Les républicains résistèrent quelque temps; mais le jeune chef ayant, comme à son ordinaire, chargé lui-même à la tête de sa cavalerie, les culbuta en un instant; et le massacre devint affreux, quand ses troupes, qui l'adoroient, s'aperçurent qu'il étoit blessé. Renforcé d'un nouveau corps, il se porta le lendemain sur un second camp Brissac, et commença à le caque les républicains avoient a mais voyant que cette attaque ne produisoit aucun effet, il ordonna à son infanterie de le † ROCHE-JACQUELIN soutenir, et s'élança sur les bat(le comte de la ), né à Saint-teries ennemies avec sa cavalerie:

ROCHE-GUILHEM (Mlle de la), morte au commencement du 18e siècle, a publié divers romans dont plusieurs ont de l'intérêt. Ce sont les Aventures grenadines Arioviste, héroïque; Histoire des Favorites, où l'on regrette que des fictions soient mêlées à des faits vrais

:

roman

Dernières OEuvres de Mlle de la Roche-Guilhem, contenant plusieurs histoires galantes.

nonner;

Maillet donna tous ses soins à la continuation de l'édition de Paris, commencée du vivant de l'auteur; et, grace à son activité, le livre du théologal vit le jour, malgré le crédit du recteur de l'université, de plusieurs docteurs de Sorbonne, et même des premiers magistrats du parlement et du châtelet, fortement ligués pour sa suppression.

la déroute des républicains de-¡né à Angers en 1562 et mort en vint complète, et tous leurs ca-1642, a donné de bonnes éditions nons et équipages furent pris. En de Fontanor, du Coutumier Géoctobre il marcha de nouveau au néral, etc., et a fait un Théatre secours de Lescure, reprit Châ-géographique de la France; tillon, et, repoussé ensuite par Paris, 1632, in-folio ouvrage Westermann, il joignit la grande assez peu exact. La Roche-Mailarmée sous les murs de Morta-let étoit l'ami de Charron, qui gne. Après la perte de la bataille lui recommanda en mourant son de Chollet, il devint général en Traité de la Sagesse, comme un chef de l'armée royale; fit effec- père tendre pourroit recommantuer le passage de la Loire; s'em-der un enfant chéri. La Rochepara de Condé, de Château-Gonthier, et ensuite de Laval. Ce fut près de cette dernière place qu'il battit de nouveau les républicains, Je 26 octobre, et eut à Dol, le 17 novembre, un nouveau succès, qui répara momentanément l'échec qu'il venoit d'éprouver sous les murs de Granville. Il échoua encore dans l'attaque d'Angers, ct essuya peu après un revers bien plus funeste encore dans la ville du Mans, où, après la plus opiniâtre résistance, il se vit obligé de se retirer en désordre, avec perte d'une quantité prodigieuse des siens, et d'une grande partie de ses bagages et de son artillerie. Après avoir effectué sa retraite avec ses débris, il se porta sur Ancenis, où il passa la Loire sur un radeau, au moment où la troupe de Westermann, qui le poursuivoit à outrance, parut derrière les siens épouvantés, et dont un petit nombre seulement aborda avec lui sur l'autre rive. 11 gagra le Haut-Poitou, et rassembla, en mars 1794, une pe

+ ROCHEMORE (Jean-Baptiste-Louis - Timoléon, marquis de), mort en 1745, devint poète pour plaire à Mile Journet, célèbre actrice de l'opéra, qui aimoit les vers. Ses regrets sur la mort de cette femme qu'il adoroit, inspirent une douce mélancolie.

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Aux, autels du tyran des morts,
D'une tremblante main je consacre ma lyre;
Je ne chantois que pour Thémire,
Thémire a vu les sombres bords.
Une douleur muette et sombre,,
Des larmes qui partent du c
N'écouter, ne sentir, ne voir
que son malheur!
Voilà les seuls tributs que je dois à son ombre.
Soyez les garans de ma foi,
Lieux redoutes, où repose sa cendre'!

cœur 2

Que les pleurs qu'en secret je viens ici répandre.

tite armée. Il livra quelque temps n n'est plus de plaisir, plus de bonheur pour moi, après, à Gesté, un des combats les plus opiniâtres qui aient ensanglanté le sol même de la Vendée. Il finit par y être battu, et fut tué quatre jours après.

ROCHELLE la ). Voy. NEE.
¿
ROCHE-MAILLET (Gabriel-
Michel de la ), avocat de Paris,

ROCHERS. Voyez ANDIER.

I. ROCHES (Madame et MadeDes Roches, devenue veuve après moiselle des), de Poitiers. Mad. 15 ans de mariage, ne s'occupa que de l'éducation de şa fille qui

devint sa rivale en esprit et son amie la plus tendre. Celle-ci, recherchée par un grand nombre de beaux esprits, refusa constamment de se marier, par tendresse pour sa mère. Elles désiroient de ne pas se survivre, elles furent emportées le même jour par la peste qui désoloit la ville de Poitiers en 1587. Mad. des Roches s'appeloit Magdeleine Neveu, et avoit épousé Fredenoit, seigneur des Roches; sa fille se nommoit Catherine des Roches. Elles composoient des ouvrages en prose et en vers, dont la dernière édition est celle de Rouen, 1604, in-12; elles avoient toutes deux une grande connoissance des langues et des sciences. (Voyez PASQUIER.)

la

* II. ROCHES ( Jean des), membre de l'académie des sciences de Bruxelles, a donné une Grammaire et un Dictionnaire flamand et français, qui sont assez estimés. Il avoit commencé une Histoire des Pays-Bas, qu'il ne put achever, étant mort en 1787, peu de temps après que le premier tome en eût paru. Si l'on en juge par le commencement, suite de l'ouvrage n'est pas à regretter : on voit que l'auteur écrivoit à la hâte, et n'avoit ni les connoissances ni l'impartialité nécessaires pour bien écrire les Annales belgiques. Il y a quelques-uns de ses Mémoires dans le recueil de ceux de l'académie de Bruxelles, où l'on peut trouver quelques assertions qui prêtent à la critique.

* III. ROCHES (François de.), pasteur de l'église de Genève en 1731, et professeur de théologie en 1749, étoit un homme d'un mérite distingué. Il joignoit à des connoissances profondes un grand talent pour la parole; il aimoit le

T. XV.

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travail; il avoit la simplicité de la vertu, et il étoit aimable comme elle. Né en 1701, il mourut en 1769. On a de lui: Défense du Christianisme ou Préservatif contre un livre intitulé: Lettres sur la Religion essentielle à l'homme, Lausanne, 1710, 2 vol, in-12. Cette défense, traitée avec une logique serrée, et étayée de raisonnemens solides, répondit victorieusemeut aux argumens de l'auteur des Lettres. Réponse à Mélines, dit Fléchier, sur son changement de religion, 1753.11 publia avec des notes lumineuses le Catéchisme d'Ostervald, 1752. Il a fait imprimer encore deux Sermons à l'occasion des divisions politiques de Genève, 1757, dans lesquels il se montre bon citoyen et ami de la tranquillité.,

IV. ROCHES. THENAY, n° V.

Voyez PAR

?

+1. ROCHESTER (Jean WitMOT comte de), poète anglais né dans le comté d'Oxford en tiva ses talens avec tant de suc1648. Un gouverneur habile culcès, que ce seigneur, à l'âge de douze ans, célébra en vers le rétablissement de Charles II. II Voyagea en France et en Italie prit ensuite le parti des armes tion. Enfin il se livra tout entier et servit sa patrie avec distincà son goût pour les plaisirs et pour l'étude. Cette alternative fatigante ruina sa santé et le fit mourir à la fleur de son âge, en bliées à Londres en 1714, in-12. 1680. Il a laissé des Satires pitC'est le genre dans lequel ila principalement travaillé. Ses Poésies sont la plupart obscènes.; mais il en est qui méritent d'être lues, par les traits sublimes, les pensées hardies et les images vives qu'elles renferment. Plusieurs de ses Satires ont été traduites en

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français. Voici le portrait que Walpole a tracé du comte de Rochester : «Les Muses, dit-il, sembloient empressées de l'inspirer et honteuses de l'avouer. Il abusa de l'art vil et trop aisé de faire lire ses vers plutôt pour leurs défauts que pour leur mérite réel. Les moralistes proclament hautement que l'indécence n'admet point d'esprit. Cela est vrai : elle n'en donne pas, mais elle ne l'exclut pas toujours. Il y a dans les écrits de Rochester plus d'obscénités que d'esprit, plus d'esprit que de poésie, plus de poésie que d'honnêteté. Ce jugement n'est pas tout-à-fait impartial et l'auteur semble s'être plutôt appliqué à courir après un vain jeu d'antithèses qu'à dire la vérité.

ROCHETAILLÉE (Jean de), né près de Lyon, se fit cordelier et obtint de la réputation par ses prédications en 1373. Il attaqua principalement les mœurs du clergé, et comparoit l'Église à un oiseau qui, après avoir été embelli des plumes des autres, se pavanoit, les mépriscit et cherchoit à les dépouiller encore. L'auteur fut poursuivi par la haine et devint malheureux. On ignore le temps de sa mort.

+ ROCHOIS (Mathilde); actrice de l'opéra, naquit à Caen en 1650, d'une famille honnête, mais peu fortunée. Lulli la détermina à entrer à l'académie royale de musique, où la beauté de sa voix la fit accueillir avec empressement; elle y obtint beaucoup de succès. Mathilde étoit d'une taille médiocre, fort brune, d'une figure commune au dehors; mais sur la scène elle effaçoit toutes les plus belles actrices. Sa démarche étoit noble, tous ses gestes gracieux; elle entendoit

supérieurement le jeu muet. On voyoit alors toutes les passions qui remplissoient son ame. Outre son talent pour la déclamation elle avoit beaucoup d'esprit et de connoissances, un goût excellent et sûr; aussi donnoit-elle à Lulli des conseils utiles, qui souvent firent réussir ses ouvrages. Elle demanda sa retraite en 1698, fut pensionnée du roi et du duc de Sully, et passa le reste de sa vie en vraie philosophe. La douceur de ses moeurs répondoit à ses talens. Exempte de cet orgueil si ordinaire aux femmes de sa condition, elle donnoit volontiers des avis aux actrices qui la consultoient, et n'eut jamais la moindre jalousie contre celles qui brillèrent après elle. Douée enfin de toutes les qualités les plus heureuses, et recherchée de tous ceux qui savent apprécier le talent joint à la moralité, elle mourut en 1728.

ROCHON DE CHABANNES (Marcle 25 floréal an 8 (1800) à l'âge Antoine-Jacques), mort à Paris de 70 ans, consacra ses talens au théâtre. Il débuta à la comédie

italienne par le Deuil anglais, et à l'opéra comique par une pièce intitulée les Filles. A cette époque Saint-Foix venoit de faire représenter les Hommes aux français et avoit été applaudi; aussitôt parurent les Femmes aux italiens et les Filles à l'opéra comique deux pièces sans intérêt et sans couleur; mais comme on l'a remarqué, tout succès dans la capitale entraîne toujours à sa suite des imitateurs et des sottises. Rochon fut plus heureux à la comédie française. Il y donna I. Heureusement petite pièce jouée en 1762. Le dialogue en est agréable, et l'une des situations piquante: ce sujet est tiré

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