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mes, deux pièces de canon et les trois meilleurs capitaines de Paoli, avait été enlevé à la baïon

nette.

Mais bientôt on avait vu paraître sur les côtes vingt vaisseaux de ligne ou frégates anglaises, qui cherchaient à intercepter tout ce qui pouvait arriver dans l'île, et qui ne tardèrent pas à canonner et à bombarder par mer les villes que les troupes de Paoli, jointes à des troupes anglaises, attaquaient par terre.

moyens

Dès lors, le représentant Lacombe SaintMichel, convaincu qu'avec le peu de qui lui restaient, il était impossible, malgré le courage et l'ardeur des Français, de se défendre contre des forces si supérieures et pourvues de tout, partit de l'île pour se rendre à Gènes, où il arriva le 1er mai 1793, et d'où il se rendit sur-le-champ à Toulon.

Peu après son départ, les Français rendirent Bastia, et enfin Calvi, plus de deux mois après, ce qui rendit alors les Anglais, secondés par Paoli, maîtres de l'île et des principales villes de la Corse.

Pendant ces différentes intrigues, la lutte s'était soutenue aux barrières des Alpes, qui séparaient encore les nations ennemies; mais l'armée d'Italie et celle des Alpes, avaient hi

verné dans les états du roi de Sardaigne, et la saison, devenue toujours plus propre aux opérations militaires, les avait retrouvées, l'une et l'autre, prêtes à entrer dans les passages qu'elles devaient bientôt tenter de franchir.

L'apparition de la flotte espagnole du côté de Monaco et de Villefranche, avait ranimé le courage des Piémontais, auxquels leurs officiers tâchaient de persuader, qu'au moyen de leurs mouvemens combinés avec la flotte, ils ne tarderaient pas de forcer les Français d'évacuer le comté de Nice. Instruit de ces propos, le général Brunet, qui occupait alors le camp de Lascarene, voulut rendre ce projet impossible, en s'emparant de la sommité des montagnes occupées par les Piémontais, d'où ils auraient pu assez facilement déboucher sur les troupes françaises. En conséquence, le 8 juin 1793, il avait fait attaquer les ennemis sur cinq points; la colonne de droite, conduite par le général Dumerbion, avait forcé le camp du col de Pérus; celle qui était conduite par le général Mioskouski s'était emparée de celui de Linières; celle du chef de bataillon Gardanne avait emporté le poste du Molinet; la quatrième, aux ordres du chef de brigade Dottman, avait pris le camp du Mont-Fougasse; et si la

colonne de gauche, aux ordres du général Serrurier, eût pu s'emparer du col de Raus, les ennemis eussent été obligés de se retirer en Piémont. On avait pris dans cette journée beaucoup d'effets de campement, deux pièces de canon, fait cent soixante prisonniers; et les morts, de part et d'autre, étaient montés à environ six cents.

Le 12 juin, le général Brunet avait fait réattaquer au col de Raus et au village de Breglio, dont on avait réussi, après une forte résistance, à chasser les ennemis; mais on n'avait pas été plus heureux au col de Raus que les jours précédens, et on y avait perdu beaucoup d'hommes tués et un grand nombre désertés ; un succès complet aurait forcé l'ennemi de repasser le col de Tende, et peut-être permis de le suivre au-delà des monts. Mais quoiqu'il eût incomplètement réussi, on était cependant parvenu à occuper des postes importans, à resserrer l'ennemi, et à faciliter une opération combinée des deux armées.

Le 17 juin, cinq jours après ces dernières attaques, le général Kellermann arriva à l'armée d'Italie; il la trouva occupant un grand arc de montagnes, depuis la rivière de la Roya, jusqu'auprès des sources de la Vesubia. Les

différens camps étaient liés par des postes qui s'opposaient à ce que l'ennemi pût pénétrer entre eux et les attaquer séparément.

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Le camp de la droite, composé de huit bataillons, occupait la montagne et le col de Brouis, sur le chemin du col de Tende, et faisait face au fort Saorgio, sur la Roya. Un camp de cinq bataillons sur le Mont-Baulet, couvrait la gauche de celui de Brouis, et empêchait l'ennemi de tourner ce dernier par le col Longué, et de se placer sur le col de Pérus, pour couper sa retraite sur Sospello et Braono. Les avant-postes du col de Brouis, au nombre de deux cents hommes, étaient sur la montagne de Marigon, et cinq compagnies de grenadiers occupaient le prolongement de cette arête jusqu'à la montagne Ventabren. L'objet de ce poste était aussi de garder le col de Linières, ainsi que les vallons de Sambuc et du Molinet. On avait ajouté dix compagnies de chasseurs, qui, en occupant le poste supérieur de la Chapelle, fermaient à l'ennemi le poste de Pietro Cava, qui se trouve en arrière du bois de Lemeris: ces deux postes liaient la droite au centre. Le centre de la position était le Mont-Fougasse, où étaient placés six bataillons. La tête de ce camp, à une petite portée de

canon des hauteurs de la Fourche, occupées par l'ennemi, était garnie de retranchemens et de batteries, ainsi que le mamelon en arrière qui enferme la droite, et protégeait la retraite des troupes sur le bois de Lemeris. Si le premier mamelon était forcé, deux bataillons, campés sur un plateau au revers nord-est de ces bois, étaient là pour soutenir les troupes du premier camp, et empêcher l'ennemi de se porter par la hauteur de Longiteviste, dans les bois et sur les derrières du camp. Des vallons très-difficiles, et dont les hauteurs ont une forte aspérité, séparaient le centre de la gauche, où l'ennemi ne pouvait arriver que par le chemin ‹ de Vilet, qui, du mont de Raus, tombe sur Boulène; et cette extrémité de la ligne était défendue par neuf bataillons, dont un des grenadiers et par sept compagnies de chasseurs. Les bataillons occupaient Lentosca, Boulène, Belvédère, le long de la Vesubia; et les troupes légères gardaient St. Vacha, St. Delmas Duplan, etc., sur le grand contre-fort qui sépare les eaux de la Tinea de celles de la Vesubia. L'objet était de couvrir la gauche, de préparer une communication avec les troupes du camp. de Tournoux, par le haut de la Tinea, et d'observer ce qui pouvait venir par la

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