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France, dissipa les illusions du roi de Prusse, et détermina sa retraite. Le duc de Brunswick, par une manoeuvre habile, avait tourné l'armée française, et s'était placé entre elle et Châlons: si l'aile gauche du général Kellerman, composée de quelques bataillons de grenadiers et des carabiniers, eût fait le moindre mouvement rétrograde, elle aurait démasqué la faiblesse de sa position, que l'ennemi devait supposer soutenue par des forces considérables. Il paraît que le roi de Prusse comptait, d'après toutes les assertions des émigrés, sur la défection d'une partie des Français, et sur l'effroi des autres; il fut déconcerté par la fermeté des troupes. La division du général Linck qui soutenait froidement le feu sans céder le terrain, et la contenance également courageuse des grenadiers et des carabiniers, déterminèrent le duc de Brunswick à cesser son attaque, et à abandonner son projet de tourner complétement les deux armées, et de leur couper la retraite, en occupant la rivière d'Aune et le chemin de Sainte-Menehould.

(13) Page 62.

D'APRÈS des nouvelles reçues de Genève, écrivait le ministre de la guerre, le 29 septembre 1792; d'après la certitude que, contre la foi des traités, les aristocrates genevois ont sollicité seize cents Suisses, des cantons de Berne et de Zurich, sans la participation de la France, de venir dans leur ville; qu'en outre, cette république avait refusé de reconnaître notre envoyé chez elle, et accueilli nos émigrés, le conseil a résolu que, le plus tôt que vous le pourriez, vous feriez marcher contre cette ville les forces suffisantes pour y assurer le libre pouvoir aux amis de la liberté, qui y sont en grand nombre, d'établir un gouvernement selon leur vou. Il sera beau pour vous, général, d'être chargé d'aller aider à briser

des fers que notre despotisme avait contribué plus que les autres à y forger, pour accabler les Genevois qui voulaient établir les droits de l'homme.

(14) Page 63.

« MONTESQUIOU, disaient ses détracteurs, a fait une transaction honteuse, dans laquelle les intérêts et la dignité nationale se trouvent compromis. Il a enchaîné, devant Genève, la valeur de nos soldats; il a terni la gloire du nom français, en faisant, avec quelques aristocrates genevois, une capitulation qu'une poignée de Français avait refusée à Brunswiek et à ses nombreuses cohortes. » On croirait honteux de faire appercevoir la fausseté et la méchanceté de pareilles allégations.

(15) Page 76.

L'ARMÉE d'Italie conservera la position qu'elle occupe depuis la Roya jusqu'à la Vesuhia. Quatre bataillons de l'armée des Alpes, qui se trouvent depuis la rivière du Verdion jusqu'au Puget-Teniers, sur le Var, iront camper en deux divisions; l'une près de Guillaume, et l'autre en avant de Beuil. Deux bataillons d'infanterie légère garderont la Parpenhe, le haut de la Vesubia et de la Tinea; c'est-à-dire, depuis San - Vacha et Saint - Delinas, jusqu'à Saint-Étienne inclusivement. Ces six bataillons seront aux ordres du général Camille-Rossi, et à la disposition du général Brunet, commandant l'armée d'Italie.

Si cette armée est attaquée sur son centre ou sur sa droite, les seuls points où l'ennemi puisse porter une grande offensive, et qu'elle soit forcée dans sa position, malgré la vigoureuse résistance dont elle est susceptible, il faudra nécessairement que ces deux portions de sa ligne rétrogradent, quand même une seule serait enfoncée, car l'autre serait trop en l'air, et dans le risque évident d'être tour

née; mais elles doivent se retirer chacune sur des points où elles couvriront encore le pays, et pourront même, avec un secours de troupes, reprendre leur première position.

La retraite des camps de Brouis et de Baulet sera donc sur le col de Rauss, maintenant, par la gauche, une communication avec Luceram, et, par la droite, avec Castiglione, en renforçant ce dernier poste.

La retraite des camps de Sougasse et du plateau nordest des bois de la Mairis sera sur le col Bassa, où il convient de préparer des retranchemens. Cette position se liera, par Luceram, avec le col de Rauss; et les troupes de la gauche, gardant leurs positions, porteront des postes à Figaret et à Hutel, descendant la Vesubia, pour lier la communication avec les troupes campées au col Bassa.

Si de nouveaux efforts de l'ennemi obligeaient l'armée de quitter cette seconde position, toute la ligne rétrograderait, et camperait dans l'ordre suivant :

La droite se porterait vers le mont Cemboule, occupant Gorbio, la Turbie, pour couvrir le pays de Monaco-Eza et le Mont-Gros, pour couvrir Villefrance, Montalban et Nice.

Les troupes du centre se retireraient en arrière du Paglion sur le Mont-Ferion, occupant les portes de Coaraza, Berra, Comtes, Castel-Novo, etc., et ceux de Tourrete et de Salicon, pour communiquer avec celles campées au Mont-Gros.

Les troupes de la gauche se porteraient en seconde ligne derrière celles du Mont-Ferion, appuyant leur gauche à la chapelle d'Hutel, gardant le pont du Cros, sur la Vesubia, le Venzo, la Rochetta et St.-Martin-du-Var, où il va être sur-le-champ construit un pont de chevalet, fortifié d'un ouvrage qui assure le passage du Kure à une partie de l'in fanterie.

Ces deux positions couvriraient et protégeraient long

temps le bas pays de Nice, et donneraient le temps à des secours de joindre l'armée, afin de la mettre ensuite à même de repousser l'ennemi.

Des mouvemens de diversion, entrepris par l'armée des Alpes sur le territoire ennemi, pourront rappeler, au-delà du col de Tende, une grande partie des troupes piémontaises.

Mais si l'ennemi, tranquille sur l'effet de ces diversions par la nécessité où est l'armée des Alpes de s'emparer, avant tout, de forteresses importantes pour pénétrer en Piémont, redoublait d'efforts contre l'armée d'Italie, et que celle-ci, après une vigoureuse résistance, fût enfin contrainte de repasser le Var, un gros détachement du camp de Tournoux, partant de Barcelonette en deux colonnes, l'une passant par le vallon de Fours, le col de la Caiolle, Entreau près Guillaume, et Entrevoux; l'autre par la montagne Daloz et Colmar, se dirigerait sur Grasse pour se joindre à l'armée d'Italie; ce serait à cette position de Grasse que l'armée se retirerait, après avoir défendu le passage du Var, celui du Loup, de la Caque; le poste de Mengin restant occupé par l'avant-garde, on jetterait dans Antibes la garnison nécessaire à sa défense. Deux bataillons de troupes légères occuperaient l'entrée de la montagne de l'Estrelle, deux autres seraient portés à Fayence, pour fermer la route de Draguignan, impraticable d'ailleurs aux charrois. L'armée camperait, appuyant sa droite au village Dauvibeau, sur la rive gauche de la Lyanne, et sa gauche à la montagne de Grasse, au travers de laquelle l'ennemi ne peut pas s'ouvrir de communication; la montagne de l'Estrelle se trouverait un peu en arrière de la droite, Tournon et Fayence un peu en arrière du centre. Il serait difficile à l'ennemi de forcer ce camp ou de cheminer devant cette position, qui se trouverait sur le flanc de sa marche. Cependant on profiterait des eaux de la Lyanne, de celles de l'é

tang de la Napoule, en faisant une rupture à la chaussée de Cannes. On retrancherait le mamelon de St.-Gratien pour retarder la marche de l'ennemi vers l'Estrelle, défilé si facile à lui rendre à peu près impénétrable, dans une longueur de trois lieues, passage déterminé pour un corps. d'armée, et sur-tout pour l'artillerie; passage que d'ailleurs l'ennemi ne pourra tourner tant que les Français occuperont Tournoux, Fayence, et les hauteurs de Grasse.

Faire verser sur-le-champ les provisions de guerre et de bouche nécessaires dans les places de Nice, Antibes et Toulon.

Former à Grasse des magasins de vivres pour trente mille hommes, pendant vingt jours, en évacuant ceux de Nice, où il ne doit rester que la subsistance journalière, dont on remplacera continuellement les consommations.

Faire construire un pont sur le Var, vers St.-Martin,' pour le passage des colonnes d'infanterie, et en défendre la tête par un ouvrage.

(16) Page 88.

Le général Kellerman écrivit à la convention, du bourg Saint-Maurice, au pied du petit Saint Bernard : « Le Mont-Blanc a été envahi par des forces supérieures; le Mont-Blanc est libre aujourd'hui; la frontière de Nice à Genève est entière. Cependant on me soupçonne, on m'accuse. On doit présumer, en principes militaires, que la retraite des Piémontais, de la Tarantaise, nécessitera celle de la Maurienne s'ils faisaient la faute d'y rester, on tâcherait d'en profiter. De nouveaux renforts passent dans cette vallée, pour la délivrer promptement de ses ennemis.

L'expulsion des Piémontais du territoire du MontBlanc, leur a coûté deux mille hommes et des sommes immenses d'argent.

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