Vignand 5-117-29 AVERTISSEMENT. Si je n'avois entrepris qu'une vie particulière de François I, j'aurois trop à m'excuser auprès de mes lecteurs sur la longueur de cet ouvrage, ou plutôt cette longueur seroit inexcusable; mais c'est l'histoire du règne de François I que j'ai prétendu faire, et le nom imposant de ce grand roi ne me sert, pour ainsi dire, que d'occasion et de prétexte pour décrire les grandes révolutions en tout genre dont son règne est l'époque. Je remonte à la source de ces révolutions dans les temps antérieurs, je descends même quelquefois dans les temps postérieurs jusqu'à certaines suites éloignées, mais remarquables, de ces mêmes révolutions; enfin je m'attache à rendre chatableau entier et complet autant que je le peux, que sans trop m'écarter de mon objet principal. Ainsi en traitant du concordat, je montre quelle a été dans les divers temps la discipline, soit de l'église en général, soit de l'église de France en particulier sur la dispensation des bénéfices. Je détaille un peu plus l'histoire de la pragmatique, si intimement unie à celle du concordat; mais cette dernière est la seule que je développe avec une certaine étendue. Je commence l'histoire de la réforme par un chapitre particulier où je prends le lutheranisme dans son berceau, je le suis dans tous ses progrès, je peins le caractère des premiers réformateurs, j'expose leurs vues ou leur défaut de vues. Tout cela, si l'on veut, appartient plus à l'Allemagne qu'à la France, mais tout cela certainement appartient au règne de François I, et même à son histoire particulière. La réforme, dès sa naissance, bouleverse l'Europe, change les points de vue politiques, produit de nouveaux intérêts où la France a la meilleure part après l'Allemagne. Ainsi ce chapitre, qui n'est pas un simple préliminaire, envisage la réforme dans ses rapports avec la politique extérieure et générale, les chapitres suivants la considèrent dans ses rapports avec la politique intérieure et particulière. Après avoir prévenu les lecteurs sur la longueur et l'importance de ce chapitre, je dois les prévenir encore sur la brièveté sèche d'un autre chapitre, dont le titre pourroit les tromper en paroissant promettre beaucoup. Les gens sages sentiront pourquoi je l'ai presque réduit à une notice et à des dates. Ce chapitre du moins n'ennuiera guère; et, s'il ne satisfait pas tout le monde, il ne blessera personne, c'est tout ce qu'on peut raisonnablement exiger sur un pareil article. Ce chapitre termine l'histoire ecclésiastique, objet du septième livre, qui est le premier livre de cette seconde et dernière partie de l'ouvrage entier. Le huitième livre est consacré à l'histoire littéraire. Pour rendre complet le tableau du renouvellement des sciences et des arts sous François I, je l'ai fait précéder d'un chapitre où j'expose succinctement l'état des sciences en France dans les divers siècles de la monarchie; j'ai caractérisé, autant que je l'ai pu, l'esprit de chaque siécle; j'ai marqué le progrès ou la décadence des lumières de siècle en siècle; enfin j'ai montré dans quel état François I avoit reçu les lettres, et dans quel état il avoit remis ce dépôt à ses successeurs. Le neuvième et dernier livre contient la vie privée de François I, et quelques détails sur les mœurs, coutumes et usages; ces détails sont liés et forment un ensemble sous les titres particuliers auxquels ils se rapportent ; mais comme dans un si grand ouvrage il échappe toujours quelques traits, quelques anecdotes qu'on n'a pu ranger à leur place, ou qui même n'ont point de place marquée dans l'arrangement général, et dont cependant le lecteur ne doit pas être privé, je les ai rassemblés à la fin sous le titre d'anecdotes détachées, sans prétendre mettre une liaison inutile et impossible entre ces traits, que leur brièveté et leur singularité invite toujours assez à lire, tout isolés qu'ils sont. |