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souterraines où un peuple entier pouvait se répandre, et où l'on trouvait des places immenses, des galeries, des péristiles, des salons, des palais, des temples. Je ne doute pas que ces souterrains ne fussent les tombeaux des rois; mais je crois aussi l'histoire, qui me dit expressément que c'était là que logeaient les premiers rois de Thèbes, et il faut nous accoutumer à savoir que les mêmes maisons et les mêmes palais en Egypte logeaient souvent ensemble les vivans et les morts. Une foule de temples en Egypte étaient creusés dans le roc. ... Voyez dans Diodore de Sicile la description détaillée du tombeau d'Osimandre, vous y trouvez des vestibules, des péristiles, où une ville entière peut se promener à l'abri des feux du soleil, des places où tout un peuple peut se rassembler, un temple de justice où une nation peut être jugée, des palais où les rois peuvent être juges, une bibliothèque où ils peuvent s'éclairer, et des temples où, avec leurs sujets, ils peuvent adorer les Dieux. Voilà des notions justes que sa description nous donne, et que le mot de tombeau nous cachait. Actuellement nous pouvons voir que beaucoup d'autres édifices de l'Egypte, qui portaient des noms différens, ressemblaient au tombeau d'Osimandre: tel est, entre autres, le labyrinthe, le plus fameux des édifices égyptiens, qui sont tous fameux, et dont Hérodote parle pour

l'avoir vu, pour l'avoir visité. Ce labyrinthe servait aux assemblées des rois lorsqu'ils étaient au

nombre de douze dans l'Egypte, aux asssemblées des prêtres et de la nation lorsqu'ils délibéraient sur les intérêts publics. Ce qu'il faut remarquer encore davantage, c'est que le labyrinthe, dont les appartemens au-dessus de terre étaient innombrables, en avait le même nombre sous terre. Hérodote von. lat y pénétrer, ses conducteurs s'y opposèrent, et tout ce qu'il put en apprendre, c'est que dans ces vastes souterrains étaient les crocodiles sacrés et les sépulcres des rois qui avaient construit le labyrinthe, etc."

De toutes ces considérations accumulées, M. Garat conclut que ces immenses demeures étaient destinées essentiellement à garantir les prêtres et les peuples dans les cérémonies publiques, soit politiques, soit religieuses, des feux dévorans du soleil et de ces tourbillons de sables brûlans qui pénétraient dans l'intérieur de tous les autres édifices.

"Plus de la moitié, ajoute-t-il, des pyramides était souterraine, et la partie même qui s'élevait à six cents pieds, formée d'énormes rochers de trente à quarante pieds d'épaisseur, fermée presque hermétiquement dans toute sa circonférence, était encore, pour ainsi dire, un souterrain élevé dans les airs. On y a trouvé quelques soupiraux, et c'était sans doute pour renouveler l'air de la pyramide dans les saisons et dans les heures où celui de l'Egypte était moins embrasé. C'est là que les prêtres de l'Egypte se retiraient pour

méditer sur leurs Dieux et en faire de nouveaux, pour prendre des mesures contre les usurpations de quelques-uns de leurs rois; sans doute aussi pour célébrer ces mystères si fameux dans l'antiquité, ces initiations dans lesquelles on soumettait à tant d'épreuves les étrangers qui voulaient connaître toute la sagesse égyptienne. Ces de→ meures si obscures étaient très-propres à porter la terreur dans l'âme des aspirans. Ces édifices, qui s'élevaient si haut et qui descendaient si bas, étaient admirablement imaginés pour persuader à l'initié qu'on l'élevait dans les cieux et qu'on le précipitait dans les enfers. Ces longs canaux, ces galeries où le bruit d'un coup de pistolet se répète en longs échos vingt ou trente fois comme le bruit d'un canon, étaient merveilleusement construits pour faire entendre à l'oreille des initiés les longs retentissemens du tonnerre; en un mot, tout me persuade que ces pyramides servaient à un grand nombre des fonctions de la société, comme tous les édifices du même genre....... Il y avait deux Egyptes, l'une sur terre, l'autre sous terre, et les pyramides participaient de l'une et de l'autre; elles descendaient sous terre, elles s'élevaient dans les airs, inais toujours avec des moyens de défendre les Egyptiens des deux grands fléaux de leur climat, la sécheresse brûlante du ciel et les tourbillons de sable enflammé. Je ne sais si cette explication sera approuvée, mais elle est puisée dans la nature du climat, dans l'esprit

général de l'architecture des Egyptiens, dans leur goût ou plutôt dans leur passion pour les habitations souterraines, dans les rites de leur religion, dans tout ce que l'histoire raconte des prodiges de leur initiation. Les autres conjectures attribuent de si grands édifices à une petite cause; ma conjecture les attribue à toutes les causes qui agissaient avec le plus de puissance sur toute la nation."

STANCES

D'un provincial à Paris.

Enfin j'ai vu la ville immense

Où les provinciaux vont chercher le bonheur,
J'ai dit en la voyant: Quelle magnificence!
Le monde est un grand corps dont Paris est le cœur.

J'ai vu ces tours où l'art insulte à la nature,
Temples saints que l'orgueil bâtit.
J'ai vu ces longs bosquets, colosses de verdure,
Et ces palais si grands où l'homme est si petit.

Dans des chars transparens où le luxe se joue,
J'ai vu des dieux nonchalamment portés ;
J'ai mieux fait que les voir, ils m'ont couvert de boue,
Noble émanation de ces divinités.

J'ai vu multiplier les Muses et les Grâces;
J'ai vu sur cinq ou six Parnasses

Le chaste Chérubin et le décent Jeannot,
Les prisons de Sedaine et les cercueils d'Arnaud.

Dans un temple de la Magie,

Où les Arts alliés joignent leur énergie,
J'ai vu des palladins qui, par un rare effort,
Dansaient à l'agonie, et même après la mort.

J'ai vu des nymphes surrannées

Inscrire sur leur front le chiffre de vingt ans ;
J'ai vu des fleurs d'hiver et des roses fanées
Disputer la fraîchuer aux filles du Printemps.

J'ai vu plus d'une aventurière

Afficher le plaisir, le chagrin dans le cœur,
Et des Vénus dans la misère

Crier: Venez ici, nous vendons le bonheur!

Enfin dans ce Paris chacun veut aller vivre;
C'est le rendez-vous des souhaits;

Cependant je n'y vis jamais

Un seul homme content, à moins qu'il ne fût ivre.

A une vieille coquette.-Par M. RICHARD.

L'HOMME en vain d'un frivole espoir

Veut nourrir son âme abusée;

Jeune le matin, vieux le soir,

En un jour sa vie est usée.

Mais tel n'est pas votre destin,

Fière, immortelle Rosalie ;

Grâce au coiffeur, grâce au carmin,

Grâce aux parfums de l'Arabie,

Vous êtes vieille le matin,

Le soir vous êtes rajeunie.

QUATRAIN impromptu en voyant le magnifique portail de l'église de Sainte-Geneviève.

Cette église est faite de sorte

Que, pour y loger le bon Dieu
Dans le plus bel endroit du lièu,
Il faudrait le mettre à la porte.

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