Page images
PDF
EPUB

core; mais ils seraient une entrave pour celles qui doivent chaque jour travailler à répandre cette civilisation; qui ont devant elles et tout autour d'elles, des déserts à peupler, des nations nouvelles à initier aux bienfaits d'une liberté régulière.

La moindre halte dans ce travail incessant pourrait ramener la barbarie sur ce sol dont la destinée est si grande dans l'avenir, mais à la condition que le peuple américain, calme devant les populations déjà aguerries et initiées aux mystères de la démocratie, se tiendra toujours sur le quivive vis-à-vis des populations neuves et dont la turbulence a besoin d'être surveillée.

CHAPITRE VI.

Go ahead and never mind!

GÉNIE INDUSTRIEL, COMMERCIAL ET MARITIME DES

ÉTATS-UNIS.

I.

Si le système d'instruction, généralisé comme il l'est aux Etats-Unis, n'a pas en lui les forces nécessaires pour favoriser un grand développement des lettres et des arts, et pour élever les intelligences à un degré supérieur, du moins a-t-il l'avantage d'initier toutes les classes aux besoins industriels du pays. C'est une sorte de niveau qui s'établit entre elles, assez élevé cependant pour que les plus forts esprits n'aient pas à descendre, mais pour que les plus

humbles au contraire se fassent un point de dignité d'y pouvoir atteindre.

C'est le résultat de cette influence de l'enseignement sur le peuple américain que je me propose d'étudier dans ce chapitre.

Au moment de l'exposition universelle de Londres, je publiai les réflexions suivantes au sujet de la part que les Américains étaient appelés à prendre, comme tous les peuples du monde, à ce vaste concours.

Ces réflexions ont leur à propos aujourd'hui encore; elles sont une introduction toute naturelle au chapitre que je consacre à l'étude des forces industrielles et commerciales des Etats-Unis, au caractère entreprenant et hardi. de ce peuple exceptionnel, à son génie étonnant.

« L'exposition de Londres, disais-je alors, en agglomé>> rant dans son palais de cristal les échantillons de l'in>>dustrie du globe entier, aura, entre autres avantages, >> celui de forcer, après qu'on aura constaté la valeur des » œuvres de chaque pays, à étudier le caractère, les habi>>tudes et les mœurs industriels de toutes les nations, pour >> rechercher les causes des effets qu'on aura eus sous les >> yeux.

>> C'est à ce titre que je demande la permission de >> parler aujourd'hui du peuple américain au point de vue » de l'immense mouvement qui s'opère chez lui.

>> En rappelant quelques traits de son caractère, j'es»saierai de bien faire comprendre à quelles causes phy>>siques et morales est dû le spectacle émouvant auquel on >> assiste aux Etats-Unis, comme aussi de justifier le rang

>> considérable qui ne manquera pas de lui être accordé » dans le classement que l'opinion publique établira en sa >> faveur entre toutes les nations du globe.

>> Je me hâte de dire cependant que le véritable génic >> américain n'est pas à Londres en ce moment. Il est tout >> en Amérique, dans ce travail incessant, dans ces con>>ceptions quotidiennes, dans ces enfantements merveil>> leux qui marquent chaque heure, chaque minute.de la » vie de ce peuple. Je fais les chances larges, et je dis : >> si remarquables que pussent être les produits américains » envoyés à l'exposition de Londres, fussent-ils même su>>périeurs à tous les chefs-d'œuvre que les autres nations >> y auront entassés, ils ne représenteront jamais dans sa » vérité le génie industriel des Etats-Unis; fussent-ils >> reconnus inférieurs aux plus faibles productions des peu>> plades les plus arriérées, que cette infériorité ne serait » pas une défaite. - Car, il faut le confesser hautement, >> si la victoire échappait dans le présent aux Américains, » elle leur serait assurée dans l'avenir; et cette victoire, je >> le garantis, sera complète un jour.

[ocr errors]

» Je le répète donc, le génie industriel des Américains » est moins dans les résultats que dans les causes et dans » le caractère même de cette nation. Il n'est pas à Londres, >> mais aux Etats-Unis. >>

II.

.

Ce préambule admis, et quiconque a parcouru le vaste territoire de l'Union ne saurait me contredire, si peu enthousiaste qu'il soit de l'énergique expansion des Américains, ce préambule admis, dis-je, je peux, librement, exprimer ma pensée :

Le peuple américain est incontestablement le plus audacieux et le plus entreprenant de tous les peuples de la terre. Sous quelque point de vue qu'on l'examine et qu'on l'étudie, on le trouve toujours en avant et courant après les rêves les plus étranges, qu'il a le don secret, une fois qu'il les tient, et ils lui échappent rarement, -de matérialiser et de rendre les plus palpables du monde.

Il n'y a pas de danger que ces gens-là laissent aucune idée à la traîne, car ils ramassent tout,ni qu'ils abandonnent rien à l'état de problème ou de chose inachevée. De prime abord, ils ont l'air de chasseurs de chimères et de chercheurs de je ne sais quelle pierre philosophale qu'ils ont le talent de finir toujours par rencontrer. Mais l'impression première se modifie bientôt; et il en reste ceci :-que ce sont des hommes insatiables de progrès, de perfectionnements et de découvertes, qui n'ont jamais cru que le mieux fût ennemi du bien, et qui n'entreprennent, au

« PreviousContinue »