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hommage in formateur du concours,

a

I. IN. Imperatrice Marie Louise Jucher. De forme.

LETTRE

DE

L'AUTEUR DU CONCOURS

Ouvert à Genève en 1826,

EN FAVEUR DE

L'ABOLITION DE LA PEINE DE MORT,

A L'UN DE SES HONORABLES COLLÈGUES

DU CONSEIL SOUVERAIN.

GENÈVE,

IMPRIMERIE DE LADOR, AUX BARRIÈRES.

1827.

BODLEIAL

21 JAN1948

IBRARY

AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR.

LE Compte rendu des opérations du Jury, qui a bien voulu se charger d'ad

juger le prix (offert par moi, pour le meilleur Mémoire en faveur de l'abolition de la peine de mort), aurait pu, peut-être, me dispenser de publier cette lettre; mais j'éprouvais le besoin de témoigner moi-même aux concurrens ma reconnaissance pour les lumières qu'ils m'ont fournies. Le travail de M. de Chateauvieux, membre lui-même du Jury, a exprimé la pensée d'hommes distingués, qui ne voulaient point se prononcer sur le fonds de la question mise au Concours, et qui jugeaient chaque Mémoire sur le style employé par son auteur, et sur son ensemble; ma position, fort différente de celle du Jury, me porte à rechercher dans les trente Mémoires qui ont concouru, les argumens (1) que je crois les plus propres à soutenir la proposition que j'ai déjà faite, et que j'ai l'intention de renouveler.

Le compte rendu de M. de Chateauvieux a été publié dans la Bibliothèque Universelle du mois de Mai 1827; il est inséré dans l'ouvrage de M. Lucas, cou

(1) Souvent un argument victorieux peut se trouver dans un ouvrage qui, d'ailleurs, peut pécher par la méthode et par le style, surtout dans une matière telle que celle qui faisait l'objet du Concours; c'est au rédacteur du Code à placer avec ordre les matériaux qui lui sont fournis par tous ceux qui ont fait des recherches sur l'une des parties les plus essentielles de ce Code. Les concurrens n'ayant pas publié leurs ouvrages, c'est à moi de les utiliser en les faisant connaître.

ronné soit à Paris, soit à Genève, ouvrage qui lui a valu la plus douce récompense qu'il pût obtenir (après l'abolition de la peine de mort, objet de tous ses vœux), puisque M. le Syndic Rigaud, premier magistrat du Canton de Genève, a bien voulu en faire agréer la Dédicace au Conseil Souverain qu'il préside. (dans la Séance du 11 Août 1827, où l'on vota en même temps des remerciemens à M. Lucas.)

Comme auteur d'un Concours ouvert pour provoquer la lumière sur un suje qui intéresse également tous les habitans du Canton, j'ai cru devoir faire hommage du Mémoire couronné à la bibliothèque publique, où tous les citoyens ont un libre accès, à la Société de Lecture du Musée, et à la Société Littéraire, où un grand nombre d'hommes de tous les âges se rendent chaque jour pour acquérir de nouvelles connaissances; ceux qui liront cet ouvrage y verront que l'auteur y déclare solennellement qu'aucun pays mieux préparé que Genève, pour abolir sans délai la peine de mort. Les argumens qu'il emploie pour le prouver sont tous puisés dans l'opinion trèsfavorable qu'il a conçue de ce pays (1).

n'est

La Société de Morale chrétienne de Paris qui voit figurer parmi ses membres un Prince du sang royal, et des hommes aussi distingués par leur position sociale, que par leurs vertus et leurs talens, a aussi mis au Concours la question de la peine de mort; onze concurrens se sont présentés, et dix ont réclamé la suppression de cette peine. Cette tendance, signalée par M. Rénouard, rapporteur de la Société de la Morale chrétienne, et par M. de Chateauvieux, me semble faite pour fixer l'attention du Législateur.

Si l'ouvrage de Beccaria, couronné à Berne en 1763, par la société typogra

(1) Les hommes passent, les institutions restent; or Genève en voit créer chaque jour qui promettent aux générations présentes et à venir des fruits hien doux à recueilir. La Société des Catéchumènes, la nouvelle Ecole d'Enfans sout autant de garanties que l'instruction religieuse de la jeunesse ne sera pas négligée. Un asile, plusieurs asiles sont ouverts au malheur, le travail est en honneur, l'oisiveté est méprisée, des hommes de bien sont toujours prêts à concourir gratuitement à surveiller les Etablissemens publics. sans doute puisé, quand il s'est et particuliers, telles sont les sources où M. Lucas a prononcé sur la convenance d'abolir la peine de muit, à Genève, plus encore que partout

ailleurs.

phique, influa si puissamment sur les Codes de Catherine II, de Joseph II et de Léopold, qui abolit la peine de mort en Toscane, n'est-il pas permis d'espérer qu'au 19.o siècle, celui de M. Lucas fera faire quelques réflexions sur la convenance de mettre la législation pénale en harmonie avec l'Esprit du Christianisme et les institutions civiles et politiques qui conviennent au degré de civilisation, où est arrivé une partie du globe?

J'avertis, une fois pour toutes, que je ne prétends point m'adresser aux Juges dans cet écrit, mais que c'est aux Législateurs que je présente cette supplique; care Juge doit renoncer à ses fonctions ou appliquer la loi (1). Presque toutes les nations civilisées sont actuellement occupées à faire confectionner de nouvelles lois pénales, et invitent ceux qui ont une opinion sur l'esprit qui doit y présider, à les publier; ainsi je ne crains point le reproche de novateur, et j'ai la conscience d'obéir au mandat qui m'a été donné par mes concitoyens, en réunissant quelques matériaux pour l'habile architecte qui sera chargé d'élever l'édifice du Code pénal destiné à régir notre pays.

J'ai fait précéder ma lettre d'un sommaire des matières contenues dans cet écrit, pour que le lecteur pût apercevoir d'un coup-d'œil les choses auxquelles il attacherait le plus de prix; c'est un historique en abrégé de mes recherches sur la question qui est l'objet de la proposition que j'ai faite, et de l'appui que m'a prêté le concours que j'ai ouvert; concours dont la publicité ne m'a pas seulement valu les trente mémoires soumis au Jury, mais encore un grand nombre de lettres d'hommes éclairés, dont la plupart sympathisaient avec moi sur l'abolition de la peine de mort. Le monde civilisé renonce chaque jour davantage aux préventions, aux «anthipaties nationales; les hommes qui veulent le bien de leur pays ne se croient plus obligés à désirer le mal des autres; aussi à peine une idée favorable à l'humanité est-elle éclose quelque part, qu'aussitôt un écho généreux vient y répondre dans tous les langages connus. Nous sommes à une époque où l'opinion permet au cœur d'être cosmopolite, où il est permis d'aimer son semblable avant de l'avoir interrogé sur sa patrie, sur sa croyance religieuse, sur ses opinions politiques, avant de réfléchir sur la couleur de sa peau; où,

(1) Tant qu'elle est en vigueur.

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