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campagne a SES agréments; ces langues ont LEURS beautés. Les agréments de quoi? de la campagne. Les beautés de quoi? de ces langues. Campagne et langues sont les substantifs possesseurs, et comme ils sont sujets des propositions où se trouvent les adjectifs possessifs ses, leurs, il en résulte que la construction est correcte. Mais on ne dirait pas : j'habite la campagne, SES agréments sont nombreux ; ces langues sont riches, j'admire LEURS beautés, les substantifs possesseurs campagnes et langues n'étant pas les sujets des propositions où figurent ses et leurs. Dans ce cas on remplace son, sa, ses, leur, leurs, par l'article et le pronom en : j'habite la campagne, LES agréments EN sont nombreux; ces langues sont riches, j'EN admire les beautés D'après cette règle, on doit dire d'une tour: l'élévation en est considérable; d'un tableau : j'en admire le coloris; d'une maison : la si— tuation m'en plaît ; et non pas son élévation est considérable; j'aime son coloris; sa situation me plaît.

225. Au surplus, cette règle n'est pas tellement rigoureuse, qu'il n'y ait quelques cas où il faille nécessairement s'en écarter; c'est ce qui a lieu principalement lorsqu'il s'agit des animaux, comme dans cette phrase: Quand le chat est en colère, on voit SA queue dans une vive agitation. Les animaux, étant des êtres vivants, sont considérés comme sortant de la classe des choses.

226. Nous devons dire aussi que les entraves de la versification obligent quelquefois les poètes à employer les adjectifs possessifs son, sa, ses, leur, leurs, contrairement à la règle. Thomas a dit, en parlant des grands: S'ils ont l'éclat du marbre, ils ont sa dureté. En prose, l'irrégularité de celte construction ne saurait trouver d'excuse.

227. Quoique le mot possesseur ne soit pas le sujet de la proposition, on emploie son, sa, ses, leur, leurs, lorsque le substantif qu'ils précèdent est le complément d'une préposition: Paris est une ville remarquable, les étrangers admirent la beauté de SES constructions.

228.

QUELQUE s'écrit de trois manières :

229. 1° Suivi d'un verbe, il se met en deux mots (quel que); quel, adjectif, s'accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe, et que reste invariable étant alors conjonction : QUEL que soit votre · mérite; QUELLE que soit votre capacité. (Acad.)

Quels que soient les humains, il faut vivre avec eux.

(Gresset.) Quelles que soient les opinions qui nous troublent dans la société, elles se dissipent presque toujours dans la solitude. (Bern. de Saint-Pierre.)

230.

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Remarque. Le verbe précédé de quel que peut avoir pour sujet deux substantifs unis par et ou

par ou.

231.

Dans le premier cas, quel s'accorde en genre et en nombre avec les deux substantifs: QUELS

que soient son mérite et son bonheur; soient sa capacité et sa modestie.

...

QUELLES que

Quels que soient ton culte et ta patrie. (Campenon.)

232. Dans le second cas, quel s'accorde en genre et en nombre avec le premier substantif énoncé QUEL que soit son talent ou sa fortune ; · QUELLE que soit sa fortune ou son talent.

233. Il y a alors ellipse après la conjonction ou quel que soit son talent ou quelle que soit) sa fortune; quelle que soit sa fortune ou (quel que soit) son talent; phrases dans lesquelles on voit que le

mot quel exprimné est nécessairement en rapport avec le premier substantif.

234. — 2o Suivi d'un substantif,' quelque s'écrit ́ en un mot (quelque); 'il est 'adjectif et s'accorde en nombre avec ce substantif :*·

Quelque talent qu'on ait, on ne doit pas s'en prévaloir.

(Marmont.). Quelques erreurs que nous commettions, il est rare que nous en rougissions.

Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes..

(Racine.)

235. 3o Suivi d'un modificatif (adjectif, participe ou adverbe), quelque s'écrit également en un mot; il est adverbe, et conséquemment invariable: QUELQUE puissants qu'ils soient; QUELQUE considérés.. que nous soyons; QUELQUE adroitement qu'ils s'y prennent. (Acad.)

Les choses qui font plaisir à croire seront toujours crues, quelque vaines et quelque déraisonnables qu'elles puissent... être. (Buffon.)

Quelque élevés qu'ils soient, ils sont ce que nous sommes. (J.-B. Rouss.) Quelque bien écrits que soient ces ouvrages, ils ont peu succès. (Gramm. des gramm.)

-

de

236. Exception. Lorsqu'il y a un substantif placé après l'adjectif, c'est le substantif qui fait la loi, et quelque, devenant adjectif, s'accorde en nombre avec le substantif: quelques immenses richesses * que vous possédiez, quelques charmantes lettres < qu'ait écrites madame de Sévigné. La preuve que l'adjectif n'exerce dans ce cas aucune influence sur » quelque, c'est que, sans allérer le seasy on peut-transposer ou même omettre l'adjectif : Quelques richesses

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immenses que vous possédioz, ou quelques richesses que vous possédiez; quelques lettres charmantes qu'ait écri→ tes madame de Sévigné, ou quelques lettres qu'ait écritesselo

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237. Le substantif et l'adjectif sont quelquefois employés adjectivement, comme dans cette phrase: ils sont BONS TRADUCTEURS; si alors ils sont précédés de quelque, ce mot est ad verbe, et, pour cette raison, reste invariable: QUELQUE bons traducteurs qu'ils· soient, ils ne comprennent pas ee passage. Bonif) Dans ce. cas, le sens permet de remplacer quelque par tout; on peut dire en effet : TOUT bons traducteurs qu'ils sont, ils ne comprennent pas ce passage.».

238. Quelque, dans le sens de environ, est aussi adverbe: il y a QUELQUE trois cent quarante→ sept ans que l'Amérique a été découverte.

23914— C'est une faule fort grave, 1° d'employer tel pour quel ou quelque, et de dire : TEL qu'il soit, TEL righe qu'il soit, TEL temps qu'il fasse; au lieu de : QUEL qu'il soit, QUELQUE riche qu'il soit,› QUELQUE temps.... qu'il fasse. 2o de faire usage de quel pour quelque, comme dans QUEL talent qu'il ait, QUEL évènement. qui arrive, il faut dire QUELQUE talent qu'il ait, QUELQUE évènement qui arrive.

240 TOUT est adjectif ou adverbe...

241. Tout, adjectif, signifie entier, en totalité ou •{ chaque, et s'accorde en genre et en nombre avec le substantif ou le pronom qu'il modifie: TOUTE la France, c'est-à-dire, la France entière; tous les peuples, c'est-à-dire, le peuples en totalité ;-tout homme, toute femme, c'est-à-dire, chaque homme, chaque femme. 242. Tout, adverbe, signifie tout-à-fait, entière ment, quelque, el reste invariable: ils sont TOUT slupéfaits, c'est-à-dire, tout-à-fait, entièrement stypéfails ★

TOUT spirituels qu'ils sont, c'est-à-dire, quelque spirituels, etc.

Tout éclairée qu'elle était, elle n'a pas présumé de ses connaissances. (Bossuet.)

Nos vaisseaux sont tout prêts, et le vent nous appelle.

(Racine.) 243.-Exception. Tout, quoique adverbe, varie, par euphonie, quand l'adjectif qui suit est féminin et commence par une consonne ou une h aspirée : elle est TOUTE spirituelle; TOUTE hardie qu'elle est; TOUTES modestes qu'elles sont.

Les louanges toutes pures ne mettent pas un homme à son aise. (Molière.)

"Autour d'elle volaient les vengeances toutes dégouttantes de sang. (Fénel.)

Cette jeune personne est toute honteuse de s'être exprimée ainsi. (Acad.)

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244. Tout, adverbe, peut modifier un adjectif et un substantif équivalant ensemble à un adjectif; dans ce cas tout reste invariable : TOUT agréable chanteuse qu'elle est, TOUT bons traducteurs qu'ils sont; à moins que le substantif et l'adjectif ne soient féminins, et que ce dernier ne commence par une consonne : TOUTE bonne chanteuse qu'elle est; TOUTES grandes musiciennes qu'elles sont.

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245. Il y a des circonstances où il est difficile de distinguer tout adjectif de tout adverbe. Il faut alors se bien pénétrer du sens qu'on veut exprimer.

246. Tout est-il l'équivalent de entier, entière,

il est adjectif:

Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis.

(Corn.)

La liberté de l'Inde est toute entre ses mains. (Rac.)

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