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participe fait, le participe reste invariable. De là résulte la règle suivante :

647. Le participe fait suivi immédiatement d'un infinitif est toujours invariable, le complément direct qui précède ne dépendant ni du participe ni de l'infinitif, mais des deux réunis.

Tous nos écrivains sont d'accord avec cette règle:

Louis XI fit taire ceux qu'il avait fait parler. (Volt.) Ce sont mes sentiments que j'ai fait entendre. (Mol.) .... Je cache en quel sang le ciel les a fait naître. (Corn.) Elle s'en fait aimer, elle m'a fait haïr. (Idem.)

648. Lorsque l'infinitif qui vient après le participe fait est accompagné d'un complément direct, ce participe ne saurait être précédé lui-même d'un complément direct, d'après le principe qui veut qu'un verbe actif n'ait point deux compléments de cette nature. On ne dira donc pas: Je LES ai fait traverser la rivière, fait traverser équivalant à un verbe actif. La grammaire exige qu'on dise: Je LEUR ai fait traverser la rivière.

HUITIEME OBSERVATION.

Des participes DU, PU, VOULU, ayant pour complément direct un infinitif sous-entendu.

649. Lorsque l'infinitif est sous-entendu à la suite des participes dú, pu, voulu, le participe est invariable, parce qu'il a alors cet infinitif pour complément direct :

On a eu pour lui tous les égards qu'on a dû.

Nous avons fait tous les sacrifices que nous avons pu.
Il a obtenu toutes les grâces qu'il a voulu.

c'est-à-dire :

On a eu pour lui tous les égards qu'on a dû (avoir).
Nous avons fait tous les sacrifices que nous avons pu (faire).
Il abtenu toutes les grâces qu'il a voulu (obtenir).

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On a dû quoi? avoir des égards. Nous avons pu quoi? faire des sacrifices. Il a voulu quoi? obtenir des grâces; et comme ces compléments directs avoir, faire, obtenir, viennent après le participe, point d'accord. Dans ce cas, le relatif que, qui précède le participe, est le complément direct de l'infinitif sous-entendu.

NEUVIÈME OBSERVATION.

Participe passé précédé d'un complément direct, et suivi d'une préposition et d'un infinitif.

650. Ce participe est soumis à la même règle que le participe suivi immédiatement d'un infinitif, c'està-dire qu'il s'accorde, si le complément direct qui précède appartient au participe, et qu'il reste invariable, si ce complément dépend de l'infinitif.

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651. On reconnaît que le complément direct qui précède le participe dépend du participe ou de l'infinitif, selon que le sens permet de placer ce complé ment après le participe ou après l'infinitif. Le pronom relatif que ne pouvant pas se placer après le mot dont il est le complément, on remplace ce pronom par le substantif qu'il représente.

Ainsi dans cette phrase: Il nous a chargés d'écrire une lettre; les enfants qu'il a forcés de travailler, on voit que les pronoms naus, que, sont le complément direct du participe, parce qu'on peut dire: Il a chargé

NOUS d'écrire une lettre; il a forcé LES ENFANTS de travailler. Dans cette autre phrase: La lettre qu'il m'a recommandé d'écrire, on reconnaît que le relatif que est le complément direct de l'infinitif, attendu qu'on peut dire: Il m'a recommandé d'écrire LA LETTRE.

652. Il suit de ce qui précède qu'on doit écrire avec accord:

Le mauvais temps nous a empêchés de sortir.

On peut dire Le mauvais temps a empéché NOUS de sortir; le pronom nous est le complément direct du participe, et comme il le précède, accord.

Et sans accord:

Il se trouva hors de la route qu'il avait résolu de suivre.

On peut dire: Il avait résolu de suivre LA ROUTE; le que est le complément de l'infinitif, et le participe reste invariable, n'étant pas précédé de son complément direct.

Avec accord:

Ils se sont chargés d'instruire les peuples.

On peut dire : Ils ont chargé EUX d'instruire les peuples; le pronom se est le complément direct du partiticipe, et comme il le précède, accord.

Sans accord:

Les changements qu'il s'était proposé de faire dans le gou

vernement.

On peut dire: Il s'était proposé de faire DES CHANGEMENTS dans le gouvernement; le que est le complément direct de l'infinitif, et le participe reste invariable, n'étant pas précédé de son complément direct.

653. D'après ce qui précède, doit-on écrire :

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654. Ici le complément direct que dépend aussi bien du participe que de l'infinitif, car on peut dire : J'ai eu DES DIFFICULTÉS à surmonter, et: J'ai eu à surmonter DES DIFFICULTÉS; —j'ai cu DES PRÉJUGÉS à détruire, et: j'ai eu à détruire DES PRÉJUGÉS; — j'ai eu DES ENNEMIS à vaincre, et : j'ai eu à vaincre DES ENNEMIS; -j'ai donné DES LETTRES à copier, et: j'ai donné à copier DES LETTRES;―je vous ai donné DES LEÇONS à étudier, et: je vous ai donné à étudier DES LEÇONS; d'où il suit que, dans les phrases ci-dessus, on peut écrire également le participe avec ou sans accord: avec accord, si l'on considère le complément direct comme appartenant au participe, et sans accord, si l'on regarde ce complément comme dépendant de l'infinitif.

655. — Il n'y a au surplus que les participes eu et donné qui soient dans ce cas, et encore faut-il que la préposition qui précède l'infinitif soit la préposi

tion à.

656.-Lorsque le participe suivi d'une préposition et d'un infinitif est précédé de deux compléments directs, comme dans cette phrase: La lettre qu'il nous

a chargés d'écrire, on opère comme nous l'avons fait (637) pour le participe suivi immédiatement d'un infinitif, et précédé également de deux compléments directs, c'est-à-dire qu'on fait accorder le participe avec le second complément direct, le premier étant le complément de l'infinitif. C'est comme s'il y avait: Il a chargé NOUS d'écrire LA LETTRE (représentée par que). D'où il suit qu'on écrira avec le participe variable.

Voici les lettres qu'il nous a priés de lui communiquer. Quels sacrifices il nous a obligés de faire!

Mes amis, vous avez oublié les livres que je vous avais chargés d'apporter.

C'est une démarche qu'il les a contraints de faire.

J'ai lu les poésies qu'ils se sont amusés à composer.

Attendu que les pronoms nous, vous, les, se, second complément direct, sont sous la dépendance des participes prié, obligé, chargé, contraint, amusé, et qu'ils les précèdent,

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657. — Quelquefois la préposition et l'infinitif sont sous-entendus après le participe, comme dans ces exemples:

‚ Ils ont donné à lear enfant toute l'éducation que lear fortune leur a permis (sous-entendu de donner). (Bescher.) Elle aurait fait toutes les choses qu'elle se serait imaginé (sous-entendu de faire). (Boniface.)

Et dans ce cas le participe est invariable, parce que son complément direct est l'infinitif sous-entendu; le complément direct que, qui précède le participe, appartient à cet infinitif.

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