FABLE XIV. Le Lièvre et les Grenouilles. UN lièvre en son gîte songeait, (Car que faire en un gîte,à moins quel'on ne songe?) gens Sont, disait il, bien malheureux! Ils ne sauraient manger morceau qui leur profite: Je crois même qu'en bonne foi, Et cependant faisait le guet. Il était douteux, inquiet: Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre Le mélancolique animal, En rêvant à cette matière, Il s'en alla passer sur le bord d'un étang. Grenouilles de rentrer dans leurs grottes profondes. Oh! dit-il, j'en fais faire autant Qu'on m'en fait faire ! Ma présence Effraie aussi les gens ! je mets l'alarme au camp! Et d'où me vient cette vaillance? Comment, des animaux qui tremblent devant moi! Il n'est, je le vois bien, si poltron sur la terre, SUR la branche d'un arbre était en sentinelle Frère, dit un renard adoucissant sa voix, Paix générale cette fois. Je viens te l'annoncer; descends que je t'embrasse. Ne me retarde point de grace; Jedois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer. Sans nulle crainte, à vos affaires, Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle, Que celle De cette paix : Et ce m'est une double joie Que pour ce sujet on envoie. Ils vont vîte, et seront dans un moment à nous. Une autre fois. Le galant aussitôt FABLE XVI. trompeur. Le Corbeau voulant imiter l'Aigle. L'OISEAU de Jupiter enlevant un mouton; Un corbeau témoin de l'affaire, Et plus faible de reins, mais non pas moins glouton, En voulut sur l'heure autant faire. Il tourne à l'entour du troupeau, Marque entre cent moutons, le plus gras, le plus beau, Un vrai mouton de sacrifice. On On l'avait réservé pour la bouche des dieux. Mais ton corps me paraît en merveilleux état : Sur l'animal bêlant à ces mots il s'abat. Pesait plus qu'un fromage; outre que sa toison Et mêlée, à-peu-près, de la même façon Elle empêtra si bien les serres du corbeau, Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands seigneurs : FABLE XVII. Le Paon se plaignant à Junon. Déesse, disait-il, ce n'est pas sans raison T. 3. D Le chant dont vous m'avez fait don Déplaît à toute la nature: Au lieu qu'un rossignol, chétive créature, Oiseau jaloux, et qui devrais te taire, Une si riche queue, et qui semble à nos yeux Est-il quelque oiseau sous les cieux Plus Tout animal n'a pas toutes propriétés ; Nous vous avons donné diverses qualités : Les uns ont la grandeur et la force en partage; La corneille avertit des malheurs à venir. Cesse donc de te plaindre; ou bien, pour te punir, |