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V. 50. Il a dit ses parens, mère c'est à cette heure. . . .
Non.... Comine la leçon se fortifie par la sécurité de l'a-

louette.

V. 67. Voletans et se culbutans,

Ce vers de sept syllabes entre deux vers de huit syllabes donne du mouvement au tableau, et exprime le sens dessus dessous avec lequel la petite famille déménage. La Fontaine ne pouvait guère finir par une plus jolie fable.

Chamfort écrit: Voletans, se culebutant,

LIVRE CINQUIÈME.

FABLE I, page 1.

Vers 6. Un auteur gâte tout,... On voit par ce petit prologue que La Fontaine méditait plus qu'on ne le croit communément sur son art et sur les moyens de plaire à ses lecteurs. Madame de la Sablière l'appelait un fablier, comme on dit un pommier, et d'après ce mot, on a cru que La Fontaine trouvait ses fables au bout de sa plume. La multitude de ses négligences a confirmé cette opinion; mais sa négligence n'était que la paresse d'un esprit aimable qui craint le travail de corriger, de changer une mauvaise rime, etc. Il y a quelques négligences même dans ce Prologue ;

V. 11. Enfin si dans mes vers, je ne plais et n'instruis,
Il ne tient pas à moi; c'est toujours quelque chose.

Cela est commun et ne valait pas trop la peine d'être dit; mais il y a plusieurs vers charmans comme

V. 6. Un auteur gâte tout, quand il veut trop bien faire;
Non qu'il faille bannir certains traits délicats :

Vous les aimez, ces traits; et je ne les hais pas.

V. 20. Deux pivots sur qui roule aujourd'hui notre vie.

Ce vers et cent autres prouvent que La Fontaine ne manque point de force, quoiqu'il ne s'en pique point; mais il la cache sous un air de bonhommie.

T. 3.

V. 27. Une ample comédie à cent actes divers.

C'est là le grand mérite de La Fontaine, et c'est son secret qu'il nous donne. Tous les fabulistes ont fait parler les animaux, mais La Fontaine entre plus qu'eux tous dans le secret de nos passions quand il les fait parler.

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V. 31. Aux belles la parole: parole et rôle riment très-mal. La difficulté de cette rime a fait pardonner cette faute à des poëtes moins négligés que La Fontaine.

....

Vers 33. Un bûcheron. . . . . Cette fable, et les quatre suivantes, sont du ton le plus simple. Elles n'ont ni de grandes beautés ni de grands défauts. Elles n'offrent rien de bien remarquable.

FABLE II, page 122.

V. 25. Au moindre hoquet qu'ils treuvent.

...

Treuvent.... avec que.. Ces mots-là, qu'on pardonnait autrefois, sont devenus barbares. Je l'ai déja observé, et je n'y reviendrai plus.

FABLE III, page 123.

V. 16. Quelque gros partisan.... Voilà un bon trait de satyre, et il est plaisant de faire parler ainsi le petit poisson.

FABLE IV, page 124.

V. 11. N'allât interprêter à cornes leur longueur ;

Ce tour n'est guère dans le génie de notre langue, et la grammaire trouverait à chicanner; mais le sens est si clair que ce vers ne déplait pas.

V. 20.

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Et cornes de licornes. Cette 'consonance fait ici un très-bon effet, parce qu'elle arrête l'esprit sur l'idée de l'exagération qu'emploient les accusateurs.

FABLE V, page 125.

V. 15. Mais tournez-vous, de grace, . . . . Molière n'aurait pas dit la chose d'une manière plus comique.

FABLE VI, page 126.

Voici une fable où La Fontaine retrouve ses pinceaux et sa poésie, ce mélange de tours et cette variété de style qui lui est propre. La peinture du travail des servantes, celle de l'instant de leur réveil,

sont parfaites. Dans la plupart des éditions il y a une faute qui défigure le sens, toutes entraient en jeu : il faut lire, vers sept, tourets entraient en jeu. Ce sont de petits tours à dévider le fil.

FABLE VII, page 127.

Cette fable est visiblement une des plus mauvaises de La Fontaine. On a déja remarqué que le satyre, ou plutôt le passant, fait une chose très-sensée en se servant de son haleine pour réchauffer ses doigts, 1 et en soufflant sur la soupe afin de la refroidir; que la duplicité d'un homme qui dit tantôt une chose et tantôt une autre, n'a rien de commun avec cette conduite, et qu'ainsi il fallait trouver une autre emblême, une autre allégorie pour exprimer ce que la duplicité a de vil et d'odieux.

FABLE VIII, page 129.

V. 2. Que les tièdes zéphirs ont l'herbe rajeunie.

Cette transposition, au lieu de ont rajeuni l'herbe, était autrefois admise dans le style le plus noble, elle n'est plus reçue que dans le style familier, et encore faut-il en user sobrement. Elle vieillit tous les jours.

Prés.... propriétés.... mauvaises rimes.

V. 24. Mon fils..... L'hypocrite redouble de tendresse au moment où il se croit sûr de réussir.

V. 10.

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FABLE IX, page 130.

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Dès qu'on aura fait l'oût : l'oût. Vieux mot qui veut dire la moisson, et dont on se sert encore en quelques pro

vinces.

FABLE X, page 131.

V. 8. Dont le récit est menteur,

Et le sens est véritable,

Toutes les fables, quand elles sont bien faites, doivent être dans le même cas, et cacher un sens vrai sous le récit d'une action inventée. D'où vient donc La Fontaine n'applique-t-il cette réflexion qu'à l'Apologue actuel. Serait-ce qu'une montagne prête d'accoucher lui aurait paru plus contraire à la vraisemblance qu'une lime qui adresse la parole à un serpent? Cela serait d'une grande bonhommie.

V. 14. Du vent.

Ce vers de deux syllabes fait ici un effet très-agréable, et on ne peut exprimer mieux la nullité de la production annoncée avec faste. FABLE XI, page 132.

Cette fable n'est guère remarquable que par la simplicité du ton et la pureté du style.

FABLE XII, page 133.

Cette fable est moins un apologue qu'une épigramme. Comme telle, elle est même parfaite, et elle figurerait très-bien parmi les épigrammes de Rousseau.

FABLE XIII, page 133.

V. 5. Il crut que dans son corps elle avait un trésor. Cette consonnance de l'hémistiche et de la rime est désagréable à l'oreille.

FABLE XIV, page 134.

Les deux derniers vers de cette petite fable sont devenus proverbe. D'un magistrat ignorant,

C'est la robe qu'on salue.

FABLE XV, page 135.

V. 2. . . . En de certains climats, en Italie, par exemple, où l'on marie la vigne à l'ormeau, au tilleul, etc.

V. 6. Broute sa bienfaitrice: . . . Est une expression très-hardie, mais amenée si naturellement, qu'on ne songe point à cette hardiesse.

FABLE XV I, page 136.

V. 13. Je ne crains que celles du temps.

Cette idée très-philosophique jetée dans le discours que La Fontaine prête à la lime fait beaucoup d'effet, parce qu'elle est entièrement inattendue.

FABLE XVII, page 137.

V. 2. Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?

Cette raison de ne pas se moquer des misérables, a l'air d'être peu noble et peu généreuse. En effet, une âme honnête ne se moquerait pas des misérables, quand même elle serait assurée d'être toujours dans le bonheur. Mais La Fontaine se contente de nous renvoyer au simple bon sens, et fonde sa morale sur la nature commune

et sur la raison vulgaire. On a remarqué qu'il n'était pas le poëte de l'héroïsme,,c'est assez pour lui d'être celui de la nature et de la raison. V. 15. Sur leur odeur ayant philosophé,

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La Fontaine se sert exprès de ces expressions qui appartiennent à l'art de raisonner, que l'homme dit être son seul partage, et que Descartes refuse aux animaux.

FABLE XVIII, page 138.

V. 9. Comme vous êtes roi, vous ne considérez

Qui ni quoi:

N'est-il pas plaisant de supposer que ce soit un effet nécessaire et une suite naturelle de la royauté, de n'avoir d'égard ni pour les choses ni pour les personnages ? Ce tour est très-satyrique, et sa simplicité même ajoute à ce qu'il a de piquant.

V. 21. . . . . Dieu donna géniture: Les cinq rimes en ure font. un effet très-mauvais, et c'est pousser la négligence, c'est-à-dire la paresse un peu trop loin. Il était bien aisé de corriger cela.

V. 37. Ou plutôt la commune loi,

Cela est vrai; mais s'il est ainsi, à quoi sert la morale en général, et où est la morale de cette fable en particulier? Pour donner une moralité à cet Apologue, il fallait faire entendre que l'esprit consiste à s'élever au-dessus des illusions de l'amour-propre, et que notre véritable intérêt doit nous conseiller de nous défier sans cesse de notre vanité.

FABLE XIX, page 140.

La manière dont le roi distribue les emplois de son armée est trèsingénieuse; ces quatre vers qui expriment la moralité de cette fable sunt excellens, et le dernier sur-tout est parfait.

Le monarque prudent et sage,

De ses moindres sujets sait tirer quelque usage,

Et connaît les divers talens.

Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens.

FABLE XX, page 141.

V. 4.... Du moins à ce qu'ils (dirent, cette suspension fait un effet charmant. Jusqu'à ce mot on croirait que l'ours est mort ou du moins pris et enchainé.

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