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V. 27. Les conseils de la mer et de l'ambition, expression très-noble et rapprochement très-heureux qui réveille dans l'esprit du lecteur l'idée de naufrage pour le marin et pour l'ambitieux.

FABLE III, page 87.

Le commencement de cette fable est charmant. L'indignation de la fourmi contre l'illusion de l'amour-propre, et l'aveuglement de la fourmi qui se compare à elle, peint merveilleusement le délire de la vanité, mais La Fontaine a eu tort d'ajouter

V. 17. Et la dernière main que met à sa beauté
Une femme allant en conquête,

C'est un ajustement des mouches emprunté.

D'abord ajustement n'est pas le mot propre. Ensuite ce petit ornement s'appelle mouche en français, et autrement dans une autre langue. Cependant ce jeu de mots est plus supportable que tous ceux qui se trouvent dans la réponse de la fourmi.

V. 39. Les mouches de cour sont chassées :

Les mouchards sont pendus, etc. Ce sont là de mauvais quolibets qui déparent beaucoup cette fable, dont le commencement est parfait. On se passerait bien aussi du grenier et de l'armoire des deux derniers vers.

FABLE IV, page 89.

Voici une fable presque parfaite. La scène du déjeûné, les questions du seigneur, l'embarras de la jeune fille, l'étonnement respectueux du paysan affligé, tout cela est peint de main de maître. Molière n'aurait pas mieux fait.

FABLE V, page 91.

Jolie fable, parfaitement écrite d'un bout à l'autre. La seule négligence qu'on puisse lui reprocher est la rime toute usée, qui rime très-mal avec pensée.

V. 4.

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FABLE VI, page 92.

Etroites. La rime veut qu'on prononce étrettes, comme on le faisait autrefois, et comme on le fait encore en certaines provinces. C'est une indulgence que les poëtes se permettent encore quelquefois.

V. 17. Plus d'un guéret s'engraissa. Ce ton sérieux emprunté des récits de bataille d'Homère est d'un effet piquant, appliqué aux rats et aux belettes.

V. 50. N'est pas petit embarras. Il fallait s'arrêter à ces deux vers faits pour devenir proverbe. Les six derniers ne font qu'affaiblir la pensée de l'auteur.

FABLE VII, page 94.

V. 10. Pline le dit: il le faut croire. Le fait est faux, mais c'est une tradition ancienne. D'ailleurs La Fontaine évite plaisamment l'embarras d'une discussion; au surplus on ne voit pas trop quelle est la moralité de cette prétendue fable, qui n'en est pas une.

FABLE VIII, page 96.

Même défaut dans cet Apologue. Qu'y a-t-il d'étonnant qu'une idole de bois ne réponde pas à nos vœux, et que renfermant de l'or, l'or paraisse quand vous brisez la statue. Que conclure de tout cela? Qu'il faut battre ceux qui sont d'un naturel stupide. Cela n'est pas vrai, et cette méthode ne produit rien de bon.

FABLE IX, page 97.

V. 1. Un paon muait, un geai prit son plumage, etc.

Esope met une corneille au lieu d'un geai: la corneille valait mieux, attendu qu'elle est toute noire. Sa fantaisie de se parer des plumes du paon n'en était que plus ridicule, et sa prétention plus absurde. C'est Phèdre qui a substitué le geai à la corneille, et La Fontaine a suivi ce changement, qui ne me paraît pas heureux.

Lessing, fabuliste allemand, a fait une fable où il suppose que les autres oiseaux, en ôtant au geai les plumes du paon, lui arrachent aussi les siennes. C'est ce qui arrive à tous les plagiaires. On finit par leur ôter même ce qui leur appartient.

FABLE X, page 98.

V. 1. Le premier, etc. La précision qui règne dans ces quatre premiers vers, exprime à merveille la facilité avec laquelle l'homme se familiarise avec les objets les plus nouveaux pour lui et les plus effrayans. Au reste, ce n'est point là un Apologue.

FABLE XI, page 99.

V. 7.

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L'avent ni le carême, n'avaient que faire là.

V. 13. Elle allégua pourtant les délices du bain. La Fontaine n'évite

rien autant que d'être sec. Voilà pourquoi il ajoute ces six vers qui sont charmans, quoiqu'il pût s'en dispenser après avoir dit : Il n'était pas besoin de plus longue harangue.

FABLE XII, page 101.

V. 2. Et la raison ne m'en est pas connue : Ni à moi non plus, attendu que cette fable n'est pas bonne. Alexandre qui demande un tribut aux quadrupèdes, aux vermisseaux, ce lion porteur de cet argent, et qui veut le garder pour lui; tout cela péche contre la sorte de vraisemblance qui convient à l'Apologue. Au reste, la moralité de cette mauvaise fable, si on peut l'appeler ainsi, retombe dans celle du loup et de l'agneau.

La raison du plus fort est toujours la meilleure.

FABLE XIII, page 104

V. 10. Or un cheval eut alors différent. Cette fable ancienne, l'une de celles qui renferment le plus grand sens, était une leçon bien instructive pour les républiques grecques.

Les trois derniers vers qui contiennent la moralité de la fable, n'en indiquent pas assez, ce me semble, toute la portée. C'est aussi le défaut que l'on peut reprocher au prologue.

FABLE XIV, page 105.

V. 1. Les grands, etc. La Fontaine ôte le piquant de ce mot, en commençant par en faire l'application aux grands. Il ne fallait que le dernier vers.

FABLE XV et XVI, pages 106 et 107.

-Ces deux fables me paraissent assez médiocres, et on se passerait fort bien du dicton picard.

FABLE XVII, page 108.

Pourquoi mettre ce mot de Socrate dans un recueil d'Apologues. FABLE XVIII, page 109.

V. 4. C'est pour peindre nos mœurs, etc. Voilà le grand mérite des fables de La Fontaine, et personne ne l'avait eu avant lui.

Il était inutile d'ajouter et non pas par envie; le desir de surpasser un auteur mort il y a deux mille quatre cents ans ne peut s'appeler envie. C'est une noble émulation qui ne peut être suspecte. Celui même de surpasser un auteur vivant, ne prend le nom d'envie que lorsque ce sentiment nous rend injuste envers un rival.

Vers dernier. Profiter de ces dards unis, et pris à part.

La consonnance de ce mot dards placé à l'hémistiche avec la rime à part, offense l'oreille.

FABLE XIX, page 111.

V. 1. Vouloir tromper le ciel, etc. Ces cinq premiers vers sont nobles et imposans, ils ont pourtant un défaut. Il s'agit d'un prêtre d'Apollon, par conséquent d'un fourbe ; d'un païen incrédule, par conséquent d'un homme de bon sens, et La Fontaine se fâche et parle comme s'il s'agissait du vrai dieu, d'un prêtre du dieu suprême.

Ce ridicule se trouve dans les histoires ancienne et romaine de Rollin. Ce digne professeur s'emporte contre ceux qui ne croyaient pas à Jupiter, à Neptune. Il suppose, sans y songer, que ces genslà, nés parmi nous, n'auraient pas cru à notre religion.

FABLE XX, page 112.

Cette petite pièce n'est point une fable; c'est une aventure très-bien contée dont La Fontaine tire une moralité contre les avares. Le trait qui la termine, joint au piquant d'un saillie épigrammatique, l'avantage de porter la conviction dans l'esprit.

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V. 13. Son cœur avec, n'est ni harmonieux ni élégant; mais est d'une vivacité et d'une précision qui plaisent.

FABLE XXI, page 114.

V. 1. Un cerf s'étant sauvé... Cette fable est un petit chef-d'œuvre. L'intention morale en est excellente, et les plus petites circonstances s'y rapportent avec une adresse ou un bonheur infini. Observons quelques détails.

V. 3. Qu'il cherchât un meilleur azyle.

Voilà le dénouement préparé dès les trois premiers vers.

V. 4. Mes frères... Je vous enseignerai.... Il parle là comme s'il était de leur espèce.

V. 5. . . . . Les pâtis les plus gras. Voyez avec quel esprit La Fontaine saisit le seul rapport d'utilité dont le cerf puisse être aux bœufs.

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L'intendant même ; ..... maison très bien

tenue! tout le monde paraît à sa besogne et ne fait rien qui vaille.

V. 14. N'apperçut ni cor, ni ramure,

Cela ne paraît guère vraisemblable, et voilà pourquoi cela est excellent.

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V. 20. L'homme aux cent yeux..... Cette courte périphrase exprime tout, et le discours du maître est excellent.... Je trouve bien peu d'herbe.... Cette litière est vieille.... Qu'ont fait les valets avec leurs cent tours?

V. 34. Ses larmes ne sauraient.... La Fontaine ne néglige pas la moindre circonstance capable de jeter de l'intérêt dans son récit.

V. dernier. Quant à moi j'y mettrais encor l'œil de l'amant.

Ce dernier vers produit une surprise charmante. Voilà de ces beautés que Phèdre ni Esope n'ont point connues.

FABLE XXII, page 105.

V. 2. Voici comme Esope le mit

En crédit.

Il fallait mettre ces deux vers en un, ce qui était facile, et ce qui sauvait en même temps les trois rimes consécutives en it.

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Que tout aime,.... Un mot suffit à La Fon

taine pour réveiller son imagination mobile et sensible. Le voilà qui s'intéresse au sort de cette allouette, qui a passé la moitié d'un printemps sans aimer.

V. 13. A toute force enfin elle se résolut

D'imiter la nature et d'être mère encore.

L'importance que La Fontaine donne à cet oiseau est charmante.

V. 24. . . . Avecque.... Ce mot, dans La Fontaine se trouve souvent de trois syllabes, ce qui rend le vers pesant. On ne supporte plus cette licence.

V. 34. . . . Il a dit..... Avec quelle vivacité est peint l'empressement des enfans à rendre compte à leur mère.

Aider, écouter, manger, mauvaises rimes, c'est dommage. On voudrait que cette fable fut parfaite.

V. 36. S'il n'a dit que cela.... Peut-on mettre la morale en action d'une manière plus sensible et plus frappante?

Vers 50.

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