Vit un berger. Enseigne-moi, de grace, De mon voleur, lui dit-il, la maison, Que de ce pas je me fasse raison.
Le berger dit: C'est vers cette montagne. En lui payant de tribut un mouton Par chaque mois, j'erre dans la campagne Comme il me plaît; et je suis en repos. Dans le moment qu'ils tenaient ces propos, Le lion sort, et vient d'un pas agile. Le fanfaron aussi-tôt d'esquiver.
O Jupiter, montre-moi quelque asyle, S'écria-t-il, qui me puisse sauver.
La vraie épreuve de courage
N'est que dans le danger que l'on touche du doigt: Tel le cherchait, dit-il, qui, changeant de langage, S'enfuit aussi-tôt qu'il le voit.
BOREE et le Soleil virent un voyageur
Qui s'était muni, par bonheur,
Contre le mauvais temps. On entrait dans l'automne, Quand la précaution aux voyageurs est bonne :
Il pleut; le soleil luit; et l'écharpe d'Iris
Rend ceux qui sortent avertis
Qu'en ces mois le manteau leur est fort nécessaire ; Les Latins les nommaient douteux, pour cette affaire. Notre homme s'était donc à la pluie attendu. Bon manteau bien doublé, bonne étoffe bien forte. Celui-ci, dit le vent, prétend avoir pourvu A tous les accidens; mais il n'a pas prévu Que je saurai souffler de sorte,
Qu'il n'est bouton qui tienne: il faudra, si je veux, Que le manteau s'en aille au diable. L'ébattement pourrait nous en être agréable: Vous plaît-il de l'avoir? Et bien,gageons nous deux, (Dit Phébus) sans tant de paroles,
A qui plutôt aura dégarni les épaules
Du cavalier que nous voyons.
Commencez : je vous laisse obscurcir mes rayons. Il n'en fallut pas plus. Notre souffleur à gage Se gorge de vapeurs, s'enfle comme un ballon, Fait un vacarme de démon,
Siffle, souffle, tempête, et brise en son passage, Maint toît qui n'en peut mais, fait périr maint bateau ; Le tout au sujet d'un manteau.
Le cavalier eut soin d'empêcher que l'orage Ne se pût engouffrer dedans.
Cela le préserva. Le vent perdit son temps; Plus il se tourmentait, plus l'autre tenait ferme : Il eut beau faire agir le collet et les plis.
Sitôt qu'il fut au bout du terme Qu'à la gageure on avait mis,
Le soleil dissipe la nue,
Récrée, et puis pénètre enfin le cavalier, Sous son balandras fait qu'il sue., Le contraint de s'en dépouiller :
Encor n'usa-t-il pas de toute sa puissance.
Jupiter et le Métayer.
JUPITER eut jadis une ferme à donner. Mercure en fit l'annonce; et gens se présentèrent, Firent des offres, écoutèrent :
Ce ne fut pas sans bien tourner. L'un alléguait que l'héritage
Etait frayant et rude; et l'autre un autre si. Pendant qu'ils marchandaient ainsi, Un d'eux, le plus hardi, mais non pas le plus sage, Promit d'en rendre tant, pourvu que Jupiter Le laissât disposer de l'air,
Lui donnât saison à sa guise,
Qu'il eût du chaud, du froid, du beau temps, de la bi Enfin du sec et du mouillé,
Aussi-tôt qu'il aurait baillé.
Jupiter y consent. Contrat passé : notre homme Tranche du roi des airs, pleut, vente, et fait en somm
Un climat pour lui seul : ses plus proches voisins Ne s'en sentaient non plus que les Américains. Ce fut leur avantage : ils eurent bonne année, Pleine moisson, pleine vinée.
Monsieur le receveur fut très-mal partagé. L'an suivant, voilà tout changé. Il ajuste d'une autre sorte La température des cieux.
Son champ ne s'en trouve pas mieux. Celui de ses voisins fructifie et rapporte. Que fait-il? il recourt au monarque des dieux; Il confesse son imprudence. Jupiter en usa comme un maître fort doux.
Concluons que la Providence
Sait ce qu'il nous faut mieux que nous.
Le Cochet, le Chat et le Souriceau.
UN souriceau tout jeune, et qui n'avait rien vu, Fut presque pris au dépourvu.
Voici comme il conta l'aventure à sa mère.
J'avais franchi les monts qui bornent cet état, Et trotais comme un jeune rat Qui cherche à se donner carrière;
Lorsque deux animaux m'ont arrêté les L'un doux, benin et gracieux; Et l'autre turbulent, et plein d'inquiétude. Il a la voix perçante et rude;
Sur la tête un morceau de chair; Une sorte de bras dont il s'élève en l'air, Comme pour prendre sa volée; La queue en panache étalée.
Or c'était un cochet dont notre souriceau Fit à sa mère le tableau, Comme d'un animal venu de l'Amérique. Il se battait, dit-il, les flancs avec ses bras, Faisant tel bruit et tel fracas,
Que moi,qui,grace aux dieux,de courage me pique, En ai pris la fuite de peur,
Le maudissant de très-bon cœur. Sans lui j'aurais fait connaissance Avec cet animal qui m'a semblé si doux. Il est velouté comme nous,
Marqueté, longue queue, une humble contenance, Un modeste regard, et pourtant l'œil luisant. Je le crois fort sympathisant
Avec messieurs les rats: car il a des oreilles En figure aux nôtres pareilles.
Je l'allais aborder, quand, d'un son plein d'éclat, L'autre m'a fait prendre la fuite.
Mon fils, dit la souris, ce doucet est un chat, Qui, sous son minois bypocrite,
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