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II.

A Monfieur RACINE.

RACINE, plain ma deftinée.

C'est demain la triste journée
Où le Prophete Des-Marais,
Armé de cette même foudre

5 Qui mit le Port-Royal en poudre,
REMARQUES.

II. En 1674, M. Des-Marets de Saint-Sorlin entrepric une Critique générale des Euvres de M. Defpréaux, & la fit imprimer en 1675. Notre Poëte, qui en fut averti, prévint la Critique par cette Epigramme. M. le Duc de N.... l'Abbé Teftu, & Des-Marets avoient travaillé de concert à cette Critique. BROSS.

Il s'agit là de la Défenfe du Poëme Héroïque, laquelle parut en 1674, non en 1675, comme M. Broffette & l'Edition de 1740, le difent. DE ST. MARC.

VERS 3. Où le Prophete Des-Marais. ] Son nom eft écrit Des-Marais, afin que la Rime foit plus visible. Il s'étoit érigé, dans quelques Ouvrages, en Homme infpiré. Dans fes Délices de l'Esprit, Part. III, pag. 2, il difoit fort férieufement, que Dieu, par fa bonté infinie lui avoit envoyé la clef du trésor de l'Apocalypfe. Dans fon Avis au Saint-Esprit, il affuroit que Dieu l'avoit def tiné à faire une réformation générale du genre humain;

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que pour cet effet il levoit une armée de cent quarantequatre mille victimes dévouées à tout faire, & à tout fouffrir, felon fes ordres. Il annonçoit quantité d'autres merveilles, dont M. Nicole fit voir le ridicule dans huit Lettres, intitulées, Les Vifionnaires, tant à caufe de la Comédie des Vifionnaires de Des-Marets, que parce qu'on y découvroit la fource de l'illufion des Fanatiques, & qu'on lui démontroit qu'il en étoit un. Ces Lettres parurent au commencement de 1666.

VERS 5. Qui mit le Port-Royal en poudre. DES-MARETS avoit fait en 1665, une Réponse à l'Apologie pour

Va me percer de mille traits.
C'en eft fait, mon heure eft venue.
Non que ma Mule, foutenue

De tes judicieux avis,

10 N'ait affez de quoi le confondre:
Mais, cher Ami, pour lui répondre,
Hélas! il faut lire Clovis,

REMARQUES.

les Religieufes de Port-Royal. Ce qu'il y a de plus fingulier ici, c'est que M. Despréaux en plaifantaut fur cet Ouvrage, adreffe la parole à M. Racine, qui luimême avoit par une Lettre imprimée en 1666, pris la défenfe de Des-Marets & des Poëtes de Théatre, que M. Nicole avoit traités dans fa premiere Vifionnaire d'empoisonneurs publics & de gens horribles parmi les Chrétiens. BROSSETTE.

§. M. Broffette, à la fuite des Œuvres de M.Defpréaux, avoit fait imprimer cette Lettre de M. Racine. On ne la trouvera pas dans cette Edition, non plus que les Réponfes que MM. Du Bois & Barbier d'Arcourt firent à cette Lettre, ni celle par laquelle M. Racine leur repliqua. Ces trois Pieces ayant été jointes à la premie re Lettre de M. Racine, dans les Editions des Œuvres de notre Auteur, dont M. Du Monteil a pris foin, on a cru qu'elles n'avoient plus que faire ici, depuis qu'on les a fait entrer toutes avec les Notes de M. Broffette & de M. Du Monteil, dans l'Edition des Œuvres de M. Racine, donnée à Paris en 1736.

VERS 12. Hélas! il faut lire Clovis. ] POEME de DesMarets ennuyeux à la mort. DESP.

Dans quelques Editions on lit: envieux à la mort; & cette faute d'impreflion fait une équivoque affez plaifante. Ce dernier Vers fait allufion à quelque chofe, dont la connoiffance rend l'Epigramme beaucoup plus piquante. Ce qu'il y avoit alors de jeunes Seigneurs des plus fpirituels à la Cour, s'affembloit prefque tous les jours avec MM. Despréaux, Racine, Furetiere, & quelques autres Perfonnes d'élite chez un fameux Traiteur du

III.

VERS pour mettre fous le Bufte du Roi, fait par M. GIRARDON, l'année que les Allemands prirent Belgrade.

C'EST ce Roi fi fameux dans la paix, dans la guerre,

Qui feul fait à fon gré le deftin de la Terre.

REMARQUES.

Cimetiere Saint Jean, à la Croix de Lorraine. Ils avoient une Chambre qui leur étoit affectée. Là fut compofée la Paro lie de quelques Scenes du Cid, fur une prétendue querelle de Chapelain & de La Serre, avec l'enlévement de la Perruque à Calotte du premier. Là fur imaginée la Métamorphofe de cette fameufe Perruque en Comete. Là fut faite en très-peu de jours la Comédie des Plaideurs de Racine. Il ne feroit pas poffible de raconter toutes les plaifanteries que ce rendez-vous a vu naître. Il y avoit toujours fur la table de cette Chambre un Exemplaire de La Pucelle de Chapelain. Quand quelqu'un de la Compagnie avoit fait une faute foit contre la pureté du Langage, foit contre la jufteffe du raisonnement, ou quelque autre à peu près de même nature, on le condamnoir, à la pluralité des voix, à lire un certain nombre de Vers de ce Poëme. Quant la fau→ te étoit confidérable, le coupable devoit en lire vingt. Il falloit qu'elle fût énorme pour qu'on le condamnâť à la page entiere. BROSS.

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§. Au fujet de Des-Marets, voyez Sat. I, 128. Sat. IV' Som. & Vers 65. Sat. V, 148. Sat. VII, 68. Sat. VIII, 307. Epit. I, 5, 15. Art Poét. Ch. I › 4, 71. 91, 94, 105, 119. Ch. II, 145. Ch. III, 32, 41' 176, 189, 193, 197, 217, 219, 225, 229, 232, 233, 247, 249, 272, 285, 296, 325, 409. Ch. IV, 85, 152, 236. Lutr. II. Avis Rem. 4. Ch. 1, 3, 26, 87, 218. Ch. II, 41, 52, 122, 152. Ch. III, 137, 151. Ch. IV ̧. 6,77, 227. Epigr. XIX.

III. M. de Louvois ayant fait graver le Portrait du Roi, chargea M. Kaine & M. Dejpréaux de faire des Vers

Tout reconnoît fes loix, ou brigue fon appui.
De fes nombreux combats le Rhin frémit encore;
5. Et l'Europe en cent lieux a vu fuir devant lui
Tous ces Héros fi fiers, que l'on voit aujourd'hui
Faire fuir l'Ottoman au-delà du Bosphore.

I V.

VERS pour mettre au bas du Portrait de Mademoifelle DE LAMOIGNON.

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AUX fublimes vertus nourrie en fa famille,

Cette admirable & fainte Fille

En tous lieux fignala fon humble piété :
Jufqu'aux climats où naît & finit la clarté,

REMARQUES.

pour être mis fous ce Portrait. M. Racine eut plutôt fait & fes Vers furent gravés. Ceux-ci furent destinés à l'ufage annoncé dans le titre. Ce fut en 1687, que Girardon fit le Bufte du Roi.

IV. Vers 4 Jusqu'aux climats où nait & finit la clarté. ] Mademoifelle de Lamoignon faifoit tenir de l'argent à beaucoup de Miffionnaires jufques dans les Indes Orientales & Occidentales. DrSP.

Madelaine de Lamoignon, fœur du Premier-Préfident de ce nom, a vécu dans une pratique continuelle des Vertus Chrétiennes. Elle étoit douée fur-tout d'une grande douceur & d'une ardente charité pour les Pauvres. Elle appelloit ordinairement M. Defpréaux, fon Directeur; mais quelquefois elle vouloit le diriger à fon tour. Elle ne trouvoit pas bon qu'il fit des Satyres, parce qu'elles bleffent la Charité. Mais ne me permettriez-vous pas, lui dit-il un jour, d'en faire contre le GRAND TURC, ce Prince infidele, l'Ennemi de notre Religion? Contre le GRAND TURC! reprit Mademoiselle DE LAMOIGNON. H♦

5 Fit reffentir l'effet de fes foins fecourables;
Et jour & nuit, pour Dieu pleine d'activité,
Confuma fon repos, fes biens & fa fanté,
A foulager les maux de tous les Miférables.

V.

VERS pour mettre au devant d'un ROMAN ALLEGORIQUE,où l'on expliquoit toute la MORALE DES STOÏCIENS.

LACHES

ACHES Partifans d'Epicure,
Qui brûlant d'une flamme impure,

REMARQUES.

non! C'est un Souverain, & il ne faut jamais manquer de respect aux personnes de ce rang. Mais contre le DIABLE, repliqua M. Despréaux, vous me le permettriez bien ? NON, dit-elle encore, après un moment de réflexion; il ne faut jamais médire de perfonne. BROSS.

Madelaine de Lamoignon, née le 18 de Septembre, mourut le 14 Avril 1687, dans fa 78. année. Elle fut inhumée aux Cordeliers dans la Chapelle de fa Famille. DE ST. MARC.

D

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V. L'Epigramme à la louange du Romam Allégori que, dit l'Auteur dans une Lettre du 19 Avril 1701 >> regarde M. l'Abbé d'Aubignac, qui a compofé La » Pratique du Théatre, & qui avoit alors beaucoup de réputation. Ce Roman Allégorique, qui étoit de fon » invention, s'appelloit, Macarize, ou la Reine des Iles fortunées; & il prétendoit que toute la Philofophie Stoicienne Y étoit renfermée. La vérité eft qu'il n'eut » aucun fuccès, & qu'il ne fit de chez Sercy qu'un faut chez l'Epicier. Je fis l'Epigramme pour être mise au devant de fon Livre, avec quantité d'autres Ouvra»ges, que l'Auteur avoit exigés de fes amis pour le » faire valoir, mais heureusement ie lui portai l'Epigramme trop tard, & elle n'y fur point mife. Dieu.

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