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PARIS. TYPOGRAPHIE DE HENRI PLON, IMPRIMEUR DE L'EMPEREUR,

RUE GARANCIÈRE, 8.

UNIVERSELLE

(MICHAUD)

ANCIENNE ET MODERNE,

OU

HISTOIRE, PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE, DE LA VIE PUBLIQUE ET PRIVÉE DE TOUS LES HOMMES

QUI SE SONT FAIT REMARQUER PAR LEURS ÉCRITS,

LEURS ACTIONS, LEURS TALENTS, LEURS VERTUS OU LEURS CRIMES.

NOUVELLE ÉDITION,

PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. MICHAUD,

REVUE, CORRIGÉE ET CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTÉE D'ARTICLES OMIS OU NOUVEAUX

OUVRAGE RÉDIGÉ

PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES ET DE SAVANTS.

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CHEZ MADAME C. DESPLACES,
ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE DE LA DEUXIÈME ÉDITION DE LA BIOGRAPHIE UNIVERSELLE,

RUE DE VERNEUIL, 52,

ET CHEZ M. MICHAUD, AUX TERNES.

1857

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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.

HEADLEY (HENRI), poëte anglais, né en 1766 à Instead, dans le comté de Norfolk, mort à Norwich en novembre 1788, à l'âge de 23 ans, publia, n'ayant pas encore vingt ans, un volume de Poésies qui sont estimées; l'ouvrage sur lequel se fonde sa réputation est un recueil en 2 volumes in-8°, publié en 1787, intitulé: Beautés choisies de l'ancienne poésie anglaise, avec des esquisses biographiques. Ce recueil paraît avoir donné en quelque sorte le signal de ces recherches dans les monuments de l'ancienne poésie anglaise, qui ont été si multipliées de nos jours. Il a travaillé au Gentleman's magazine, et à un ouvrage intitulé: Olla podrida, recueil périodique, en quarante-quatre numéros, imprimés pour la deuxième fois en 1788, in-8°.

X-s.

H

HEARNE (THOMAS), antiquaire anglais, né en 1678 à White-Waltham, dans le Berkshire, montrait dès son enfance tant de goût pour les antiquités, qu'on le voyait, dit-on, se traîner toujours sur les vieilles pierres sépulcrales du cimetière avant qu'il sût lire. Son père, qui tenait l'école dans sa paroisse, était hors d'état de lui donner d'autre instruction que celle qu'il possédait luimême; mais un gentilhomme, nommé Cherry, prit soin du jeune Hearne, et après avoir formé son esprit il l'envoya en 1695 à Oxford. La bibliothèque de cette université devint le séjour favori de son élève, et détermina sa carrière pour la vie. Hearne s'y fit bientôt connaître avantageusement par son talent singulier pour la lecture et la collation des manuscrits, et les docteurs Mill et Grabe se servirent souvent de lui pour cet objet. Il ne se rendit pas moins utile en faisant le supplément du catalogue de la bibliothèque; il y obtint ensuite une petite place, désignée dans le langage académique par le nom de janitor. Peu de temps après il eut celles d'architypographe et d'huissier de la loi civile. C'étaient, malgré des noms imposants, des emplois bien subalternes; mais ils suffisaient à l'ambition de Hearne, qui ne voyait pas de bonheur comparable à celui de vivre dans une bibliothèque. Aussi refusa-t-il des places plus lucratives, qui l'auraient obligé d'en sortir. Nommé enfin sous-bibliothécaire en 1712, il n'eut plus de vœux à former. Cependant le sort réservait une rude épreuve à notre bibliophile. Hearne

était sincèrement dévoué à la famille Stuart : les malheurs de cette dynastie ne diminuèrent en rien son attachement pour elle. Il lui rendit hommage dans la plupart des ouvrages qu'il mettait au jour, au risque d'être persécuté par les nombreux ennemis de cette famille infortunée, et lorsque le gouvernement exigea de tous les fonctionnaires le serment de fidélité, Hearne refusa de se conformer à cet ordre. Il fallut choisir entre deux grandes affections de son cœur: son dévouement pour les Stuart, et son attachement à sa bibliothèque. Hearne ne balança point; il résigna sa place de sous-bibliothécaire, et resta fidèle à ses principes. Ceux qui ne furent pas capables de l'imiter, prirent le parti de le haïr. On lui suscita des querelles; on déterra une brochure qu'il avait écrite dans sa jeunesse pour défendre ceux qui avaient prêté serment au roi Guillaume. Hearne se contenta de répondre qu'il avait mal vu et mal jugé étant jeune, et qu'il s'amendait dans l'âge mûr. Autant on méprise ceux qui changent de conduite par des vues d'intérêt personnel, autant on estime les hommes qui reviennent sur leurs premières opinions, après de mûres délibérations, au péril de leur fortune. C'est ce qui arriva aussi à Hearne; ses compatriotes finirent par mettre du prix à attirer dans le parti dominant un homme aussi respectable, et on lui fit des offres brillantes, à condition qu'il prêterait serment. Hearne refusa tout, et resta jacobite jusqu'à la mort. II vivait plus avec les livres et les manuscrits qu'avec le monde, et ce n'était que dans les préfaces de ses ouvrages qu'il laissait percer ses sentiments politiques. La découverte d'un vieux manuscrit le charmait plus que rien au monde. Un jour, dans l'effusion de sa joie après une de ces découvertes, il adressa au ciel la prière suivante qu'on a trouvée parmi ses papiers : « Seigneur plein de grâce « et de miséricorde, je vous remercie mille fois « des soins que vous avez toujours pris de moi. << Sans cesse vous me donnez des preuves signa<«<lées de votre providence encore hier vous me « fites trouver inopinément trois vieux manuscrits; « je vous en rends grâces, en vous suppliant de «< continuer de m'accorder, pour l'amour de Jé«< sus-Christ, la même protection, à moi pauvre pécheur. » Cet acte de piété paraîtrait ridicule

"

Gidding parva in agro Huntingtoniensi pertinentes subnexuit, Oxford, 1730, 2 vol. in-8° (roy. FERRAR). Cette histoire des antiquités de l'université d'Oxford, par Th. Key (voy. Caws), est curieuse et recherchée. Hearne s'est presque toujours borné au rôle d'éditeur. Mais dans beaucoup d'ouvrages publiés par ses soins, il a inséré des dissertations savantes sur toute sorte de sujets. Dans ses préfaces, il déclame souvent contre le vandalisme des premiers réformateurs, et rend plus de justice que la plupart de ses compatriotes aux chroniques et aux compilations faites dans les monastères. Aussi l'a-t-on soupçonné d'avoir vécu et d'ètre mort dans la communion de l'Église romaine; depuis vingt ans on ne le voyait plus au service divin dans l'église anglicane, et avant ses derniers moments, il reçut secrètement un inconnu que l'on a cru être un prêtre catholique déguisé. Par une disposition assez bizarre de son testament, après avoir légué à un ami son cabinet de monnaies et médailles, il ajoute : « Et je souhaite « qu'en quelques mains qu'elles puissent tomber << dans la suite, on les conserve toutes ensemble, « et qu'on ne les montre jamais qu'à des per<< sonnes qui s'y entendent. » L'histoire d'Angle

s'il ne provenait d'un homme de mœurs trèssimples, qui, dans sa vie solitaire, rapportait tout à la Divinité. C'est aussi par sa manière d'exister simple, frugale et laborieuse, qu'on peut expliquer comment il a pu amasser une somme de mille livres sterling qu'on trouva chez lui après sa mort, arrivée le 21 juin 1735. Il légua ses manuscrits au docteur G. Bedford: celui-ci les vendit pour cent guinées au docteur Karolinson; et en vertu du testament de ce savant, ils passèrent à la bibliothèque Bodléienne à Oxford. On y trouve toute la correspondance de Hearne, et une espèce de journal qu'il avait tenu de ses travaux archéologiques. Ces manuscrits forment, à ce qu'on assure, cent petits volumes. On peut voir dans le Dictionnaire de Chaufepié la liste des ouvrages publiés par cet infatigable écrivain, au nombre de quarante, indépendamment des tables qu'il avait pris la peine de faire pour divers ouvrages. Nous indiquerons seulement les suivants : 1° Reliquiæ Bodleianæ, ou OEuvres posthumes de sir Thomas Bodley, avec le premier projet de statuts de la bibliothèque publique d'Oxford, Londres, 1705, in-8° (en anglais); 2o Justinus, avec des notes, Oxford, 1705, in-8°, collationné sur quatre manuscrits; 3° Livius, ibid., 1708, 6 vol. in-8°, édi-terre doit à Hearne un grand nombre de titres et tion assez estimée; 4° Lettre sur quelques antiquités entre Windsor et Oxford, 1725; 5° Vie d'Alfred le Grand, par L. Spelman, imprimée sur le manuscrit original de la bibliothèque Bodléienne, 1710; 60 Itinéraire de Jean Leland, antiquaire, accompagné de plusieurs discours curieux, 1710, in-8°; édition rare, n'ayant été tirée qu'à cent vingt exemplaires : on l'a réimprimée en 1744; 7° H. Dodwell de parma equestri Woodwardiana dissertatio, Oxford, 1713, in-8°. Hearne fut obligé de faire plusieurs cartons pour la préface après la publication de l'ouvrage. 8° Lelandi de rebus Britannicis collectanea, 1715, 6 vol.; tiré à cent cinquante exemplaires; 9° Acta Apostolorum græco-latine, litteris majusculis, e codice Laudiano..., Oxford, 1715, in-8°; tiré à cent vingt exemplaires; 10° J. Rossi, antiquarii Warwicensis, Historia regum Angliæ, 1716, in-8°, tiré à soixante exemplaires; réimprimé dans la 2e édition de l'Itinéraire de Leland; 11° Alvredi Beverlacensis annales, sive historia de gestis regum Britanniæ, 1716, in-8°; tiré à cent quarante-huit exemplaires, de même que le suivant; 12o G. Koperi vita D. Thomæ Mori, 1716; 13° Recueil de dissertations curieuses écrites par des antiquaires distingués, sur divers sujets d'antiquités anglaises, 1720; 14° Roberti de Avesbury Historia de mirabilibus gestis Edwardi III. Hearne y a joint des lettres de Henri VIII à Anne Boulen, 1720; 15° Th. Caii vindiciæ antiquitatis academiæ Oxoniensis, contra Johannem Caium; in lucem ex autographo emisit Thom. Hearnius, qui porro non tantum Antonii vitam a se ipso conscriptam, et Humphredi Humphreys, episcopi nuper Herefordiensis, de viris claris Cambro-Britannicis observationes, sed et reliquias quasdam ad familiam religiosissimam Ferrariorum de

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de chartes qui, sans ses recherches laborieuses,
n'auraient peut-être jamais vu le jour; quelques-
uns des manuscrits dont il fut éditeur ne méri-
taient peut-être guère l'honneur de la publicité;
mais c'est le plus petit nombre; tous les autres
sont assez intéressants pour que les Anglais doi-
vent lui savoir gré d'avoir tiré ces ouvrages de
l'obscurité. Un libraire de Londres a commencé,
vers le commencement de ce siècle, à réimprimer
la collection des œuvres de Hearne, qui pour la
plupart sont devenues rares, et se payaient très-
cher dans les ventes publiques; mais, faute d'en-
couragements, il a été obligé d'abandonner cette
entreprise. Huddesford a composé la vie de Hearne,
en prenant pour guide le journal même écrit de
la main de ce savant antiquaire; et il l'a publiée
en 1772 avec celles de Leland et de Wood, en
2 volumes in-8°.
D-G.

HEARNE (SAMUEL), voyageur anglais, naquit en 1745. Le peu d'inclination qu'il montrait pour l'étude, et l'ardeur qu'il témoignait pour la profession de marin, engagèrent sa mère, restée veuve, à le conduire elle-même à Portsmouth quand il n'était encore àgé que de onze ans. Il s'embarqua sur le vaisseau du capitaine depuis lord Hood. On était alors en guerre; Hood ne tarda pas à combattre, et fit plusieurs prises; il dit à Hearne qu'il aurait sa part du butin; celuici le pria de tout donner à sa mère, qui saurait mieux l'usage qu'il conviendrait d'en faire. A la fin de la guerre, Hearne voyant qu'il avait peu d'espoir d'avancement dans cette partie, quitta la marine royale, et entra au service de la compagnie de la baie d'Hudson. Son activité, son intelligence, un vif désir d'entreprendre quelque découverte

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