Le Chercheur, Volume 2

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J. Dussault., 1889

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Popular passages

Page 48 - ... travers de grandes statues blanches qui ressemblent à des fantômes, se mouvoir lentement une espèce de montagne d'or. On n'en distingue encore rien qu'une sorte de scintillement lumineux qui fait étinceler sur toute la surface du char tantôt des étoiles, tantôt des éclairs. Une immense rumeur enveloppe cette apparition. On dirait que ce char traîne après lui l'acclamation de toute la ville comme une torche traîne sa fumée.
Page 242 - Il n'ya guère plus de relation entre ces causes et ces effets, qu'avec la gymnastique qui exerce les doigts et fortifie les jambes. Celui qui espérerait enseigner la géométrie en donnant des leçons de latin, ou qui en dessinant croirait apprendre à jouer du piano, serait jugé bon à mettre dans une maison de fous; il ne serait pourtant guère plus déraisonnable que ceux qui comptent produire des sentiments meilleurs au moyen d'une discipline des facultés intellectuelles.
Page 139 - Ces hommes ne furent pas grands! ils furent les ouvriers d'une grande heure. Il ne faut pas les proposer à l'imitation; ceux qui les imiteraient seraient des scélérats. Nous les aimons, à condition qu'ils soient les derniers de leur école. Ils réussirent par une gageure incroyable, contre toute vraisemblance. Là où ils ont trouvé la gloire, leurs élèves attardés ne récolteraient que la ruine, le désastre et la malédiction. Les centenaires ne sont la faute de personne; on ne peut pas...
Page 47 - Il semblerait pourtant que cette fête n'eût rien d'impolitique et ne pouvait rien avoir d'impopulaire; au contraire, M. de Montpensier en dépensant deux cent mille francs a fait dépenser un million. Voilà, dans cet instant de misère, douze cent mille francs en circulation au profit du peuple; il devrait être content. Eh bien, non.
Page 140 - La fièvre peut être féconde, quand elle est l'indice d'un travail intérieur; mais il ne faut pas qu'elle dure ou se répète; en ce cas, c'est la mort. La Révolution est condamnée, s'il est prouvé qu'au bout de cent ans elle en est encore à recommencer, à chercher sa voie, à se débattre sans cesse dans les conspirations et l'anarchie.
Page 263 - Oh! la leçon qui n'est pas sue, Le devoir qui n'est pas fini! Une réprimande reçue, Le déshonneur d'être puni! Tout leur est terreur et martyre; Le jour, c'est la cloche, et, le soir, Quand le maître enfin se retire, C'est le désert du grand dortoir : La lueur des lampes y tremble Sur les linceuls des lits de fer; Le sifflet des dormeurs ressemble Au vent sur les tombes, l'hiver.
Page 228 - ... que ceux du baptême et du sacerdoce. Là une sainte liberté fait un saint engagement ; on obéit sans dépendre, on gouverne sans commander; toute l'autorité est dans la douceur, et le respect s'entretient sans le secours de la crainte.
Page 139 - Les centenaires ne sont la faute de personne; on ne peut pas empêcher les siècles d'avoir cent ans. C'est bien fâcheux cependant. Rien de plus malsain que de rythmer la vie du présent sur le passé, quand le passé est exceptionnel. Les centenaires appellent les apothéoses : c'est trop . Une absoute solennelle avec panégyrique, rien de mieux; un embaumement où le mort est enveloppé de bandelettes, pour qu'il ne ressuscite plus, nous plairait aussi infiniment; gardons-nous, au moins, de tout...
Page 237 - Messieurs, j'avoue que ce que vous venez d'entendre pourrait être le salut de la patrie, si les présents du despotisme n'étaient pas toujours dangereux. Quelle est cette insultante dictature ? L'appareil des armes, la violation du temple national, pour vous commander d'être heureux ! Qui vous fait ce commandement ? votre mandataire. Qui vous donne des lois impérieuses ? votre mandataire, lui qui...
Page 138 - Les fous, les incapables, les scélérats y sont attirés par le sentiment instinctif que leur moment d'être utiles est venu. Le succès des journées de la Révolution semble obtenu par la collaboration de tous les crimes et de toutes les insanités. Le misérable qui ne sait que tuer, a de beaux jours.

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