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trophes, ce devoir social n'ait point encore été mieux compris par nos politiciens, si avides de réformes... dans leurs programmes électoraux seulement. L'ouvrier des villes habite de misérables bouges, sans air ni lumière, dont il paie le loyer vingt fois leur valeur... Et l'on s'étonne de la morbidité croissante par phtisie ! En voilà, pourtant, une cause palpable, et que l'on atténuerait aisément, si nos gouvernants le désiraient avec sincérité.

L'artisan ne doit pas quitter les insulabrités inhérentes à l'atelier et à l'usine, -inséparables presque du milieu du travail,—pour regagner ́un taudis plus insalubre encore.

A propos de la tuberculose

DR. ED MONIN.

En dépit des prix proposés, des legs philantrophiques et des encouragements donnés aux chercheurs, le traitement de la tuberculose et de beaucoup d'autres affections restera encore longtemps la quadrature du cercle de la thérapeutique.

La tuberculose a tenté autant de cerveaux d'inventeurs que la direction des ballons, les mémoires s'entassent, les remèdes prônés par la réclame ont leur minute de célébrité, puis s'en vont moisir dans l'arrière officine du pharmacien ; il n'y a qu'une chose qui varie peu, c'est le fléau.

Dernièrement, on nous a beaucoup vanté les inhalations d'acide fluorhydrique pour le traitement des phtisiques et cette méthode nous avait paru singulièrement homéopathique. En effet, l'acide fluorhydrique employé parfois pour la gravure sur verre a pour l'eau une avidité qui le rend redoutable pour le tissu attaqué. Une seule goutte, tombée sur la main produit une brûlure profonde aver tuméfaction et ulcération. Les ongles atteints par ce caustique sont traversés et les tissus sous-jacents sont détruits au bout de quelques heures. Mises en présence de muqueuses déjà malades, les vapeurs d'acide flourhydrique doivent activer l'inflammation et je ne pense pas que ce soit là précisément le résultat cherché dans le traitement des phtisiques. Aussi d'après l'opinion générale, le traitement par les inhalations d'acide fluorhydrique parait avoir échoué dans plusieurs hôpitaux et il est condamné vraisemblablement à aller retrouver dans l'enfer des remèdes un grand nombre de panacées, ses congénères.

En face de la terrible tuberculose, le médecin désarmé n'a guère qu'un palliatif, l'hygiène, qui est moins une arme qu'un bouclier.

Le traitement comporte deux facteurs principaux: le climat et l'altitude. Il faut avant de chercher les bacilles se préoccuper d'améliorer l'état général du malade et préparer contre l'invasion du bacille un terrain de résistance des plus solides. L'état mental du malade ne doit pas être négligé, car son influence est grande sur la santé générale et snr l'énergie nécessaire au malade dans sa lutte pour la vie. Le choix de l'air doit être laissé au médecin ; l'air du voisinage des forêts est préférable à celui de la mer. De même, l'alimentation doit être surveillée

avec soin; il faut qu'elle soit riche en graisse et en hydrocarbures; le lait et l'alcool à petites doses sont d'excellents adjuvants. Avec beaucoup de patience et de prudence, avec surtout pour médecin un brave homme qui sera l'ami de son malade, on améliore et on guérit même des phtisiques sans autre medicamment que l'air pur.

DR OX.

BIBLIOGRAPHIE

Religion

QUELQUES SCÈNES de la PASSION de NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, par M. l'abbé Burguière, chanoine de la cathédrale de Rodez. Un volume in-80, 400 pages, filets rouges. Prix : 4 francs. Société de SaintAugustin, Bruges.

Les récits de l'Evangile sur la passion du Sauveur, si simples et si touchants, sont une source inépuisable de saintes et hautes pensées, de réflexions salutaires, de pieuses émotions, de consolantes espérances.

Nous félicitons l'estimable auteur d'avoir choisi un si beau sujet et d'en avoir fait la matière de ses méditations et de ses études.

Il a voulu nous faire bien comprendre les faits évangéliques, nous les retracer vivement et nous les expliquer à tous les points de vue. D'une part, il répond aux erreurs et aux vaines théories de la fausse science contemporaine; il repousse les attaques du rationalisme, qui ne semble occupé qu'à défigurer les faits et à les ramener à des proportions tout humaines. D'autre part, il rend sensible le sens mystique qu'il faut y attacher, il fait ressortir les grands enseignements qu'ils renferment, les conséquences morales qui en découlent. Ce livre est à la fois un exposé historique d'une parfaite exactitude, un ouvrage de doctrine, de critique et de discussion solide, et un traité de spiritualité où sont indiquées en passant les règles les plus sages pour la direction des âmes C'est dire tout l'intérêt qu'il présente aux lecteurs sérieux.

Le style est en harmonie avec le sujet grave, ferme, d'un ton noble et soutenu, sans s'écarter jamais d'une simplicité nécessaire dans de pareilles matières.

Dans l'exposition des faits, M.Burguière a suivi l'ordre chronologique d'après la concordance des Evangiles. Il nous donne le vrai sens du texte en rapprochant les prophéties des faits qui en sont la réalisation et l'accomplissement, et en prenant pour guide les interprétations des Pères et des Docteurs et les anciennes traditions recueillies avec soin. Quelle méthode plus sûre pouvait-on adopter?

Nous faisons des vœux pour que ce livre solide et touchant qui fait si bien passer sous nos yeux les plus augustes mystères de notre foi, se trouve en beaucoup de mains et soit lu par un grand de personnes. Il est destiné à produire les impressions les plus salutaires, à raviver notre foi, à fortifier notre espérance, à exciter notre amour pour l'hommeDieu immolé pour le salut du monde. C'est toute la récompense que le pieux auteur ambitionne et qu'il mérite d'obtenir.

VIE de SAINT JEAN BERCHMANS, de la Compagnie de Jésus, écrite par le P. Virgile Cepari, de la même Compagnie. Un volume in-80, 200 pages, filets rouges, orné d'un portrait du Saint et de nombreuses gravures dans le texte. Prix: 2 fr. Société de Saint Augustin, Bru

ges.

Quand le Père Cepari, recteur du Collège Romain et directeur de Jean Berchmans, fut appelé à témoigner dans le procès ouvert sur les vertus du pieux jeune homme, il se borna à dire "Je dépose comme vrai, sous la foi du serment, tout ce que j'ai écrit de sa vie." Voilà pour l'authenticité des faits rapportés dans ce livre.

:

Mais était-il bon juge, ce Père Cepari ?-Confesseur de sainte Madeleine de Pazzi, ami de Saint Louis de Gonzague, leur historien et celui de saint François de Borgia, canoniste érudit, théologien profond, auteur d'un Manuel des Causes de Canonisation que loua Benoît XIV, le grand législateur en ces matières, nul ne peut contester sa compétence.

On ne contestera pas non plus le charme et l'émotion de son récit" que ni Bartoli, ni aucun de nos écrivains n'a jamais osé retoucher ou refondre-dit le Père Bocro-tant il est écrit avec exactitude, simplicité, tendresse "

Aussi tout le monde a exploité Cepari : ceux-ci en le citant, ceux-là en l'arrangeant, d'autres en l'adaptant, mot pris dans un sens nouveau. qui désigne une chose fort ancienne : l'infidélité dans la traduction. Mais Cepari lui même, nous ne l'avions pas en français, car le Père Cachet (1630) et le Père Frizon (1706,) dont les versions ont été rééditées cent fois, avec corrections et rajeunissements, ne traduisaient pas, ils adaptaient.

L'édition présente nous donne enfin Cepari ; et c'est si bien ici un décalque de l'original que, tout en étant très française, la phrase a je ne sais quoi de naïf et d'âgé qui vient de l'auteur plus que du traducteur, et qui conserve au récit son onction pénétrante et sa native saveur. Bien plus, c'est Cepari complété par lui-même, car le Père Bocro, qui le réédita en 1865, avait eu la bonne fortune de retrouver, écrites de la main de l'auteur, bien des choses que celui-ci avait omises à dessein. pour ne pas prévenir le jugement de l'Eglise : on les lira donc ici à leur place.

Le Père Bocro, postulateur de la Cause en 1865, comme Cepari l'avait été en 1624, a ajouté à l'ouvrage une quatrième partie, consacrée au récit de nombreux miracles et à l'historique de la béatification. Enfin, l'appendice contient la relation détaillée des deux miracles qui ont déterminé la canonisation du nouveau patron de la jeunesse, saint Jean Berchams.

SAINT CHARLES BORROMÉE, image en chromolithographie, format in-40. -Société St-Augustin, Bruges.-Prix: fr. 0.50.

Les éditeurs de la société Saint Augustin nous présentent cette fois, non pas une image de sainteté, mais un portrait chromolithographié ; il est fait d'après la délicieuse peinture de Fitgino, et traité avec le coloris riche et harmonieux, avec le sentiment grave et pieux, de l'ancienne

école italienne; il a tout le rendu d'une peinture à l'huile et toutes les touches du pinceau le plus exercé. Une figure aussi connue, aussi caractérisée, aussi belle que celle du grand archevêque de Milan était faite, en effet, pour tenter l'éminent artiste qui a déployé dans l'exécution du carton un talent si remarquable; il a été dignement servi par un chromolithographe hors ligne.

Le Saint se présente en buste, revêtu du camail écarlate et coiffé de la toque de cardinal: vue de profil, sa puissante silhouette s'enlève doucement sur le jaune or d'un large nimbe, lequel se détache sur un fond vert terne, qui donne à l'ensemble de l'harmonie en même temps que du relief. La physionomie est sereine et pensive; l'œil profond, la bouche pleine de finesse, donnent un charme particulier et une expression pénétrante à cette figure anguleuse et puissante, l'une des plus inoubliables de toutes les figures historiques.-Revue de l'Art chrétien.

Variétés

LA CHINE. Huit ans au Yun-Nan, récit d'un missionnaire, par M. POURIAS, de la Société des Missions étrangères de Paris-1 vol. in-80 broché, 2 fr. Société de Saint-Augustin, Bruges.

Huit ans, grande mortalis ævi spatium ! Ce ne sont donc pas ici des notes de touriste, inscrites à la hâte sur les dires d'autrui et complétées après coup par les livres d'autrui; des impressions de voyage toujours trop subjectives et dont la sincérité ne garantit pas la vérité: non, l'auteur a eu le temps de bien voir; son livre, qui ne doit rien à personne, est un livre vécu et vivant-Soit, mais livre de missionnaire.En est-il moins vrai ? L'adage: A beau mentir qui vient de loin, pourrait servir d'exergue à bien des relations d'explorateurs revenus. Le missionnaire, lui, ne revient pas de loin, il y reste. Sa présence continuée sur le théâtre des scènes qu'il rapporte, double l'autorité de son témoignage. Avant qu'on eut inventé les missions géographiques, les missions catholiques avaient rendu à la géographie et à l'ethnographie des services sans lesquels ces sciences, dont nous sommes fiers, seraient encore dans l'enfance. Ne l'oublions pas.

A ce point de vue particulier, le livre de M. Pourias est à signaler: il contient en effet de précieux renseignements sur l'histoire, la topographie, les races et les mœurs du Yun-Nan, l'une des provinces les plus inaccessibles et les moins connuesde la Chine; l'une des plus intéressantes à étudier cependant, puisqu'elle confine à la Birmanie et au Tonkin, c'est-à-dire à la France et à l'Angleterre.

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Mais ces données, pour exactes qu'elles soient, n'ont pas la forme pédantesque; elles sont semées dans un très curieux récit des origines et des progrès du christianisme dans le district de Kiutsin. Très curieux n'est pas assez dire le livre est charmant ; il est plein d'épisodes variés, les uns dramatiques, les autres bizarres, c'est normal en Chine; les descriptions ont du relief et de la couleur; le style est facile et ferme; enfin vingt-cinq gravures, dont une carte, achèvent l'ilusion du lecteur qui se croit tout de bon là bas.

Mais l'auteur ?-Ah! vous êtes de l'avis du prince de Ligne, qui voulait, avant d'ouvrir un livre, savoir comment vivait l'auteur. Vous n'avez pas tort. Quand l'auteur mourut dans ce Yun-Nan que peint son livre, un grand mandarin, païen s'il vous plaît, vint saluer son cadavre et dit aux assistants: " Le Père a travaillé, a vécu, a souffert, est mort pour vous apprendre la vertu. Rappelez-vous donc tout ce qu'il vous a prêché, et prouvez votre reconnaissance par votre fidélité à mettre en pratique les enseignements qu'il vous a donnés. "

DUPLEIX ou les Français aux Indes Orientales, par A. CLARIN DE LA RIVE, Membre et Lauréat de la Société des Etudes Historiques de France. Prix: 2 francs, Société de Saint-Augustin, Bruges.

L'Inauguration récente de la statue de Dupleix, à Landrecies, a remis en mémoire le souvenir de ce héros, méconnu de son vivant, oublié après sa mort, et qui dut sa première réhabilitation à ceux qu'il combattit sans trêve, aux Anglais. Quelle épopée que la vie de cet homme qui, parti pour les Indes avec un maigre trousseau, eut refait à lui seul la fortune et la grandeur de la France, s'il n'avait été constamment entravé par les étroits calculs, le sordide égoïsme d'une Compagnie de marchands; et enfin révoqué par un gouvernement inepte et corrompu qu'effrayait son génie ! Tour à tour, trafiquant heureux, organisateur habile, grand homme de guerre et profond homme d'Etat, il marche à son but, à travers des difficulté inouïes, par des exploits fabuleux, des négociations patientes, des prodigalités magnifiques, des coups d'audace; et ce but, c'est de donner à la France l'empire des Indes, que l'Angleterre devait s'assurer, hélas ! en reprenant à son profit la politique de Dupleix. Il touchait au faîte de sa patriotique ambition, quand l'ordre de rappel lui est apporté par un traître : vive le roi le fidèle sujet, plus grand dans sa chute qu'il ne l'avait été dans ce rêve des Mille et une nuits, laidement interrompu par l'envie des uns, la pusillanimité et la bêtise des autres. Dès lors commence son agonie il assiste à l'effondrement de son œuvre et de sa gloire : il est dépouillé par ceux qu'il a enrichis, et, après avoir durant dix années vainement réclamé justice contre la Compagnie des Indes, qui lui devait sept millions, il meurt, sans laisser à sa veuve de quoi payer son cerceuil.

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s'écrie

Plus vraies que vraisemblables, les vicissitudes de cette existence n'ont trouvé que des incrédules à la Cour, comme à la Ville, parmi les contemporains. Pour qu'à 150 ans de distance, nous soyons moins sceptiques,il nous faut des preuves : l'auteur de la Vie de Dupleix, publiée par la Societé de Saint Augustin, l'a compris ; il était d'ailleurs mieux que personne au monde, en état de les fournir. Couronné par la Société des Etudes historiques pour son Histoire de la Compagnie des Indes encore inédite, il a extrait pour ainsi dire de cette riche carrière les matériaux de son Dupleix, et nous pouvons appliquer à cette biographie ce que dit la Société des Etudes Historiques de l'ensemble de l'œuvre : "L'auteur ne permet pas que nous ignorions. Il est remonté aux sources, il a lu "les procès-verbaux des séances de la Compagnie ; il a copié les édits, "les arrêts du Conseil, les règlements ;... il raconte la colonisation et "la guerre daus le plus étonnant détail; il fait ressortir le carac

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