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d'éclairage; avec gravures et schémas d'installation,par E. Reynier. Brochure in-8, 1 fr 25.- Traité pratique de la fabrication des cuirs et du travail des peaux. Tannage, corroyage, hongroyage, mégisserie, chamoiserie, parcheminerie, cuirs vernis, maroquins, fourrures, courroies, selles, équipements militaires, harnais, théorie du tannage, statistiques des cuirs et des peaux, par A. M. Villon, ingénieur-chimiste. Un vol. gr. in-8 contenant 128 figures dans le texte. 18 fr.-Géologie appliquée à l'art de l'ingénieur, par E. Mivoit, ingénieur en chef des mines, professeur à l'école des ponts et chaussées. Tome I: Phénomènes géologiques, minéraux, roches, fossiles. Tome II: stratigraphie, ou géologie proprement dite. Les deux volumes gr. in-8, contenant de nombreuses figures dans le texte, 40 fr.-Chez Nony & Cie, Paris : Problèmes de physique et de chimie à l'usage des élèves de mathématiques spéciales, par Ch. Rivière, docteur ès sciences physiques, professeur au lycée St Louis. In-8, avec figures, 5fr.-Chez Bernard Tignol, Paris : Les machines dynamo-électriques depuis leur origine jusqu'aux derniers types industriels, par P. Clémenceau, ingénieur-électricien. Fort volume in-16, 221 figures dans le texte. 5 fr.-Les machines à glace et les applications industrielles du froid, par P. Lezé, ingénieur. In-16, 35 figures dans le texte, 4 fr.

DROIT--chez Rousseau, Paris: Code annoté des liquidations judiciaires des faillites et des banqueroutes, contenant le texte et le commentaire complet de la loi du 4 mars 1889, avec tous les documents et travaux législatifs, et le résumé méthodique et analytique de la doctrine et de la jurisprudence en matière de faillites, par R. Rousseau, avocat à la Cour d'appel de Paris et H. Defert, avocat au conseil d'Etat et à la Cour de cassation. Un fort volume in-8, 12 fr.-Chez Giard, Paris: Manuel théorique et pratique des actes sous seing privé. 4ième édition avec supplément sur les déclarations et droits de succession, par F. Gilles. In-8, 62 p. 2 fr.

A propos de livres et de journaux

DEMANDES ET REPONSES

D- Indiquer un ouvrage récent et complet sur l'Esthétique, traitant plus particulièrement du beau dans ses manifestations plastiques, peinture, sculpture, etc., où l'on pourrait trouver une introduction. sérieuse à des études de critique artistique faites à un point de vue tout à fait catholique ?-R. Il n'y a rien de mieux que l'Art chrétien de Rio, auquel on peut ajouter comme ouvrage plus récent soit le Guide de l'Art chrétien, de M. Grimouard de St Laurent, 6 vol. in-8 chez Oudin, Paris ; soit le Manuel de l'Art chrétien, du même. 1 vol. gr. in-8.

D-Les études de M. Guillermin, publiées sous le titre : Le monde physique, à la librairie Hachette, sont-elles ce qu'il y a de plus complet et de plus intéressant dans ce genre et sous cette forme ?R. Dans ce genre, oui; mais il faut se mettre en garde contre l'esprit de l'auteur, qui n'est pas toujours sûr, au point de vue religieux.

D-L'esprit dans lequel est rédigé le volume: Géographie physique de la France, par E. Reclus, permet-il de se procurer ce volume en toute sécurité de conscience ?-R. On peut se le procurer et en faire usage, mais non le mettre entre toutes les mains.

LE CHERCHEUR

REVUE ÉCLECTIQUE

VOL. II.

1ER AVRIL 1889.

No. 19.

LE PATRIOTISME

Discours prononcé par le R. P. Félix en l'église de Sainte-Clotilde, le jour de la fête patronale de la paroisse, le 29 mai 1881.

Et dixerunt unusquisque ad proximun suum : Pugnemus pro populo nostro et pro sanctis nostris.

Et chacun disait à son voisin : Combattons pour notre peuple et pour nos choses saintes ; c'est-à-dire, pour notre patrie et pour notre religion.

Mach. L. I. C. III, v. 23.

Il y a une chose, Mes Frères, qui garde dans l'humanité un prestige toujours ancien et toujours nouveau, et qui reçoit du suffrage du monde entier la couronne d'une popularité vraiment immortelle; une chose dont le nom seul fait vibrer dans les âmes les cordes les plus profondes et, en certaines heures plus solennelles, les exalte et les électrise; une chose dont il importe d'autant plus de se faire une idée parfaite ment exacte et d'avoir une notion bien définie, qu'il en est aujourd'hui, par le monde, des imitations insincères et des contrefaçons menteuses cette chose, déjà peut-être vous l'avez nommée tout bas avant que je l'aie nommée tout haut, c'est le Patriotisme.

Le Patriotisme ! ce nom qui retentit bien dans les forums et du haut des tribunes où se débattent les grands intérêts de la Patrie, retentit bien aussi et à propos dans nos chaires catholiques; parce que, comme vous le verrez mieux tout à l'heure, le Catholicisme est le plus grand inspirateur du vrai Patriotisme.

Ce ne sera donc pas sortir du domaine de notre prédication que de prononcer, nous aussi, du haut de nos tribunes saintes, ce mot si justement populaire et si réellement chrétien.

Nous le devons d'autant plus, que des hommes ennemis tout à la fois de notre religion et de notre Patrie, prétendent dépouiller du prestige de ce grand nom la religion dont nous sommes les fils, non seulement en lui déniant la puissance d'inspirer le Patriotisme mais encore en la dénonçant devant toute la nation et devant le monde entier, comme l'ennemie de tout Patriotisme.

Vous parler du Patriotisme, et notamment du Patriotisme chrétien, ne sera-ce pas, d'ailleurs, mettre le discours en correspondance harmonieuse avec la fête que nous célébrons, et avec le lieu où nous la célébrons?

Nous célébrons aujourd'hui, dans la capitale de la Patrie française, la fête de la sainte à jamais illustre qui a contribué le plus à la fondation de cette Patrie française, et qui a fait passer sa grande âme de chrétienne dans l'âme de cette France, depuis si bien nommée la France très chrétienne.

Et, cette fête, nous la solennisons dans cette belle église qui en porte le noble vocable et en garde les reliques vénérées.

Ne vous semble-t-il pas, dès lors, que ce mot: le Patriotisme, sort, comme de lui-même, de l'ensemble de cette fête à la fois religieuse et patriotique ?

La France chrétienne est née, vous le savez, de la prière de Clovis sur le champ de bataille de Tolbiac, et surtout de son baptême par les mains du grand évêque de Reims, Saint Rémi. Or, la prière et le baptême de Clovis furent préparés surtout, vous le savez aussi, par les inspirations et les prières de Clotide, C'est elle qui a imprimé, dans l'âme et au front de notre Patrie, le caractère et le sceau qui la distinguent depuis quatorze siècles au milieu des nations, le caractère du Christ, le sceau d'un vrai Christianisme. Rien donc de plus en situation avec le temps où nous vivons, avec le lieu où nous sommes et avec la fête que nous célébrons, que de vous parler du Patriotisme, et en particulier de ce Patriotisme qui fut dans le passé et sera encore dans l'avenir, celui de notre grande France, le Patriotisme chrétien.

Pour donner à ce grand et beau sujet le relief qu'il mérite, je voudrais montrer, en abrégeant toutefois, ce que c'est que la Patrie dans l'humanité ; ce que le Patriotisme doit être devant la Patrie; ce que le Catholicisme est par rapport à l'une et à l'autre.

Tel est le fond subtantiel, telle est la naturelle division de ce sujet intéressant et par lui-même émouvant.

Daigne l'illustre Patronne de la France très chrétienne, sainte Clotilde, mettre dans ma parole quelque chose de sa grande âme; et puisse ce discours vous faire aimer de plus en plus la France et l'Eglise: la France, qui a toujours défendu et servi l'Eglise, et l'Eglise, qui a toujours aimé et béni la France.

Heureux serai-je si, en obtenant ce résultat que j'ambitionne, je puis répondre aux vœux les plus chers du vénéré pasteur de cette paroisse et de ses dignes coopérateurs dont les cœurs sont, comme tous les vôtres, si profondément catholiques et si profondément français.

I

Le Patriotisme porte dans son nom celui de la Patrie. Donc, pour bien entendre ce que signifie ce mot dont la puissance est si grand et le prestige si éclatant, le Patriotisme, il faut tout d'abord bien entendre ce que veut dire cet autre mot: la Patrie.

Qu'est-ce que la Patrie, et quelle place tient-elle dans l'âme et le cœur de l'humanité.

Qu'est-ce que signifie ce mot vraiment magique, qui éveille, dans les âmes élevées et dans les cœurs bien faits, des échos à la fois si sono

res et si doux ? Que voulons-nous exprimer, alors que l'émotion au cœur, le tressaillement dans l'âme et le sourire aux lèvres, nous disons, comme l'enfant en nommant sa mère: Ma Patrie?

La Patrie, qu'est-ce à dire ? Est-ce le soleil qui a éclairé, la lumière qui a embelli, le ciel qui a réjoui nos premiers jours ? La Patrie, est-ce la verdure de nos prairies, les moissons de nos champs, les fleurs de nos jardins? La Patrie, est-ce l'eau de nos fleuves, le cristal de nos fontaines, les flots de la mer qui endormaient notre enfance de leur vague murmure? La Patrie, est-ce la plaine qui se déroula sous nos premiers regards, le coteau qui borna nos premiers horizons ? Est-ce la majesté de nos montagnes, la grâce de nos collines, la beauté de nos vallons? La Patrie, enfin, est-ce ce spectacle du ciel qui a couvert et ce spectacle de la terre qui a porté notre berceau ?

Ah! sans doute, tout cela entre plus ou moins dans cette ravissante image, sous laquelle nous aimons à nous représenter la Patrie Mais, remarquez-le bien, tout cela forme plutôt pour nous l'encadrement de la Patrie que la Patrie elle-même; tout cela nous peint et nous représente bien, avec tous ses aspects extérieurs, la forme visible de la Patrie, mais non pas ce qu'il y a pour nous de plus intime, de plus profond et de plus séduisant dans la Patrie. Quel est donc ce grand et doux mystère, le mystère de ce charme à nul autre pareil qu'a pour nous ce mot plein d'un prestige à la fois si suave et si fort?

Qui pourrait ne pas entendre ici la philosophie populaire écrite dans le nom même que porte la Patrie ? Terra Patria ! Vous l'entendez ce nom est une révélation. Comme le Patriotisme porte dans son nom la Patrie, la Patrie porte dans le sien la Paternité. Voyez plutôt : Patria vient du mot latin Pater, qui veut dire mon père. Ah! le mot du mystère le voilà: la Patrie; c'est la terre où j'ai connu mon père et où j'ai souri à ma mère. De ces deux choses qui n'en font qu'une, découlent comme de leur première source les attraits et les séductions que renferme ce mot: la Patrie. Et ainsi, déjà pour nous commence à se dégager la vraie notion et à se dessiner la vraie physionomie de la Patrie.

Oui, Mes Frères, la paternité et la maternité, voilà ce qu'il y a de plus primitif et de plus intime dans ce que nous nommons de ce nom, la Patrie, Ah! c'est qu'en effet, pour nos cœurs qui se souviennent, la Patrie, ce fut d'abord et avant tout, ce lieu béni et cher entre tous, le foyer; le foyer, là où un père aimé nous prenait sur ses genoux et où une mère plus aimée encore nous pressait contre son conr; le foyer, là où notre vie s'épanouissait sous le rayonnement de ces deux amours ne formant qu'un même amour, comme la fleur à son premier soleil ; le foyer, lieu des plus délicieux et des plus ineffaçables souvenirs, là où l'on a connu, sans mélange de tristesse, des joies que l'on ne retrouve plus ailleurs, même au milieu de tous les enivrements de la vie ; le foyer là où l'on a vu des fêtes telles que le monde n'en peut donner, fêtes sans pareilles où il n'y a, pour en jouir, que des frères et des sœurs, et, pour les contempler, que les yeux d'un père et d'une mère, flambeaux vivants éclairant tous ces visages d'enfants de la plus sereine et de la plus béatifique lumière; le foyer, lieu des premiers oracles qui nous ont parlé, où l'on a entendu, de la bouche d'un père et de la

bouche d'une mère, de ces mots qu'on n'oublie plus, qu'on emporte avec soi comme un écho de la voix toujours parlante, qu'on écoute encore de loin, et auquel on revient toujours avec un bonheur qui ne sait pas vieillir, et semble se rajeunir avec les années.

Ah! voilà bien, n'est-il pas vrai, ce qui nous représenta la Patrie à notre entrée dans la vie, et ce qui, plus tard encore, nous la représente mieux que tout, même après les expériences de la vie : la terra patria, la terre où fut planté par la Providence cet arbre vivant dont notre vie fut l'un des rameaux ; la terre qui porte, avec les berceaux des vies naissantes, les tombes des vies éteintes, et, entre les uns et les autres, ce foyer, autour duquel des êtres qui s'aiment du plus pur et du plus légitime amour, forment comme une couronne de joie et de félicité ! Ah! oui, cette terre est vraiment pour nous la terre de la Patrie, la terra patria; c'est en elle que nous avons tous, pour la première fois, salué la Patrie; c'est par elle que nous avons fait notre entrée dans la grande Patrie; car c'est de toutes ces petites Patries qui se nomment familles, que se composent cette grande Patrie qui se nomme nation.

Voilà pourquoi le foyer nous demeure toujours comme le centre le plus rayonnant de la Patrie, et comme une Patrie dans la Patrie !

Mais, encore bien que la famille soit pour nous la meilleure part de la Patrie, elle n'est pas cependant toute la Patrie. Par delà le château, la maison ou la chaumière, demeure riche ou pauvre où nous avons vécu nos premiers jours et vu nos premiers soleils, la Patrie s'étend encore. Si nous tenons surtout à la Patrie par les premières racines que notre vie pousse dans la terre où fut notre foyer, le foyer est loin d'être pour nous la frontière où finit la Patrie.

:

La Patrie, c'est aussi la puissance sociale qui étend sur le foyer lui-même le bouclier de sa protection; la Patrie, c'est aussi l'ensemble des lois et des constitutions qui assurent à tout foyer, avec le repos d'aujourd'hui, la sécurité de demain ; la Patrie, c'est aussi cette floraison d'institutions qui croissent sur son sol et donnent leurs fruits dans la saison la Patrie, c'est encore cette moisson de chefs-d'œuvre en tous genres, créés par notre génie national, nos poésies, nos éloquences, nos arts, nos inventions; la Patrie, c'est aussi cette magnifique constellation de grands hommes où brillent comme des étoiles, au firmament de la nation, nos poètes, nos orateurs, nos artistes, nos écrivains, nos savants, nos capitaines, nos hommes d'Etat; la Patrie, ah! c'est aussi la phalange sacrée de nos apôtres, de nos martyrs, de nos saints; de nos saints, parmi les grands hommes, les plus véritablement grands; et par-dessus tout, cette multitude d'hommes ct de saints plus grands peut-être que tous les autres, qui ont enseveli dans des créations et dans des bienfaits demeurés anonymes, la gloire de leur nom!

La Patrie, enfin, c'est encore et principalement cette chaîne radieuse de nos longues et illustres traditions; sillon éclatant de toutes nos gloires nationales, traversant les siècles qu'a vécu la nation et illuminant des plus purs rayons toutes les hautes cimes de notre histoire.

C'est qu'en effet, la Patrie, ce n'est pas seulement tout ce qu'elle est aujourd'hui, c'est encore et par-dessus tout ce qu'elle était hier et

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