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Ensuite l'auteur nous fait entrevoir ce que pourrait bien être le Demain qui succédera à la fin Fin d'un Monde que nous a dépeint Dru

mont.

Enfin, dans une dernière partie, et c'est la plus intéressante, M. de Penboc'h montre comment Drumont en est venu à unir dans une même haine catholiques et juifs, et à prendre en dégoût le genre humain pour ne s'attacher qu'à son cheval Bob.

Livre intéressant et qu'il est utile de répandre pour contrebalancer les erreurs semées dans les ouvrages de Drumont.

DE LA SÉPARATION DE L'ÉGLISE ET DE L'ÉTAT, par Fernand BUTEL, docteur en droit, ancien substitut. Brochure in 12, de 150 pages, prix: 1 fr. 50, chez Letouzé et Ané.

Aucune question n'est plus brûlante que celle des rapports entre l'Eglise et l'Etat : la séparation inscrite dans le programme des radicaux aujourd'hui au pouvoir va, d'un moment à l'autre, être appelée à l'épreuve de la discussion publique. Ce livre donne à chacun les moyens de se faire à ce sujet une opinion sûre et raisonnée. L'auteur commence par poser les principes catholiques sur la matière. Il apprécie ensuite les différents systèmes exprimés ou dissimulés par ce mot "séparation, " depuis la séparation libérale à l'américaine jusqu'à l'athéisme officiel de nos gouvernants. Après avoir montré comment la séparation a été préméditée dans les conseils de la Franc-maçonnerie, et retracé les faits qui, depuis plusieurs années, en ont préparé la réalisation, il fait ressortir quels en seraient les funestes résultats au point de vue juridique, financier, politique et moral. Un appendice expose la situation juridique de l'Eglise catholique dans les divers Etats chrétiens. Ainsi le lecteur a sous les yeux le résumé et comme le manuel le plus complet de la question -La Défense.

Musique

LITANIES DE LA SAINTE VIERGE, écrites à trois et à quatre voix par des Maîtres français: Gounod, A. Thomas, Reyer, Delibes, etc., recueillies par l'abbé E. Grivet, illustrées par l'abbé J. Millet, dédiées à S.S. Léon XIII. Prix: 30 fr. net, chez Durdilly & Cie, 11 bis, Boulevard Haussmann, Paris.

C'est là un ouvrage d'un extrême intérêt. Nous ne pouvons mieux faire que reproduire quelques passages de la préface de M. l'abbé J. Condamin, qui expose en termes excellents le but et le mérite de l'ouvrage ; "Ce recueil procède, avant tout, d'une pensée pleine de délicatesse : c'est un monument de piété filiale que deux prêtres de l'archidiocèse de Lyon ont eu l'ambition d'offrir à S. S. Léon XIII, à l'occasion de son jubilé sacerdotal ".

Un thème unique, les litanies, brodé par cent vingt musiciens français ; un volume illustré de superbes chromolithographies, dont quelques-unes sont des œuvres d'art, rien ne manque à cet ouvrage de ce qui peut intéresser et charmer tout ensemble. Aussi plus de soixante

œuvre

prélats français ont-ils béni les auteurs de ce pieux et artistique projet, tandis que les plus éminents compositeurs se faisaient un honneur d'apporter leur pierre à l'édifice. Car ces pages ne sont signées que de noms bien connus, souvent de noms célèbres, parfois de noms illustres. Voilà donc, suivant la juste remarque de M. l'abbé Condamin, une dont l'originalité n'a d'autre limite que le nombre des pièces qui la composent ". Il n'est pas une maîtrise qui puisse s'en passer, pas un amateur de musique religieuse, pas un bibliophile qui puisse résister aux séductions du splendide volume édité par MM. Durdilly et Cie avec un goût qui leur fait le plus grand honneur. En dehors des offices liturgiques réservés au chant d'église, ce recueil de litanies trouvera son emploi dans les réunions de confréries, de patronages, de catéchismes et surtout dans les exercices du mois de Marie.

MOUVEMENT DE LA LIBRAIRIE

Le défaut d'espace ne nous avait pas permis de publier en entier, dans notre avant-dernier numéro, le prospectus de la Revue des Religions. Nous en donnons aujourd'hui la dernière partie :

Nous nous y proposons, dit l'abbé Peisson, un double but : Premièrement exposer à notre tour les différentes religions qui ont vécu ou qui vivent encore sur notre globe; deuxièmement signaler les erreurs professées dans les différentes écoles que nous avons mentionnées et les réfuter. Nous donnerons une place d'honneur aux religions sémitiques, et par conséquent aux questions bibliques qui s'y rattachent. Un compte-rendu sera fait des ouvrages récemment parus relatifs aux questions religieuses.

La Revue dont le premier numéro paraîtra le 1er mars 1889 sera rédigée par une réunion de professeurs et d'orientalistes, parmi lesquels on trouveea les noms les plus connus de la science catholique.

LITTÉRATURE-Chez Retaux-Bray: Les poètes de la Foi au XIXe siècle, par l'abbé S. Gamber, licencié ès lettres, professeur de rhétorique à l'école de Belsunce, 1 vol. in-18, 3 fr. 50-Garcia Moreno, drame en cinq actes, en vers, par le P. Tricard, S. J. in-18, 2 fr-Alfred le Grand, drame en quatre actes, en vers, par le même, avec musique du P. Gondard, in18, 2 fr.-Chez Vieweg: La rhétorique et son histoire, par A. E. Chaignet, recteur de l'Académie de Poitiers, in-8, 10 fr.

SCIENCES-Chez Baudry et Cie: Traité pratique d'électricité industrielle par C. Cadiat, ingénieur des arts et manufactures et L. Dubost, ancien élève de l'Ecole polytechnique. 3ième édition entièrement refondue, 1 vol. gr. in-8, avec 264 gravures dans le texte. 15 fr.-L'année électrique, ou exposé annuel des travaux scientifiques, des inventions et des principales applications de l'électricité, par Ph. Delahaye, 5ième année,ĺvol. in-18, 3 fr. 50-Problèmes sur l'électricité, recueil gradué comprenant toutes les parties de la science électrique, par Robert Weber, docteur ès sciences, 1 vol. in-12, 5 fr

HISTOIRE-Chez Calmann Levy: Histoire des Princes de Condé, par le Duc d'Aumale, tome V, in-8, 7fr. 50.

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Discours prononcé par M. Renan, directeur de l'Académie francaise, en réponse au discours de réception de M. Jules Claretie. (1)

Monsieur,

Il y a plus d'un quart de siècle que nous nous vîmes pour la première fois chez M. Michelet. Le lieu si hospitalier, l'affection qui nous attachait au maître, et une rare communauté de sentiments nous unissaient. Vous étiez dans le feu de vos premières ardeurs révolutionnaires ; j'étais sous le coup des conversations intérieures que j'avais eues en Orient, comme les disciples d'Emmaüs, avec un voyageur mystérieux. Nous nous entendîmes assez vite. Vous l'avourai-je ? Je crois bien que, en ces premiers entretiens, nous dîmes beaucoup de mal de l'Académie française. Oh ! l'Académie, monsieur, a des indulgences infinies pour le mal que l'on dit d'elle. Les grosses injures ne l'atteignent pas ; les doux reproches des hommes de talent,elle les prend pour des marques d'amour, et elle en tient bonne note pour ses faveurs futures. Certes, il est un point sur lequel nous avions pleinement raison : c'est quand nous regrettions que la Compagnie ne comptât pas dans son sein le maître exquis, l'historien charmant, qui nous consolait dans nos tristesses d'alors. Mais que voulez-vous! Une compagnie littéraire infaillible! Nous en aurions presque peur. Les académies n'ont pas la prétention de posséder la règle d'une justice absolue. Il suffit qu'elles aient raison quelquefois. y faut laisser une place aux rapprochements imprévus, aux spirituels jeux du hasard, aux aimables rencontres enfin, comme celle qui

Il

(1) Nous avons publié dans notre dernier numéro les observations de M. Léon Aubineau sur le discours de M. Jules Claretie et la réponse de Mr Renan. Au cours d'un article publié dans le Monde de Paris, après avoir fait la part du vrai et du faux contenus dans le dernier discours de M. Renan et avoir admis qu'à certains endroits l'affirmation s'y produit avec une force inespérée et au profit de belles vérités, M. Aigueperse s'exprime ainsi : "Lorsque la justice me l'impose, je loue M. Renan, mais le cœur n'y est pas. M. Renan est presque-qu'on me passe le mot- ma bête noire. Et il ne s'agit pas d'un sentiment du chrétien, mais du littérateur. Le fabuliste disait :

Hors d'ici ceux dont la bouche

Souffle le froid et le chaud.

Je déteste plus encore l'écrivain au sujet duquel je suis à tout instant obligé de me demander: Ce qu'il souffle est-il du froid ou du chaud ? Ces circuits dans lesquels la pensée de M. Renan tourne, retourne, s'atténue, se transforme, 's'évanouit; ces phrases d'apparence claire et qui contraignent l'esprit de s'arrêter pour en étudier anxieusement le sens ; ces allées à droite pour virer à gauche et finalement vous laisser incertain du lieu où vous êtes; cette absence de netteté, de contours arrêtés, surtout de conclusions fixes et reposantes m'irritent et m'exaspèrent.

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nous amène aujourd'hui en cette enceinte,-vous, engagé volontaire des corps francs de la littérature d'il y a trente ans, pour prendre place en ce sénat conservateur,-moi, disciple égaré, mais obstiné, de saint Tudual ou de saint Corentin, pour vous y souhaiter la bienvenue et vous serrer la main au nom d'une vieille amitié.

J'étais sûr de vous plaire, monsieur, en revenant avec vous sur ces souvenirs du temps où, comme dit Pétrarque, nous étions en partie d'autres hommes qu'aujourd'hui. La meilleure marque de noblesse, ainsi que vous le disiez tout à l'heure, est de s'aimer tel qu'on fut jeune, de rester fidèle aux illusions à travers lesquelles on découvrit d'abord la vie. Je ne crois pas que nous ayons beaucoup changé ; nous sommes toujours idéalistes incorrigibles. Je vous vois trait pour trait comme vous étiez alors. L'enthousiasme était le caractère dominant de votre nature, et si ces années planes du milieu du second Empire eussent permis les protestations hasardées, vous vous y seriez, je crois, jeté vaillamment. La Révolution était comme un gouffre qui vous appelait. Vos sympathies étaient toutes pour ces dévouements instinctifs, pour cette façon de jouer avec la mort, qui donnent aux caractères de la Révolution un attrait irrésistible. Votre histoire de Prairial est un vrai martyrologe. Vous avez déplié l'un après l'autre, aux Archives, ces feuillets écrits par vos héros en leurs dernières nuits; vous avez tenu sous votre regard le poignard qui a tué Romme,Bourbotte, Soubrany ;comme le diacre du temps des persécutions, vous nous montrez la fiole rouge et le mouchoir ensanglanté. "Le livre de Claretie, disait Michelet,m'a fait frissonner. Il est si brûlant, si cruellement vrai ! " Vous avez eu toutes nos fièvres, monsieur ; vous avez savouré tous nos accès de folie. Mais ce qui montre bien la solidité de votre jugement, vous êtes revenu d'un voyage au pays de la mort sans y rien laisser de vous-même, vous avez traversé le chaos sans jamais perdre pied.

Depuis lors, vous avez marché de succès en succès. Après avoir parcouru les cercles de l'enfer, vous avez pu sourire avec tant de naturel, qu'on a cru que vous n'aviez fait que cela toute votre vie. Votre esprit,à la fois souple et ferme, capable de se passionner et de dominer sa passion, fut bientôt agréé du public, qui vous a applaudi au théâtre, suivi avec faveur dans l'histoire et le roman, lu avidement dans ces causeries hebdomadaires, genre nouveau que vous avez tout à l'heure si bien défini et qui a remplacé en quelque sorte l'ancien genre français de la correspondance. Les organes les plus importants de l'opinion ont tenu à vous confier leur chronique du jour, ces rapides jugements de référé qui classent une cause, la définissent, l'encadrent, tout en laissant à l'avenir le soin de la reprendre et de la discuter. C'est là, monsieur, que vous vous êtes montré tout à fait au droit fil de notre siècle. Ce cher dix-neuvième siècle, l'avenir en dira beaucoup de mal; on sera injuste si on ne reconnaît pas qu'il fut charmant. Tel il apparaît dans vos tableaux ; vous lire, quand vous écriviez ces jolies pages, était un de mes délassements. Le dix-neuvième siècle a sur tous les autres un immence avantage, c'est d'être le nôtre. Même quand, par profession, on a choisi la compagnie des morts, la lumière du soleil est douce. Cette vie parisienne peut sembler par moments superficielle, je l'avoue ; mais elle offre un défilé aimable de douces images. C'est un bon fourneau pour brûler ce surplus de vie que n'absorbent pas la philosophie

et la science. Une partie considérable de l'humanité vit de la chronique de Paris. Quelque chose manquera au monde le jour où on ne l'aura plus.

Vos romans en volume ont ajouté des touches nouvelles à ce grand roman sans fin que, pendant des années vous avez dévidé jour par jour. Votre épisode des amours de l'interne de la Salpêtrière est exquis. Le Million est une délicieuse nouvelle, du parfum le plus suave. Le Drapeau, la Canne de M. Michelet respirent un touchant patriotisme. Monsieur le ministre a fait sourire de certaines faiblesses qu'une fausse pruderie affecte souvent de prendre au tragique. La politique vous a touché, sans vous étouffer. La Comédie-Française et ses intérêts, inséparables de ceux de l'esprit français, ont prospéré dans vos mains. Quand vous avez recherché nos suffrages, certes, votre mérite eût suffi pour les obtenir; vous voulez cependant qu'on sache qu'il y eut dans votre nomination un salut aimable de notre Compagnie pour la Société d'artistes excellents qui est chargée comme nous de la garde de la langue et du goût national. Que la Comédie-Française ici représentée en vertu d'un droit que nous n'avons garde d'oublier, veuille bien agréer l'expression d'une vieille confraternité, dont nous sommes heureux et fiers.

En vous choisissant pour remplacer un des confrères que nous avons le plus aimés, nous étions sûrs d'avance que vous nous traceriez de lui une parfaite image. Vous avez, monsieur, bien rempli notre attente. M. Cuvillier-Fleury sort des pages que vous venez de lire tel que nous l'avons connu, avec ses vives allures d'homme, sa foi en la saine littérature, sa confiance en la raison et en la bonne culture de l'esprit, son dévouement absolu à la France, dévouement qui permit au au plus loyal des patriotes de ne tenir pour étranger rien de ce que le pays a voulu et admis. Vous avez loué l'éducateur de la meilleure manière, je veux dire par ses élèves, par un de ses élèves surtout, par ce confrère accompli que l'exil nous a pris et que nous regrettons si vivement de ne pas voir aujourd'hui parmi nous s'associer aux éloges donnés à son maître. Vous avez loué le libéral à toute épreuve, qu'aucune réaction n'ébranla, qui resta toujours fidèle à cet idéal de respect pour le droit, de bienveillance et d'honnêteté, que la France a élevé dans le monde comme le symbole de foi du galant homme. Vous avez peint tout cela en traits excellents; car, si vous avez peu pratiqué notre confrère, vous avez eu sur son compte le plus parfait des documents, les vivantes confidences d'un témoin discret de ses épreuves et de ses joies. La meilleure part d'une belle vie est celle qui se continue dans les souvenirs d'une épouse fidèle. Vous avez connu notre confrère dans cette douce prolongation d'existence, qui est accordée à ceux qui en sont dignes. Il vous y est apparu entouré de cette tranquille lumière qui précède le grand oubli de la seconde mort ; et de là viennent les nuances douces qui donnent à votre portrait tant d'harmonie, les traits de ressemblance intime qui nous ont charmés.

Le Journal des Débats avait élevé une tribune qu'entourait une audience extraordinaire et d'où chaque mot tombait avec autorité. L'anonymat d'un groupe d'hommes que la parité du talent et la similitude des opinions fondaient pour ainsi dire en un seul, était arrivé à constituer un pouvoir politique et social dont nous avons peine maintenant à concevoir l'importance. MM. Bertin présidaient, avec le tact

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