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maison), et qui vivait en 1388-89. Mais il nous paraît plus probable qu'elle appartient au premier de ces deux prélats du nom de Henri.

Enfin, notre troisième monnaie est de mauvais billon, d'un module plus petit; elle présente d'un côté l'écu de la maison de Thoire-Villars, savoir: Bandé d'or et de gueules de six pièces, et couronné ou surmonté d'une petite croix, avec la légende : LVDOVICVS EPISCOP. ELET †.

Au revers, l'aigle éployée comme à l'ordinaire, avec la suite: COMES VALETIESIS. E DIE +. (Voy. fig. 3.)

Cette monnaie, quoique très-mal conservée, et que je n'ai pu lire, je l'avouerai, qu'avec l'aide et le secours d'yeux plus habiles et mieux exercés que les miens, ne peut cependant souffrir aucun doute sur son attribution, et appartient évidemment à Louis de Villars-Thoire, frère cadet de Henri Ier, et qui siégea depuis 1354 jusqu'en 1374. Elle ne pèse qu'environ 18 grains.

Ces trois monnaies que nous venons de décrire, jointes à celle de l'évêque Jean, publiée par Duby, et à la monnaie de l'évêque Guillaume, donnée par M. Promis, font en tout cinq monnaies épiscopales portant le nom des prélats qui les firent frapper.

Ce sont les seules qui nous soient connues jusqu'à présent : il est probable que l'on en découvrira encore quelques autres, mais en petit nombre sans doute; car bientôt après le transport du Dauphiné à la France, en 1349, la puissance royale restreignit d'abord, et fit ensuite successivement disparaître les restes et priviléges de souverainetés que conservaient encore, sur la rive gauche du Rhône, quelques grands vassaux, prélats ou barons de l'ancien royaume de Bourgogne. Ce ne fut, à la vérité, qu'en 1485 que toutes les monnaies seigneuriales furent expressément abolies par ordonnance de Louis XI; mais avant cette époque, le plus grand nombre de ces monnaies avaient été supprimées, sinon de droit, du moins de fait, par les obstacles apportés à leur émission ou à leur usage.

11. Monnaies inédites des Comtes de Valentinois.

Quoique les comtes de Valentinois de la maison de Poitiers fussent d'une antique et illustre origine, et qu'ils aient possédé pendant plusieurs siècles les mêmes cantons et des terres situées sur les deux rives du Rhône, il ne paraît cependant pas qu'ils aient jamais joui ni d'une grande puissance, ni d'une grande fortune. Moins adroits ou moins heureux que d'autres grands vassaux leurs contemporains, ils ne parvinrent ni à subjuguer leurs voisins, ni à contracter de riches mariages. Dès l'époque des guerres des Albigeois, le comte Aymar Ier, par imprudence ou par devoir de vassalité envers Raymond VI, comte de Toulouse, de qui il tenait en fief le comté de Diois, Aymar Ier, disons-nous, attira contre lui les armes des croisés, et fut forcé de se soumettre après une vive résistance, ce qui lui fit perdre plusieurs places fortes ou châteaux. Ensuite les successeurs du comte Aymar, dont la plupart portèrent ce même nom, s'épuisèrent long-temps en efforts impuissans et acharnés contre les évêques de Valence, dont les fiefs se trouvaient entremêlés avec les leurs. Enfin, le goût d'une trop grande dépense d'une part, et de l'autre des querelles sans fin avec des collatéraux de leur propre sang, les ruinèrent et leur firent perdre peu à peu leur indépendance et toute importanee politique. La branche aînée s'éteignit en 1419; les branches cadettes tombèrent en quenouille ou furent réduites à l'état de simples seigneurs de terres, et la dernière de toutes, dite des barons de Vadans, issue des comtes de Saint-Vallier, disparut enfin en 1715, sans bruit et sans éclat. (Voyez le P. Anselme, tome II, page 188 et suiv.)

Ce léger aperçu historique suffirait seul pour expliquer le petit nombre et le peu d'importance des monumens que les comtes de Valentinois ont légués à la postérité. Peu d'églises, dont aucune n'est remarquable sous le rapport de l'art ou de la grandeur; quelques anciens châteaux maintenant réduits à l'état de masures,

à l'exception de la seule tour de Crest, qui offre encore à nos regards un reste de donjon imposant qui sert de prison et de caserne; voilà pour l'architecture les seuls monumens laissés par la maison de Poitiers. Mais, pour être juste, hâtons-nous d'ajouter que les couleuvrines des guerres civiles ou religieuses du XVI siècle, et le marteau démolisseur de notre révolution, auraient été bien suffisans pour faire disparaître des monumens plus solides et plus imposans que tous les châteaux et toutes les chapelles ou fondations des comtes de Valentinois !

En fait de souvenirs monétaires de la puissance de cette maison, nous ne connaissons que les deux pièces ci-dessous décrites et figurées sur la planche, N.o 4 et 5.

l'on ne

Un auteur dauphinois, Guy Allard, en indique bien quelques autres, mais il se contente de les décrire si vaguement que peut en rien conclure. Au reste, plusieurs auteurs rapportent que les premières monnaies battues par les seigneurs de la maison de Poitiers, ne le furent qu'après leur entrée en possession du château de Crest, qui leur avait appartenu anciennement, mais qui, ayant été cédé dans la suite aux évêques de Valence, ne revint aux Poitiers qu'en 1356, moyennant un échange contre la terre et le château de Bourdeaux.

La première pièce que nous donnons est de billon et du poids de 25 grains. D'un côté, une aigle éployée, semblable à celle qui figure sur les monnaies des évêques de Valence, avec la légende : A DE. PICTAVIA. COMES: Au revers, une croix fleuronnée, avec ces mots : VALENT: ET: DIENS: † : (Voy. fig. 4.)

Cette monnaie, tant par sa fabriqne que par les considérations ci-dessus, ne peut appartenir qu'au comte Aymar, dit le Gros, cinquième du nom, qui mourut en 1373.

La deuxième pièce est d'argent, d'une assez bonne fabrique et pèse 45 grains. D'un côté, le comte est assis et vu de face, ayant à ses deux côtés l'écu de ses armes (à trois tourteaux ou besans); pour légende : LVDOVICVS: COMES. Au revers, une croix fleu

ronnée, avec les mêmes petits écussons triangulaires, savoir : l'un entre les branches de la croix, les autres au commencement et à la fin de la légende: VALEN: ET: DIENSIS.' (Voy. fig. 5.)

Cette monnaie appartient sans doute à Louis II, cousin et successeur d'Aymar V (1373-1419).

Ce comte Louis, après avoir été marié deux fois, ne laissa pas d'enfans mâles, et se trouvant accablé de dettes, il légua ou plutôt il vendit son comté et ses terres à Charles, dauphin de France (depuis roi sous le nom de Charles VII), mu principalement par sa rancune et sa haine contre les seigneurs de Saint-Vallier, ses cousins du même sang.

Remarquons que les seules monnaies que nous connaissions des comtes de Valentinois ne furent frappées qu'à une époque où leur puissance tombait déjà en décadence; et cependant le type de ces monnaies, surtout de celles du comte Louis, présente tous les emblêmes de la grandeur. Ce seigneur est représenté de face, assis sur un fauteuil, en guise de trône, et, en un mot, sous un costume peu différent des princes les plus puissans de cette époque. Il semble que ce comte Louis cherchait, par cette attitude et ce faste mensonger, à dédommager sa vanité de tout ce qu'il avait perdu en puissance réelle; car, pendant ce même temps, il était accablé sous le poids de ses dettes et réduit à solliciter des gages, appointemens ou pensions, du roi de France qu'il servait à titre de simple officier.

Tel l'on vit, un siècle plus tard, Michel, dernier comte de Gruyères, en Suisse (dont la maison était alliée à celle de Poitiers), faire frapper de la monnaie d'or, et, bientôt après, ruiné et dépouillé de ses terres par les cantons ses créanciers, aller au loin expirer de chagrin et de misère ! Dans tous les temps, la vanité eut à-peu-près la même marche.

Le marquis DE Pina.

1 Cette monnaie du comte Louis m'a été obligeamment envoyée de Die, par M. le docteur Long, dont les connaissances en tous genres et l'obligeance sont justement appréciées de ses compatriotes.

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