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péré de pouvoir la perfectionner davantage? Quoi qu'il en soit, il n'y a guère qu'une quarantaine d'années qu'on a pensé sérieusement à donner à la Rose les soins particuliers qu'elle eût dû mériter toujours. Mais, si c'est seulement dans ces derniers temps que nous nous sommes occupés de la culture spéciale de cette belle fleur, je dois dire que nos jardiniers et nos amateurs ont porté tout de suite cette culture à un état voisin de la perfection, si ce n'est la perfection même. Les Hollandais et les Flamands s'étaient principalement distingués dans les moyens qu'ils employaient pour multiplier toutes les plantes que j'ai nommées un peu plus haut; mais les Français se sont emparés de la culture de la Rose, et c'est chez eux que celle-ci est devenue véritablement nationale. En effet, c'est à ces horticulteurs seuls que sont dus ces procédés de multiplication si rapides et si extraordinaires, qui font

qu'aujourd'hui tous les autres peuples sont devenus nos tributaires en ce genre, comme nous l'avons été pendant long-temps, et le sommes même encore maintenant, pour beaucoup d'autres plantes que nous allons chercher chez nos voisins.

SUR

L'HISTOIRE DE LA ROSE.

PREMIÈRE PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Ancienneté de la culture de la Rose.

L'histoire de la Rose se perd dans la nuit des temps. On ignore quels furent les premiers peuples qui la cultivèrent, et l'on tie peut sur cela que former des conjectures. Il est permis de croire que les anciens Égyptiens l'ont, connue, mais on ne peut, avec aucuu degré de certitude, la distinguer dans les monuments qu'ils nous ont faissés (1). Il est aussi probable qu'elle

(1) Monsieur Bonastre, qui s'est beaucoup occupé de l'étude des antiquités égyptiennes, a bien voulu me communiquer la note suivante: « J'ai fait beaucoup de recherches pour m'assurer si, sur les monuments égyptiens tels que les obelisqués, les stèles et les papyrus, la Rose y était réprésentée, et je n'ai trouvé sur ces monuments rien qui pût faire croire que les anciens Égyptiens aient gravé, sculpté ou peint cette fleur, comme caractère hieroglyph'que ou figuratif. Cependant le nom de la Rose se rencontre dans les anciens manuscrits coptes ». B.

Lors de l'expédition des Français en Égypte, M. Raffeneau-De

fut plantée dans les fameux jardins de Babylone, dont on attribue la construction à Sémiramis environ 1200 ans avant l'ère vulgaire, et cela paraît d'autant plus vraisemblable, que, selon le témoignage des voyageurs modernes, plusieurs espèces de Roses croissent naturellement en Perse, contrée voisine de la Babylonie.

Ce qu'il y a de certain, c'est que les Juifs cultivaient la Rose à l'époque où vivait Salomon (1), en

lile n'y trouva que deux roses, la Rosa alba et la Rosa centifolia. V.Description de l'Égypte, édit. de Panckoucke, in-8°, tom. xix, p. 91. Quelles que soient ces autorités, je ferai voir plus loin qu'il est à croire que, sous Domitien, les Égyptiens cultivaient une troisième espèce, la Rosa bifera.

(1) Livre de la Sagesse, chap. II, v. 8. Peut-on d'ailleurs assurer que la Rose soit la fleur des champs dont il est question dans le passage suivant du Cantique des cantiques, chap. II, vol. 1, de la version de la Vulgate : Ego sum flos campi et lilium convallium, ce que Le Maistre de Saci traduit par : je suis la fleur des champs, et je suis le lis des vallées; en ajoutant dans les notes que le sens de l'hébreu est: je suis comme une Rose de la campagne de Saron? Cette dernière observation est confirmée par les deux versions protestantes de David Martin et d'Ostervald, faites sur l'hébreu, dans lesquelles on lit: Je suis la Rose de Saron. Mal. gré l'accord de ces trois auteurs et de plusieurs autres encore, qu'il serait possible de citer, toutes les difficultés ne sont pas levées. M. Gesenius, dans son Lexicon manuale hebraicum et chaldaicum, dit que le mot traduit par Rose ( Khavaltséleth) a été, par d'anciens interprètes, tantôt pris pour un lis (lilium), tantôt pour un narcisse (narcissus). M. Gesenius pense, et cela d'après l'autorité de la version syriaque, que la fleur dont il s'agit est le colchicum autumnale, et nulle part le savant hébraïsant n'indique le sens de Rose qu'expriment les traductions citées plus haut.

viron deux siècles après Sémiramis, puisque dans deux ouvrages attribués à ce prince il est question de cette fleur.

Il est d'ailleurs prouvé par plusieurs passages du livre de l'Ecclésiastique, dont l'auteur vivait environ sept siècles après Salomon, que les Juifs avaient de belles plantations de Rosiers et surtout à Jéricho (1).

J'ai poussé mes branches en haut comme les Palmiers de Cadès, et comme les plants de Rosiers de Jéricho. » Ecclés., chap. xxiv, vers. 18.

<< Une voix me dit: Écoutez-moi, o germes divins, et portez des fruits comme des Rosiers plantés sur les bords des eaux (L. c., chap. xxxix, v. 17).

« Il a paru comme l'arc-en-ciel qui brille dans les nuées lumineuses, et comme les Roses qui poussent leurs fleurs au printemps.» (L. c., chap. L, v. 8.) »

Les Grecs cultivéèrent la Rose de bonne heure, puisque Homère, qui fleurissait deux siècles après

(1) Les environs de Jéricho étaient jadis la partie la plus fertile de la Palestine. Ils abondaient en Rosiers et en Palmiers...... Toutes ces richesses ont maintenant disparu du sol. (Voyage en Palestine et en Syrie en 1830 par M. George Robinson, t. I, p. 86.) Aujourd'hui Jéricho a perdu ses véritables Roses, et ce qu'on nomme Rose de Jéricho est une petite plante de la famille des crucifères (anastatica hierochuntica, Linu.) Voyez la Notice sur la Rose de Jéricho, par M. de L'Escalopier, dans les Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris, t. xxII, p. 197.

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