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faisait aussi joncher de Roses les chambres de son palais, et les lits sur lesquels devaient se placer les convives qu'il invitait (1).

(1) Vopiscus, Carir., chap. 17.

CHAPITRE VII.

Emploi des Roses pour orner les tombeaux.

L'usage le plus touchant auquel on ait consacré les Roses fut celui d'en orner les tombeaux. Les Grecs destinèrent principalement à cet usage l'amaranthe et le myrte; mais les Romains donnèrent la préférence au lis, au safran et surtout à la Rose (1). L'asphodèle devait aussi y figurer comme plante consacrée à Pluton.

Les anciens avaient soin de renouveler les plantes qui étaient placées autour de l'urne sépulcrale (2), afin qu'elle fût toujours environnée d'un éternel printemps (3). Ces fleurs étaient regardées comme sacrées, et, pour ainsi dire, comme un reste du défunt.

Les Romains considéraient ces soins pieux comme tellement agréables aux mânes, que les citoyens riches destinaient par testament des jardins entiers

(1) P. Morestelli Pompa feralis. VIII, cap. 14, 15. (2) << Nunc non è tumulo fortunatâque favillâ

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à être réservés pour fournir des fleurs à leur tombean. Souvent le défunt avait ordonné que ses héritiers, ou ceux auxquels il faisait un legs pour prendre soin de ses cendres, se réuniraient tous les ans au jour anniversaire de sa mort, ou à une épo que déterminée, pour diner auprès de son tombeau en y répandant des Roses. C'est ce qui est attesté par plusieurs pierres funéraires d'anciens tombeaux romains; telle est l'antique inscription qui se voit à Ravennes (1). D'autres inscriptions du même genre se voient aussi dans quelques autres lieux de l'Italie (2).

Le président d'Orbessan a vu à Torcello, ville située à cinq milles de Venise, une inscription de cette nature (3), où l'on trouve exprimée la dona

(1)

TI. CLAVDIVS. DRVSI. F. CES. AVG.
GERM. PONT. MAX. TRIB. POT. II. COS.

DESIG. III. IMP. III. P.P, DEDIT. OB.
MEMORIAM. PATRIS. SVI. DEC. VII.
COLLEGI. FABRVM. M.R. H-5. CD. N.
LIBERALITATE. DONAVIT. SVB. HAC.
CONDITIONE. VT. QVOTANNIS. RO-
SAS. AD. MONVMENTVM. EJVS DEFE-
RANT. ET. EPVLENTVR. DVMTA-
XAT. IN. V. ID. IVLIAS. QVOD). SI. NE-
GLEXERINT. TVNC. AD VIII. EIVS-
DEM. COLLEGII. PERTINERE. DEBE-
BIT. CONDITIONE. SYPRADICTA,

(2) Rosenberg, Rhodologia, pag. 27.

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tion faite par un affranchi, au collège des Centum, de jardins et d'un édifice pour être employés à célébrer ses obsèques et celles de son maître : il voulait qu'on n'y ménageât point les Roses, et que les vivres y fussent distribués avec profusion (1).

Ordinairement, ainsi que dans la première inscription, la donation faite aux conditions d'entretenir de Roses le monument funèbre, était substituée à d'autres, si cette condition n'était pas remplie. Quelquefois les malédictions les plus fortes menaçaient ceux qui oseraient violer ces plantations sa

crées.

Ce qui prouve combien cet usage des Roses pour orner les tombeaux était fréquent chez les Romains, c'est que ceux qui n'étaient point assez riches pour laisser des fondations telles que celles qu'on vient de voir, faisaient souvent graver sur

SECVTVS

PIETATEM

COL. CENT.

HORTOS CVM

ÆDIFICIO JVNCTOS

HVIC. SEPVL.

VIVVS DONAVIT VT

EX REDDITV EOR. LAR

GIVS ROSE ET ESCE

PATRONO SVO ET

QUANDOQVE SIBI

PONERENTVR.

(1) D'Orbessan, Essai sur les Roses, pag. 313.

les pierres qui recouvraient leurs cendres, qu'ils priaient les passants de répandre des Roses sur leur tombeau; ce qu'attestent plusieurs de ces pierres qui subsistent encore (1).

Serait-ce parce qu'on a comparé la courte durée de la vie humaine à l'existence de la Rose, qu'on a consacré cette fleur aux tombeaux? C'est ce qu'on peut croire d'après le passage suivant de saint Jérôme : « Les anciens répandaient des Roses sur les urnes des défunts, et ordonnaient dans leurs testaments d'orner les tombes avec ces fleurs et de les renouveler chaque année. Les maris aussi avaient la coutume de jeter des Roses, des violettes et des lis sur les urnes qui renfermaient les cendres de leurs épouses; ces modestes fleurs étaient les signes emblématiques de leur douleur. Nos chrétiens se contentent de placer une Rose parmi les ornements de leurs tombes, comme l'image de la vie (2).»

Les premiers chrétiens blâmèrent l'emploi des fleurs, soit dans les fêtes, soit pour orner les tombeaux, à cause des rapports qu'il avait avec la mythologie païenne, et ils cessèrent d'en faire usage.

(1) Sur les pierres sépulcrales, on trouve fréquemment ces mots: Sparge, precor, Rosas supra mea busta, viator. Voyez les différentes inscriptions de Grter, et le traité de Jacques Guthier; de Jure manium, lib. II, cap. 36.

(2) S. Hieronymi, Epistola ad Pammachium; tom. IV, pag. 584 et 588 ex ed. Martiany, l'ar.siis, 1706, in-fo.

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