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dite. « Cette Pergole, dit M. Audot (1), est construite de charpente très-légère et entièrement couverte de Rosiers du Bengale qui, sous cet heureux climat, ne sont pas offensés par les gelées comme dans le nord de la France. Aussi est-il impossible de se figurer une floraison plus splendide que celle de ce Rosier palissé sur une pergole aussi gracieuse, ou en espaliers tels qu'on en voit dans les jardins de la vigne Massani, au faubourg du Peuple. Les feuilles disparaissent sous les riches tentures de Roses écla

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Dans les climats encore plus favorisés, comme à Bourbon, dans les Antilles, etc., la floraison des Bengales est continuelle; elle n'est ralentie que par les sécheresses, et si l'on y suppléait aux pluies par des arrosements, les fleurs ne s'arrêteraient jamais.

(1) Notes sur les jardins de l'Italie, recueillies pendant un voyage fait en 1839-40, Appendice.

Il est difficile d'expliquer à quelle cause on peut attribuer la préférence donnée pendant si long-temps à d'autres plantes, jolies sans doute, mais qui sont toutes loin de posséder les brillantes qualités qui sont propres à la Rose. Ce qui doit faire excuser le goût que certains amateurs avaient pour les jacinthes, les œillets, les tulipes, etc., c'est qu'autrefois les Roses n'avaient qu'une saison et qu'il fallait bien les remplacer avant que leur époque fût arrivée et lorsqu'elle était passée. Cependant toutes les plantes que je viens de nommer exigent beaucoup plus de peines que la Rose, tandis que ceux qu'il faut à celle-ci sont infiniment plus simples. Elle n'a pas besoin, pour nous donner les plus agréables jouissances, de soins de tous les jours et de tous les instants. Un Rosier une fois planté (je parle de celui qui est franc de pied) donne pendant un longue suite d'années ses jolies fleurs, et ce ne sont point des fleurs isolées qui se font long-temps attendre, ce sont de magnifiques bouquets, depuis surtout que nous connaissons la charmante Rose de Bengale, la délicieuse Noisette, l'éclatante Rose du Roi et autres espèces dites Perpétuelles, dont les fleurs se succèdent pendant toute la belle saison; de sorte que lorsqu'on a vu éclore la première Rose, tous les jours il en paraît de nouvelles sans interruption jusqu'à l'hiver. Et encore, à cette époque de froidure, un assez simple abri contre la gelée suffit à tous ces arbustes pour les voir produire leurs fleurs, malgré la bise et les frimas.

Les Roses peuvent donc remplacer une foule d'autres fleurs qui ne se développent qu'à une seule époque de l'année ; je ne crains pas même de dire, elles peuvent les remplacer toutes; car avec un nombre suffisant de Rosiers on voit éclore de nouvelles Roses tous les jours, et avec l'attention de cultiver des variétés différentes de formes et de couleurs, on aura jusqu'à un certain point comme autant de fleurs diverses. Ainsi donc, que les amateurs qui veulent avoir chaque jour des jouissances nouvelles, plantent beaucoup de Rosiers Noisettes, de Bengale, de Bourbon, du Roi ou autres arbustes de ce genre à fleurs remontantes, et avec les soins les plus ordinaires ils verront chaque matin éclore de ces tendres fleurs.

Le Rosier de Bourbon, Rosa borboniana, est, ainsi que j'en ai fait l'histoire, originaire de l'île Bourbon, et d'après les rapports prononcés qu'il a avec le Bengale, tout ce qui a été dit sur ce dernier lui convient. Il revendique aussi les reproches que je fais à l'espèce qui suit.

Le Rosier Noisette, Rosa noisettæana, ne paraît pas être une espèce naturelle ou un type proprement dit, puisque je crois avoir prouvé plus haut qu'il 'provient de la Rose musquée. Cependant je le laisse au rang des autres, quoi qu'il soit constant pour moi qu'il y occupe une place usurpée. C'est au reste comme plante florifère un Rosier des plus recommandables.

Le Rosier Thé, Rosa indica, Lin., est originaire

de l'Inde ou de la Chine. Il a, comme je l'ai déjà dit, les plus grands rapports avec le Bengale, dont il n'est probablement qu'une variété. Quoi qu'il en soit, son bois est plus faible, plus délicat, et ses fleurs non moins belles que celles du Bengale ont, dans plusieurs variétés, une odeur de thé très-prononcéc.

Le Rosier de Laurence, Rosa lawrenceana, a la même patrie que le Rosier Thé et celui de Bengale. Il doit probablement aussi son origine à cette derniére espèce, dont il est la représentation parfaite en très-petit, comme le Pompon rose est la miniature de la Cent-feuilles.

Le Rosier multiflore, Rosa multiflora, Thunberg, est une charmante espèce originaire de la Chine et du Japon, et que nous devons à notre commerce avec l'Angleterre. C'est dommage qu'il soit trèssensible à la gelée dans le climat de Paris, car il serait très-propre à faire des berceaux, des tonnelles qui seraient d'un magnifique effet. Il n'en fait, au contraire, que fort peu quand il est greffé sur églantier. Franc de pied, les nouvelles pousses qu'il produit chaque année acquièrent souvent dans un bon terrain huit à dix pieds de longueur et même plus, et l'année suivante il sort de chaque œil un bourgeon qui produit vingt à cent fleurs. Ces jeunes rameaux florifères en s'inclinant sous le poids de leur corymbe, forment une longue guirlande des plus agréables à voir. Il y a trente ans que j'ai vu ainsi

dans une des serres de M. Noisette, un Rosier de cette espèce qui formait une guirlande d'au moins vingt-cinq pieds de longueur, et d'où pendaient une multitude de charmants bouquets sur lesquels on comptait douze, vingt, trente et jusqu'à cent fleurs roses de l'aspect le plus gracieux.

Le Rosier à bractées, Rosa bracteata, Willd., est originaire de la Chine, d'où il a été apporté en Europe par lord Macartney, lors de son ambassade dans le Céleste-Empire, en 1792 et 1793. Cels père l'a cultivé dès 1798. Ses rameaux longs et flexibles sont très-propres à couvrir des berceaux, d'autant plus qu'ils conservent leurs feuilles d'un beau vertluisant très-avant dans l'hiver, et qu'à compter du mois de juillet les fleurs, qui ont une odeur fort douce, comme celle de l'abricot, se succèdent sans interruption jusqu'aux premières gelées.

Lorsqu'on n'a vu que les Rosiers cultivés dans les jardins de Paris, on ne peut se faire une idée de la belle végétation de ces arbrisseaux dans les pays favorisés par un plus doux climat. Le jardin de la Marine à Toulon possède maintenant un superbe Rosier de Banks, Rosa Banksiana (Herbier de l'amateur), dont les Anglais ont introduit chez eux l'espèce, qu'ils ont fait venir de la Chine en 1807, et sur lequel M. Robert, directeur de l'établissement de Toulon, a bien voulu me communiquer les rensei gnements suivants.

Ce Rosier est maintenant âgé de trente ans, ayant

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