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se développer, on commence à évider transversalement la tige du sujet, de manière que l'entaille que l'on pratique s'élargisse insensiblement jusqu'à ce que deux pouces plus bas l'échancrure soit parvenue à la moitié de l'épaisseur du sujet. A cette dernière distance on pratique perpendiculairement sur la tige une fente comme on pourrait le faire pour greffer en fente d'un seul côté; dans cette fente on insère une greffe à deux yeux, faite absolument comme dans l'espèce dont il est question, et on l'assure par plusieurs tours d'un fil de laine, qu'on finit par recouvrir de mastic à greffer, ainsi qu'il a été dit ci-dessus. L'œil laissé en végétation sur le sujet, immédiatement au-dessus de la greffe, continue à attirer ou aspirer la sève jusqu'à ce que la greffe elle-même puisse se développer, et c'est de là qu'elle a reçu le nom d'aspirante. Lorsque la greffe a poussé d'environ deux pouces, on retranche la tête du sujet, et on la recouvre de l'espèce de mastic dont j'ai donné la composition (1). La laine dont on a entouré la greffe doit être laissée encore deux à trois mois, seulement, pour prévenir l'étranglement, on interrompt les tours par une coupe perpendiculaire faite avec la lame du greffoir. Cette greffe est moins facile et moins avantageuse à pratiquer que la précé

(1) Toutes les fois qu'on retranche la tête d'un églantier, il est essentiel d'en recouvrir la coupe avec un peu de mastic, afin d'empêcher l'altération de la inoelle qui a beaucoup d'épaisseur dans ces arbrisseaux.

dente, et on le conçoit, parce que la partie dénudée du sujet se trouve privée de sève qui passe de préférence dans la partie restante de la greffe et qui est opposée à celle-ci. (V. p. 237, pl. VI, fig. a et b.)

La greffe en placage, usitée avec tant d'avantage pour le camélia, ne donne aucun bon résultat pour le Rosier.

Une sorte de greffe peu usitée sur le Rosier est celle que j'ai fait figurer p. 224, pl. IV, et dont je dois en core la connaissance au sieur Lecoq. Voici comment elle se pratique: On prend un petit rameau garni de deux yeux, dont l'un soit situé vers la base et le second dans la partie supérieure. On taille d'abord en biseau ce rameau dans toute sa moitié inférieure et on laisse la supérieure entière; lorsque le rameau est ainsi préparé, on l'applique par son côté dénudé dans la fente du sujet, dont l'écorce a été soulevée à droite et à gauche en deux lambeaux, comme pour l'écusson ordinaire. On finit, pour maintenir cette greffe, par l'entourer de plusieurs tours d'un fil de laine, ainsi qu'on fait pour celle d'un écusson. Elle se fait d'ailleurs à la même époque que celle-ci et à l'air libre; l'avantage qu'elle présente c'est que comme on la pratique avec deux yeux, s'il arrive que le supérieur ne prenne pas, l'inférieur ne manque presque jamais, et il se développe comme aurait fait un écusson simple. On peut s'en servir comme greffe forcée, en la faisant sur de petits sujets qu'on met en serre ou sous châssis chaud, et dont on hâte la re

prise par les moyens que j'ai dits plus haut.

PLANCHE VI.

Fig. a. Le sujet tel qu'il doit être évidé d'un côté.

Fig. b. La greffe placée comme il le faut. C'est à la rigueur une greffe en fente surmontée d'un œil qui continue à tirer ou à aspirer la sève.

La greffe du Rosier sur les racines de l'églantier, ou sur celles de quelques autres espèces, produit des fleurs trois mois après qu'elle a été faite, quand on a eu la précaution de choisir des rameaux convena

bles. Lorsqu'on veut la pratiquer, on prend des racines longues de cinq à six pouces, grosses comme une plume à écrire, bien garnies de chevelu, et on les greffe en fente par leur plus gros bout à la ma nière ordinaire. Aussitôt qu'elles sont faites on les plante en pot, en ne laissant passer que la grcffe, et on les place sur couche tiède et sous châssis, où elles ne tardent pas à se développer. Cette espèce de greffe est très-facile à faire, puisqu'elle peut se pratiquer au coin du feu et dès le mois de mars; je crois qu'on devrait la mettre plus fréquemment en usage. Voyez d'ailleurs sur ce sujet la note de M. Jacques, dans les Annales de la Société d'Horticulture de Paris, tome X, page 154.

CHAPITRE VII.

Des autres moyens de multiplication par drageons, traces, éclats des anciens pieds, marcottes et boutures.

Après les semis qui sont le moyen de multiplication le plus naturel, les drageons ou les rejets venant autour des anciens pieds, les traces qui poussent au loin, les pieds eux-mêmes quand ils se divisent en plusieurs branches, ensuite les marcottes produites primitivement par des rameaux traînants sur la terre et qui s'y sont enracinés; tel est, je crois, l'ordre dans lequel ces divers moyens de propagation ont dù se présenter et être successivement employés pour la multiplication des Rosiers, comme pour celle des autres arbres et arbustes. Après ces premiers moyens tout naturels, sont venues les marcottes faites artificiellement; enfin celles-ci ont dû donner l'idée de faire des boutures, puisque ces dernières sont aussi des rameaux qui, au lieu de tenir encore à la plantemère pendant plus ou moins long-temps, en sont séparés brusquement et mis en terre avant d'avoir formé des racines. En suivant ce raisonnement, les boutures n'auraient été imaginées qu'après les marcottes, et enfin la greffe serait venue la dernière.

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