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Les autres Rosiers, comme le Bifère, le Blanc, le Cent-feuilles, le Provins, etc., ne fleurissent jamais la première année, mais seulement la seconde et le plus souvent la troisième ou la quatrième.

Une des choses qui font le plus de tort aux jeunes Rosiers c'est le blanc ou le meunier, que les botanistes s'accordent à regarder comme une plante cryptogame parasite. Lorsque le meunier envahit les plants d'un jeune semis, il en fait quelquefois périr les trois quarts et mème beaucoup plus. Jusqu'ici les horticulteurs les plus habiles n'ont encore trouvé aucun moyen de s'opposer à la marche délétère de cette cruelle maladie, dont l'espèce de contagion se répand souvent avec une rapidité étonnante.

CHAPITRE VI.

Multiplication des Rosiers par la greffe.

Après le semis, qui est le moyen le plus puissant de multiplication, puisque c'est par lui seul que nous pouvons obtenir de nouvelles variétés de Roses, il me semble convenable de traiter de la greffe, qui nous donne la faculté de propager, aussi rapidement que nous pouvons le désirer, les riches produits que nous ont en quelque sorte créés les semis.

Il y a quarante ans, on n'employait guère la greffe, ou l'on ne s'en servait que pour se procurer certaines variétés rares et nouvelles de Roses qu'on n'aurait pu propager d'une autre manière qu'avec beaucoup de lenteur et de difficulté; mais depuis quelques années, la greffe sur églantier est presque exclusivement chez les différents pépiniéristes de Paris et de France, le seul moyen de multiplier indifféremment toutes les espèces de Rosiers. On n'estime plus un de ces arbustes s'il ne forme une tête arrondie et portée sur une tige de trois à quatre pieds de hauteur. La mode a banni des jardins soignés les Rosiers en buisson, qui, s'ils ne présentaient pas la

même grâce que ceux à haute tige, avaient d'ailleurs sur ces derniers le grand avantage de donner plus de fleurs et de vivre beaucoup plus long-temps; car rarement les espèces greffées sur églantier subsistent-elles plus d'une douzaine d'années, parce que les Rosiers sauvages qu'on emploie pour sujets, étant plus vigoureux que les greffes elles-mêmes, donnent chaque année, au-dessous de celles-ci, un plus ou moins grand nombre de pousses ou de rejets qui finissent par épuiser les greffes, malgré tout le soin qu'on peut prendre de retrancher ces pousses et ces rejets.

On greffe en général de deux manières les Rosiers sur églantier, en fente ou en écusson. La greffe en fente n'a qu'une saison, elle ne peut se pratiquer qu'à la fin de l'hiver et au commencement du printemps. La greffe en écusson peut se faire tant que les sujets ont de la sève. Elle est dite à œil poussant lorsqu'après avoir appliqué l'écusson on retranche tout de suite la tête du sujet à un ou deux pouces au-dessus de la greffe, pour forcer l'œil à se développer le plus promptement possible. L'écusson est à œil dormant lorsqu'on ne retranche rien du sujet, et que la greffe ne doit se développer qu'au printemps suivant.

Les pépiniéristes ne se donnent pas la peine de cultiver les Églantiers dont ils forment les sujets qu'ils destinent à être greffés; ils se contentent d'acheter par centaines et par milliers des rejets bien

droits et bien vigoureux de Rosiers sauvages que des gens de la campagne arrachent dans les buissons et dans les bois pendant l'automne et l'hiver, et qu'ils apportent pêle-mêle au marché, sous le nom d'Églantiers. Ceux-ci sont souvent fort mal enracinés, mais comme ils ne sont pas délicats, ils reprennent presque toujours, pour peu qu'ils aient de racines. Les horticulteurs font replanter ces sujets en pépinière à un pied de distance dans un sens et à neuf ou dix pouces dans l'autre, en laissant d'ailleurs des sentiers suffisamment larges entre trois à quatre rangs. Tel est l'éloignement qu'on donne aux Églantiers à Paris et dans ses environs, où le terrain est cher; mais dans les pays où il l'est moins, on laisse un écartement d'un tiers plus grand, et cela n'en vaut que mieux. La plus grande partie se plante ordinairement en pleine terre, et on a toujours soin d'en mettre un certain nombre dans des pots de grandeur convenable, afin de pouvoir plus facilement les vendre lorsqu'ils seront greffés et qu'ils porteront des fleurs.

Au commencement de l'été ou un peu plus tard, lorsqu'ils ont bien repris et qu'ils ont poussé plusieurs rameaux, on greffe ces sujets en plaçant les écussons sur les deux plus belles pousses qu'on a conservées seules dans la partie supérieure de la tige. Lorsque cette tige n'a pas elle-même plus de deux à trois ans, il est préférable d'y placer les greffes, au lieu de les mettre sur les branches laté

rales, en faisant toujours en sorte qu'elles soient opposées l'une à l'autre.

Je viens de dire qu'il y avait deux manières de greffer à écusson, à œil poussant et à œil dormant. De bons cultivateurs blament fortement la première manière, pratiquée en retranchant la tête du sujet aussitôt que la greffe est faite et entre autres je citerai M. Vibert, dont l'expérience doit être d'un grand poids en semblable matière. Selon cet habile praticien, la greffe à la pousse devrait être proscrite de toute bonne culture, ainsi que les greffes faites à contre-saison. « Malheureusement, me marquait-il dans une de ses lettres, les exigences d'une concurrence qui va toujours en augmentant, l'ignorance de la plus grande partie des acheteurs, et la facilité que ce moyen offre à la réduction des prix de vente, maintiennent chez beaucoup de cultivateurs cet usage pernicieux. Les plus simples notions de physiologie végétale devraient suffire pour faire connaître que la suppression totale des rameaux des sujets en pleine végétation entraîne d'une manière à peu près certaine la perte d'une grande partie des racines, d'où il résulte nécessairement de graves inconvénients. >>

Autant M. Vibert est opposé à la greffe à la pousse en retranchant la tête du sujet, autant il se montre partisan de la greffe pratiquée en employant l'arcure, telle qu'elle est en usage depuis quelques années; ainsi, dans la même lettre que je viens de ci

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