A L'HOMME QUI A LIVRÉ UNE FEMME. PAR VICTOR HUGO. O honte! ce n'est pas seulement cette femme, Ce sont les cheveux blancs de son père interdit, Juif! les impurs traitans à qui l'on vend son âme Qui nous donne du moins le bonheur de songer Ne se met point en vente au fond d'un antre infâme Rentre dans le cloaque! et que jamais ta tête (* (9) Et tais-toi! que veux-tu balbutier encor? Dis, n'as-tu pas vendu l'honneur, le vrai trésor ? Sans qu'un ami t'abrite à l'ombre de son toit, Comme la feuille au front des sapins toujours verts! Passer de cette vie à la réalité, La réalité sombre, et cruelle, immobile! ; Quand d'instant en instant plus seul et plus débile, Comme une main d'enfant qu'un homme ouvre sans peine, Afin que ton forfait ne soit pas impuni, Et que tón âme errante au milieu de ces âmes, Et lorsqu'ils te verront paraître au milieu d'eux, (a) Epigraphe du pamphlet de Deutz, tirée de l'Enéide IIX. 27. Jamais épigraphe ne fut choisie plus maladroitement, car le poète, pour compléter le sens, ajoute dans le vers suivant: mea frans omnis. Cela peut se traduire : « C'est moi, moi-même qui suis le coupable. Cette TRAHISON m'appartient toute entière. » (b) Une dame a exprimé avec bonheur, dans les vers suivans, le jugement que le public porte de la dégoûtante publication de Deutz. Voici ce qu'on lisait dans plusieurs journaux : « L'ignoble pamphlet de Deutz a inspiré à une femme les vers suivans: «Il a donc reparu l'infâme « A qui Judas légua son âme! «Que veut-il? Ce pouvoir dont il fut le soutien. « Il n'est ni Français ni chrétien. ›› ་ (c) Les policiers mêmes, en parlant de Deutz à Nantes, disaient. « C'est tout de même une f...........e canaille ! » Les officiers indignés de sa lâche conduite, brûlaient de flanquer au traître un fière cravachade. Et qu'est-ce qui les en empêcha ? la crainte d'humilier leurs chevaux! C'est que rien ne répugne tant au caractère français que la trahison. Qu'on se figure maintenant l'impression que fit à Nantes même celle de Deutz, accompagnée de circonstances si odieuses, et lorsqu'elle était encore toute chaude! On prétend que ce misérable, après le service qu'il dit avoir rendu au pays, c'est-à-dire à la France qui n'estpoint son pays, demanda à être présenté à Louis-Philippe et à sa famille. Ne dirait-on pas un maréchal de France, revenant d'une campagne glorieuse ? L'étiquette de la cour citoyenne n'est certes pas rigoureuse, toute fois son élasticité n'a pu aller jusqu'à faire paraître le méprisable Judas de vant une famille de Bourbons, devant des princes proches parens de son auguste victime. Celui qui pour une somme a vendu la Duchesse de Berry, étant à son service et rétribué comme tel, pour une autre somme vendrait Louis-Philippe à la république, et M. Thiers par-dessus le marché. (d) Voyez son libelle, à la page 73. (e) Ibid. p. 72, le traître ose dire : « Il est temps que la France connaisse Deutz, tel que l'on fait la nature, les événemens et ses passions. (ƒ) Voyez la note précédente. (g) Les originaux de ces lettres, ainsi que ceux des autres: pièces citées ou transcrites dans la présente brochure, resteront déposés pendant six mois au bureau du Moniteur de la Religion. Ils seront indiqués de la manière suivante : (voir pièces déposées no.....), (h) M. Maurice-Duval essuie le même affront, ( voir le pamphlet là même ). Ce préfet n'a que ce qu'il mérite. Il a eu l'impertinence de ne pas se découvrir devant l'auguste' prisonnière, et voilà qu'après trois ans la Providence lui envoie l'humiliation d'être encensé des mains impures du traître qui lui avait livré la princesse. U Rarò antecedentem scelestem Deseruit pede pæna claudo. Simon à peine arrivé à Paris, de son expédition de |