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cariote au dernier désespoir. Mais avide de plaisir, son principal et unique dessein a toujours. été de faire fortune. Il disait à qui voulait l'entendre: je ferai fortune ou j'y périrai. S'il avait faire fortune d'une manière honnête, il ne serait pas devenu ce qu'il est à présent. Son excessive ardeur de s'enrichir n'a pu résister à l'appât des sommes qu'on dit lui avoir été offertes, la grande princesse fût lâchement sacrifiée!

Quid non mortalia pectora cogis

Auri sacra fames!

Ce n'est donc, selon moi, qu'après son arrivée en France que Satan entra dans ce nouveau Judas. Ah! le malheureux Hyacinthe est bien à plaindre, oui, bien à plaindre! La seule infinie miséricorde de Dieu peut remettre son forfait; et sans doute, la magnanime Caroline de Berri qui a demandé la grâce de deux hommes qui avaient attenté à sa vie, prie aussi pour celui qui lui à fait mille fois plus de mal de l'assassi

ner.

que

Je me flatte que le gouvernement actuel ne blâmera pas en moi les sentimens exprimés dans cette lettre. La gratitude inspirée par les anciens bienfaits d'une grandeur abaissée, est trop sacrée pour avoir besoin d'apologie. Oui, je reconnais que je serai éternellement fidèle aux sentimens que j'ai voués à l'auguste famille qui ne m'a connu

L

que pour me faire du bien. Né et élevé sur le sol sacré de notre belle France, je porte un cœur qui a le battement français.

Et vous, mes chers frères selon la chair, qui êtes inscrits dans la milice du Christ, ou pour qui l'heure de la grâce est près de sonner, réjouissezvous; la croix que nous prenons à la suite de l'homme de douleur est devenue en cette circonstance plus pesante de tout le poids du mépris du monde. Un homme qui s'est introduit dans nos rangs a forfait à l'honneur, et déjà j'entends répéter de toutes parts comme un opprobe, le nom de juif. Réjouissons-nous; méprisés pour l'amour de JÉSUS-CHRIST on ne nous accusera pas de chercher dans la fontaine baptismale les richesses et les honneurs. Toutefois que dis-je? La qualification de juif n'est un titre de proscription que pour ceux qui reçoivent sur la tête le sang de N. Seigneur en pluie de malédiction. Mais nous qui acceptons ce sang précieux comme la source du salut, si l'on prétend nous injurier ainsi, nous répondrons avec une sainte dignité : « Oui, «< je suis juif, ou plutôt vrai Israélite, et je m'en glorifie; car à ce titre, j'ai une commune ex« traction avec mon Rédempteur et le vôtre. » D'ailleurs quel homme juste a jamais pris à partie le sacré collége des Apôtres parce qu'il s'y est trouvé un traître?

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Quant à moi, mes frères, rien ne m'arrêtera

dans la tâche de vous montrer la véritable foi de nos ancêtres. J'ignore ce que la Providence me réserve de la part de ceux qui m'ont fait des menaces atroces. Mais quand on ne tient pas à la terre on ne craint pas de la laisser. Il y a longtemps que le calice d'amertume ne quitte plus mes lèvres. Je désire la dissolution de cette habitation incommode (terrestris domus nostra), afin que mon âme s'envole dans le sein de son époux céleste: desiderium habens dissolvi et esse cum Christo. Oh! que je serais heureux de verser jusqu'à la dernière goutte de mon sang pour le divin Messie qui a le premier versé tout le sien pour moi! Et en rendant le dernier soupir je prierai encore pour mes persécuteurs, et je les aimerai.

PAUL-LOUIS-BERNARD DRACH,
Rabbin convertí.

LETTRE

De M. le chevalier P.-L.-B. DRACH, à S. A. R. MADAME, à la citadelle de Blaye.

(Cette lettre, envoyée au ministre de la justice, n'a pas été transmise à la princesse.)

MADAME,

L'Europe entière a frémi d'indignation à la nouvelle de l'horrible trahison dont s'est rendu coupable l'individu qui n'a pas craint de renouveler, de point en point, le rôle affreux de Judas. J'en ai été consterné plus que tout autre bon Francais; V. A. R. avait été dans d'autres temps ma bienfaitrice, et celui qui l'a traîtreusement livrée se dit mon parent.

L'homme qui est devenu l'exécration de tous les siècles, n'a jamais connu l'honneur et encore moins l'esprit de la religion qu'il prétendait professer. Il appartient à une famille qui s'est séparéc de moi depuis longues années, brisant tous les liens de la nature, parcequ'elle déteste les principes de l'Évangile. Je vais renoncer juridiquement à toute succession qui pourra m'écheoir du chef de cette famille : l'argent qui vient de l'enrichir me fait horreur.

Madame, nés sur le beau sol de la France, nous sommes animés, mes enfans et moi, de tous

les sentimens qui honorent notre glorieuse patrie; nous donnerions avec joie jusqu'à la dernière goutte de notre sang, s'il pouvait contribuer à soulager la position de notre auguste Protectrice.

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