Page images
PDF
EPUB

fiance, l'avait trahie et vendue à M. Thiers pour un million. MADAME me regardant en souriant dit : « Vous avez entendu, moŋsieur Deutz, c'est peutêtre vous? » Et je lui répondis sur le même ton.» (p. 55.)

IV. Une seule fois j'ai été admis à l'honneur de m'asseoir à sa table. (A la table de MADAME.) (p. 62.)

V. Je n'aperçus d'abord que M. le comte de Mesnard, auquel je demandai Madame; elle m'entendit, car à l'instant elle sortit de derrière une cloison en me disant : « Me voici, MON CHER DEUTZ. >> (p. 50 ).

Maître est-ce moi ? Il lui répondit: Vous l'a. vez dit. (Ibid.)

IV.Dans l'Evangile nous voyons une seule fois Judas assis à la table de N. S. lorsque le Divin Sauveur dit : « Celui qui met avec moi la main au plat, est celui qui me livrera. »> (Ibid.)

V. Aussitôt donc, celui qui le trahissait s'approchant de Jésus lui dit : Je vous salue, mon maître, et il le baisa. Jésus lui répondit : « MON AMI, qu'êtesvous venu faire.» (Id.)

VI. Le but de MADAME VI Et ils commencèrent à

était... ses moyens, la guerre intérieure, la corruption des fonctionnaires, l'embauchage de l'armée, et l'invasion étrangère (p. 23).

l'accuser, en disant : voici un homme que nous avons trouvé sou

levant le peuple et le détournant de payer tribut à César. (S. Luc. 23.)

EXAMEN DE QUELQUES MENSONGES ET CONTRADICTIONS DE SIMON DEUTZ.

1o. » Mon but, quoiqu'en aient dit les organes de la légitimité, était de sauver la France des horreurs de la guerre civile, et de l'invasion extérieure. Que pouvais-je attendre de Louis-Philippe dont la puissance était encore mal affermie? Des honneurs, des dignités, de l'argent?........... Mais toutes ces faveurs, après lesquelles courent l'ambition et la cupidité, m'étaient bien plus sûrement acquises, en restant attaché au parti de MADAME. Si je me taisais, déjà ennobli, créé baron, nommé plénipotentiaire de la régente, chargé par elle d'une importante mission, et d'un emprunt de 40 millions (156) pour eile et pour don Miguel, les récompenses honorifiques et pécuniaires ne pouvaient me manquer; si je parlais, je faisais le sacrifice de ces brillantes espérances, je me dévouais aux poignards carlistes, aux malédictions et aux vengeances du parti, à la flétrissure du nom de traître..... Et j'ai parlé !!..... j'ai sacrifié à ma conviction de citoyen mon intérêt d'homme... »

Telles sont les impudences que cet homme entasse pour en former son système de défense. A l'entendre, il ne s'est décidé à devenir traître que pour épargner à la France les horreurs de la guerre civile (157), voire l'invasion étrangère,

et peut-être le partage de notre belle patrie (158). Il est facile de faire voir qu'il en impose.

a. A-t-il prévenu la guerre

guerre civile ?

La guerre civile était finie, bien finie, entièrement éteinte quand Deutz fit arrêter la duchesse de Berri. Outre que c'est un fait notoire, je rapporterai en preuve la conversation que la princesse eut à ce sujet, après son arrestation avec le général Dermoncourt (159).

"

[ocr errors]

dit le brave général, me Que V. A. R. permette de lui dire que je ne comprends pas comment, lorsque tout a été fini dans la Vendée, lors qu'après les combais du Chéne et de la Pénissière tout espoir a été perdu, elle n'a pas eu l'idée de retourner aussitôt près de ce fils qu'elle aime tant;nous lui avons fait beau jeu.-Lorsque je vins en France, dit la princesse dans sa réponse (159), j'étais trompée sur la disposition des esprits ; je croyais que la France se soulèverait, que l'armée passerait de mon côté; enfin je rêvais une espèce de retour de l'Ile d'Elbe. Après les combats de Vieillevigne et de la Pénissière, je donnai l'ordre positif à tous mes vendéens de rentrer chez eux; car je suis française avant tout, général. »

Si Deutz avait véritablement voulu épargner au pays les horreurs de la guerre civile, il n'aurait pas attendu que la fortune se fût déclarée contre son auguste victime pour lancer son coup de

pied de l'àne. DÉJA A MASSA, non seulement il connaissait les projets de ce qu'il appelle guerre civile (161), mais encore il avait reçu la confidence que des officiers légitimistes organisaient déjà une armée vendéenne. Et dans sa lettre n° 23 (162), également écrite de Massa, il annonça qu'en France on avait déjà organisé environ 80,000 hommes prêts à tirer l'épée; que M. de Bourmont lui avait donné lecture de la proclamation de MADAME comme régente; que la princesse espérait être en France dans quelques mois, pour prendre en main les rénes du gou

vernement.

C'eût été alors véritablement le moment d'avertir le ministère de Louis-Philippe du mouvement qui se préparait. Mais bien loin de prévenir la guerre civile, Deutz y poussait, y coopérait personnellement par ses missions qui n'avaient point d'autre but que d'armer les citoyens les uns contre les autres (163). Il ne s'épargnait pas, et protestait qu'il était prêt à donner sa vie pour NOTRE ROI HENRI (164).

b. A-t-il prévenu l'invasion étrangère?

Deutz en accusant MADAME d'avoir voulu l'invasion étrangère, ment à sa propre conscience. Il sait que la duchesse de Berri avait en horreur l'intervention armée des souverains dans sa querelle avec son oncle. A Massa même, non seulement il avait entendu de la propre bouche de MADAME

[ocr errors]
[ocr errors]

la devise qu'elle avait adoptée : « Tout pour la France et par la France mais il connaît parfaitement, il ne peut le nier, la note que S. A. R. adressait alors à toutes les cours de l'Europe. Or, dans cette note MADAME ne demandait que l'appui moral des souverains en faveur de sa cause, et leur déclarait en même temps qu'elle ne voulait pas absolument qu'un seul soldat de leurs armées s'approchat de nos frontières.

c. Véritable et seul motif de la trahison.

Deutz n'espérait plus rien de la duchesse de Berri, traquée par les limiers de la police dans toute la Vendée. En conséquence il revira de bord, et fit pacte avec ceux pour qui le sort s'était montré plus favorable, dans le but bien visiblé d'attraper auprès deux cette fortune après la quelle il courait si avidement. Il n'avait plus aucunes brillantes espérances, aucun avenir à sacrifier. Il avait encore moins de présent à sacrifier; car il était dénué de toutes ressources. Quant à sa noblesse, c'est une vraie fable. S'il avait été, comme il l'ose avancer, créé baron, il n'aurait pas manqué d'insérer dans son libelle le texte de ses titres : l'on m'accordera sans peine que la seule assertion de Deutz n'équivaut pas à un diplôme. Sa conviction de citoyen est une autre fable. Il est clair qu'un Prussien, un individu solennellement déclaré étranger par nos magistrats, et reconnu comme tel par nos autorités administrati

« PreviousContinue »