Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

mieux que le pa
que le pape sait le contraire? Personne ne
l'a obsédé de demandes d'argent 'autant que Deutz.
Mais, outre la mauvaise opinion que le pape avait
de Deutz et la défaveur dans laquelle ce misérable
était à la conr pontificale, l'impossibilité de cette
recommandation est patente. S. S. n'a jamais
reçu la princesse qu'en audience publique. On
conçoit que pareille recommandation n'aurait
pu se faire en présence d'une cour nombreuse.

Patience, lecteur; vous n'êtes pas encore au bout de notre crescendo. Voici un autre coup d'archet dont ceux de Paganini n'approchent pas.

«Je communiquai, dit-il (p. 20) cette lettre(119) au Saint-Père. Quel ne fut pas mon étonnement de l'entendre m'engager avec chaleur à prendre parti pour MADAME contre Louis-Philippe !... (120)

Si les ennemis du trône de juillet-août, ne trouvent jamais, pour le renverser, d'autre levier que Simon Deutz, je me présente pour l'assurer moyennant un millième pour cent.

Maintenant reprenons notre système de concession. Accordons à Deutz tout ce qu'il a le front d'affirmer. Oui, mon estimable Simon, puisque vous le voulez ainsi, j'accorde que vos belles qualités, vos hautes vertus, vos rares mérites, vous ont valu l'honneur d'être l'objet des complaisances du souverain pontife. Ses bienfaits pleuvaient sur vous, sa tendresse vous inondait : vous étiez son benjamin. Et votre bienfaiteur, celui

[ocr errors]
[ocr errors]

qui vous aime comme on aime un fils unique, vous le chargez des plus atroces calomnies? Vous dites à l'oreille du public que le père des souverains comme des simples fidèles, vous a donné la charge d'aller détrôner son fils Louis-Philippe ? Vousauriez voulu exciter ce dernier contre Grégoire XVI, au moyen de cette calomnie. Mon cher Deutz, d'honneur, c'est passablement Judas: Pensez-y bien.

Offre d'une place honorable et largement rétribuée dans l'administration civile, ou si je l'aimais mieux, d'un emploi dans la diplomatie.

C'est bien singulier! jusqu'ici tout le monde croyait à Rome qu'au contraire Deutz avait sollicité de ces places, et que le gouvernement pontifical n'avait pas jugé à propos de lui en confier. Et ce qui prouve sans replique que Deutz en impose, qu'il n'a pas tant fait le dédaigneux, c'est qu'arrivé en Amérique il continuait à solliciter à Rome, par lettres, quelque place de la nature de celles dont il parle ici. Il écrivit à M. Drach de Boston en date du 26 mars 1851 (Voy. p. dép. n°16) : « J'ai écrit plusieurs lettres à S. E. Cappellari, lui demandant soit les fonds nécessaires pour établir une imprimerie catholique dans ce diocèse, objet d'une très haute importance, car ici on tire journellement les pauvres papistes à boulets rou

ges, soit une commission officielle d'aller rejoindre M. Ostini, au Brésil.

Hly joignit la menace: «Si aucune de mes deux demandes ne m'étaient accordées, je m'en retournerai en France; car il est de mon destin d'étre VEXÉ partout. melkmary fig

[ocr errors]

Et dans la lettre qu'il écrivit à M. Drach, en date du 18 juin suivant (Voy. p. dép. n° 17.) on lit en marge » Je n'ai pas un dénier vaillant. Ne pourriez-vous rien obtenir du pape pour moi? Qu'il m'envoie au Brésil ou en Espagne en qualité d'auditeur du nonce (121). ***o.

Perspective d'un brillant mariage. Ne diraiton pas que toute la noblesse romaine briguait à l'envi l'alliance de très haut et très puissant seigneur 'Simon Deutz? Retirez-vous, Borghèse, Piombini, Colonna et autres familles romaines qui vantez l'antiquité de votre noblesse et vos fortunes colossales. Deutz ne veut pas de vous; tenez-vous-le pour dit, et cessez vos importunités. Vosjeunes et riches' princesses soupireront en vain pour lui: ni leurs grâces, ni leurs riches dots ne touchent ce coeur de roche. Il déteste les femmes autant que l'argent. Mais ce qui me passe, c'est que tandis que ce fier misagyne (122) dédaigne ces brillans mariages, il est lui-même, d'un autre côté, repoussé avec perte. Une fille pauvre (123) qui n'a ni la noblesse, ni la dot, ni l'éducation des princesses auxquelles il fait la moué, rejette ses soins amoureux, et ses parens le refusent tant soit peu brutalement, en le qualifiant d'ébréaccio, ce qui veut dire : vilain juif !

« Le Saint-Père, lors que je pris congé de lui, eut la bonté de me faire compter pour mon voyage 300 piastres. Le pape dont DEUTZ N'A POINT PRIS CONGÉ ne lui a pas fait compter une obole. C'est la propagande qui, sur les instantes sollicitations de son confesseur, lui accorda une somme pour partir. Le débarras valait bien un sacrifice. On ne lui aurait rien donné pour rester...

7. Le séjour de quelques mois que je venais de faire dans l'intérieur des Etats-Unis, terre clas sique de la tolérance et de la liberté......

Halte-là! Monsieur Simon Deutz; dans les lettres que vous écriviez d'Amérique vous chantiez bien autrement. Vous n'aviez pas assez d'expressions pour flétrir la haine et les persécutions dont les catholiques sont l'objet sur votre terre classique de la tolérance et de la liberté. Pour finir ce chapitre déjà trop long, je me borne aux deux passages suivans que je trouve dans votre lettre datée de Boston, 26 mars 1831 (Voy. p. dép.n° 16) «.. ici on tire journellement les pauvres papistes à boulets rouges. »

« J'ai tenté tous les moyens pour être employé comme ouvrier imprimeur (124) ou comme professeur en hébreu (125), et toujours j'ai échoué, et savez-vous pourquoi? parce que je suis catholique ! ce dont je me glorifie ; je connais ici plusieurs Français et Italiens qui étaient catholiques et qui ont apostasiés pour obtenir des places, et ef

fectivement ils ont été placés sur-le-champ. Un de ces M.M. Italien devenu unitairien, m'a dit la semaine passée que mes relations avec monseigneur l'évêque (126) me faisaient du tort; en somme ce que l'on me promet aujourd'hui on me le refuse le lendemain, parce que je suis papiste: je ne l'aurai jamais cru si je ne les voyais, de mes propres yeux; monseigneur me dit à l'instant qu'une pauvre femme Irlaudaise a été chassée par son maître calviniste parce qu'elle a voulu aller à l'Eglise le jour de Saint Patrick! » (127)

D'où vient, monsieur Deutz, cette contradiction? C'est que votre lettre est de 1831 et votre brochure de 1835. Depuis quatre ans vous avez fait du chemin... dans le crime.

« PreviousContinue »