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même commence son histoire en ces termes : « Né à Coblentz en janvier 1802. » (pag. 5.) (7).

3° Que Deutz père ne fut pas appelé à Paris pour siéger dans le Sanhedrin, mais pour faire partie de l'assemblée des députés. (8.).

4° Que ce n'est pas son père grand-rabbin qui fut désigné par l'assemblée des députés juifs, mais son père rabbin. Nous venons de rapporter les termes du décret impérial.

Voilà comment Simon entre en matière. Il dé– bute par de grossiers mensonges, pour nous donner à croire que déjà en 1806 son père était grandrabbin, tandis qu'il n'a cette qualité que depuis 1809; que son père a été appelé à Paris comme membre du Sanhedrin. Et savez-vous pourquoi cette petite supercherie? Parce que membre du Sanhedrin c'est plus beau que député juif; que lui, Simon, est arrivé à Paris quelques années plus tôt qu'il n'y est venu réellement.

Ces points sur lesquels Simon déguise ridiculement des faits avérés, ne seraient que des vétilles s'ils ne servaient à montrer dès le début de son libelle, avec quelle audace il brave la vérité et même lanotoriété publique, pour peu qu'elle contrarie le moindre de ses calculs, la moindre de ses plus petites vanités.

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Singulière éducation de Deutz. — Progrès qui promettaient l'homme de Nantes. Deutz grand garçon. Deutz écornifleur.

Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes :
Ainsi que la vertu le crime a ses degrés.

RACINE (Phedre).

« Il (Deutz père) continua à Paris mon éducation, et plus tard, me laissa le choix d'un état. » (Texte du pamphlet, p. 6.)

Nous aurons plus d'une fois occasion de remarquer que Deutz qui promet dans son libelle (p. 3) de dire tout sans ambages, pour jeter un voile sur certaines circonstances de sa vie, se sert de phrases obscures destinées à donner le change au lecteur, se réservant in petto le véritable sens de ces phrases entortillées. C'est bien le cas du proverbe : l'entente est au diseur. Malheureusement pour lui je le suivrai un bon flambeau à la

main. La vérité n'en paraîtra que plus éclatante, et le public y'gagnera.

Que veut dire IL continua mon éducation ? D'abord Deutz père, ne sait pas un mot de latin; ilignore jusqu'aux premiers élémens de l'allemand qui est sa propre langue (9). Inutile de parler d'autres connaissances. Tout son savoir se borne à son grimoire de Talmud. Ce n'est donc pas lui personnellement qui aurait pu continuer l'éducation ni de Simon, ni de qui que ce fût. D'un autre côté, Simon a-t-il suivi les cours d'un collége royal ? ou a-t-il eu des professeurs particuliers ? Mais outre que toutes ses lettres, que j'ai fait venir de Rome, dénotent un homme sans culture (10), il est avéré que ce n'est qu'à vingt-six ans que, cédant aux sollicitations de M. Drach, il se mit au latin, en commençant par musa, musa. Ceci résulte des quatre extraits suivans de ses lettres écrites de Rome à son beau-frère.

1° « Ce qui me console beaucoup, c'est qu'en partant (11), vous, mon cher frère, vous n'avez dit que je pouvais eucore parvenir à être un savant, et que vous feriez tout ce qui pourrait dependre de vous pour m'être utile en ce sens. (Voir pièces déposées N° 4.)

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2° « Je vois journellement ici mes bons PP. Jésuites..... Ils m'ont déjà désigné aussi quelqu'un pour m'apprendre le latin (12), P. Châteaubriant doit être chargé de ce soin. » (Voir ibid.)

3o « Je continue toujours mes leçons de latin, je traduis l'Epitome historia sacræ et un peu de Ciceron, j'espère qu'avec le temps je parviendrais à pouvoir comprendre facilement, au moins tous les auteurs sacrés, dont le latin, à ce que l'on m'a assuré, était moins difficile que les auteurs profanes anciens. » ( Voir p. dép. n. 14.)

4° « Le meilleur seraitde me donner les moyens de passer six mois ici à étudier le latin et l'italien, comme je fais maintenant, et ensuite je trouverai facilement à me placer. » (Voir pièces déposées, n. 5.)

Ces passages des lettres de Deutz sont plus que suffisans pour montrer que son éducation avait été entièrement négligée, lorsqu'en 1827 et 28, M. Drach s'occupa à lui procurer une teinture d'instruction. Quel peut donc être le sens de ces mols: Il continua à Paris mon éducation?

En attendant qu'il plaise au père Deutz ou à son cher fils de nous donner le mot de cette énigme, je ferai part, moi, au public, de ce que je sais à ce sujet.

Emmanuel Deutz, une fois en possession de sa place de troisième grand-rabbin, place qui n'est qu'une espèce de sinécure (3), passait son temps dans une indolente oisiveté. Je venais rarement chez lui de jour, sans le trouver endormi devant sa table, la tête couchée sur les deux bras disposés en traversins. Il ne se souciait en aucune manière

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