Il monte sur sa bète; et la chanson (1) le dit. Quant à vous (2), suivez Mars, ou l'Amour, ou le prince, II Les Membres et l'Estomac. Je devais (3) par la royauté Messer Gaster (4) en est l'image : S'il a quelque besoin, tout le corps s'en ressent. (1) Cette chanson populaire, perdue et oubliée depuis longtemps, a été retrouvée, en 1842, par M. le Camus, membre de l'académie de Clermont. Elle se compose de trois couplets. Voici le dernier; c'est celui auquel la Fontaine fait ici allusion : Adieu, cruelle Jeanne; (2) Quant à vous, etc. C'est Malherbe qui continue de ler à Racan. (3) Il faudrait : J'aurais dû commencer. L'estomac. (Note de la Fontaine.) par (5) Trait de satire contre la noblesse, qui a longtemps re gardé l'oisiveté comme un privilége. Sans rien faire, alléguant l'exemple de Gaster. Chômons, c'est un métier qu'il veut nous faire apprendre. Tous dirent à Gaster qu'il en allât chercher (1). Que celui qu'ils croyaient oisif et paresseux, Elle fait subsister l'artisan de ses peines, Menenius (2) le sut bien dire. Les mécontents disaient qu'il avait tout l'empire, (1) Qu'il en allât chercher. En, c'est-à-dire de quoi manger; mais la phrase est obscure. (2) Menenius Agrippa, consul, l'an de Rome 260, avant J.-C. 493. Il apaisa par cet apologue le peuple mutiné contre les grands, et réfugié sur le mont Sacré. Cette soumission, du reste, ne demeura pas sans récompense : le peuple obtint la création de magistrats nommés tribuns, chargés de veiller à eurs intérêts. Quand Menenius leur fit voir Qu'ils étaient aux membres semblables, Et par cet apologue, insigne entre les fables, III Le Loup devenu Berger. Un loup qui commençait d'avoir petite part Crut qu'il fallait s'aider de la peau du renard (1) Il s'habille en berger, endosse un hoqueton (2), Sans oublier la cornemuse. Pour pousser jusqu'au bout la ruse Et ses pieds de devant posés sur sa houlette, Son chien dormait aussi, comme aussi sa musette (4). La plupart des brebis dormaient pareillement. (1) C'est-à-dire, recourir aux ruses du renard. Espèce de casaque à l'usage des bergers. Le trompeur. (Note de la Fontaine.) Ce mot vient de deux mots grecs, dont l'un signifie figue, et l'autre dévoiler. Il y avait à Athènes une loi qui défendait d'exporter des figuiers hors de l'Attique. Le dénonciateur (sycophante), ayant une part de l'amende que devait payer le coupable, abusait souvent de cette loi pour accuser toute sorte de personnes indistinctement; par suite on donna le nom de sycophante à tout homme méchant et calomniateur. (4) Comme uussi sa musette. Une musette qui dort ! alliance de mots hardie, mais pleine de naturel et de grâce. Racine a dit, dans un genre plus élevé : Mais tout dort, et l'armée, et les vents, et Neptune. (Iphigénie.) L'hypocrite les laissa faire; Et, pour pouvoir mener vers son fort (1) les brebis, Il ne put du pasteur contrefaire la voix. Ne put ni fuir ni se défendre. Toujours parquelque endroit fourbes selaissent prendre 2). Les grenouilles se lassant Le fort du loup, c'est sa tanière. Ce vers exprime la moralité de la fable; les deux suivants raillent le trompeur trompé. (3) Forme de gouvernement où le peuple est souverain. Pouvoir monarchique, pouvoir d'un seul souverain. Par leurs clameurs firent tant, Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique. Gent fort sotte et fort peureuse, Dans les joncs, dans les roseaux Sans oser de longtemps regarder au visage De qui la gravité fit peur à la première Osa bien quitter sa tanière. Elle approcha, mais en tremblant. Une autre la suivit, une autre en fit autant : Le bon sire le souffre, et se tient toujours coi (1). Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue! Qui les gobe à son plaisir; Et Jupin de leur dire: Eh quoi! votre désir Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire De celui-ci contentez-vous, De peur d'en rencontrer un pire (2).J (1) Coi, tranquille, du mot latin quietus. (2)« Il faut convenir que la conduite de Jupiter dans cet apologue n'est pas du tout raisonnable; il est très-simple de désirer un autre roi qu'un soliveau, et très-naturel que les grenouilles ne veuillent pas d'une grue qui les croque. » (Chamfort.) |