Hélas! on voit que de tout temps Les petits ont pâti des sottises des grands (1). IV La Chauve-Souris et les deux Belettes. Une chauve-souris donna tête baissée Quoi! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire, Ce n'est pas ma profession (2). Moi, souris! des méchants vous ont dit ces nouvelles. Deux jours après notre étourdie Chez une autre belette aux oiseaux ennemie (3). (1) Imitation de ce vers d'Horace : Quidquid delirant reges plectuntur Achivi. Toutes les folies des rois retombent sur les Grecs. (2) Profession. Ce mot a quelque chose de plaisant qui convient peu à la situation de la chauve-souris. (3) Aux oiseaux ennemie; latinisme, pour ennemie des oi seaux. Moi, pour telle (1) passer! Vous n'y regardez pas. Elle sauva deux fois sa vie. Plusieurs se sont trouvés qui, d'écharpe changeants (3. Mortellement atteint d'une flèche empennée (7), (4) Il faudrait tel, car c'est de l'oiseau qu'il s'agit. (3) Ce participe doit ici être invariable. Vieux mot qui signifie se moquer. « Ce n'est point le sage qui dit cela, c'est le fourbe, et même le fourbe impudent. » (Chamfort.) (6) Parti formé par les Guises contre le roi Henri III, et qui fut vaincu Henri IV. (7) Armée de plumes, ailée. Et disait en souffrant un surcroît de douleur : Cruels humains, vous tirez de nos ailes Des enfants de Japet (1) toujours une moitié Une lice étant sur son terme, Et ne sachant où mettre un fardeau si pressant, Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette; Il faut que l'on en vienne aux coups, Laissez-leur prendre un pied chez vous (3), Des enfants de Japet, c'est-à-dire du genre humain. (3) Ces deux derniers vers sont passés en proverbe. L'aigle donnait la chasse à maître Jean lapin, : Était sûr mais où mieux? Jean lapin s'y blottit. Princesse (2) des oiseaux, il vous est fort facile (1) L'escarbot est une espèce de scarabée de la grosseur du doigt. Son terrier est bien étroit pour loger un lapin. (2) Princesse. L'aigle était masculin et féminin au temps de la Fontaine; d'ailleurs il fallait nécessairement le féminin dans cette fable, puisqu'il s'agit d'une mère. Choque de l'aile l'escarbot, Enlève Jean lapin. L'escarbot, indigné, Vole au nid de l'oiseau, fracasse en son absence L'aigle, étant de retour, et voyant ce ménage (2), Du monarque des dieux enfin implore l'aide, Leur ennemi changea de note, Sur la robe du dieu fit tomber une crotte: D'abandonner sa cour, d'aller vivre au désert, Avec mainte autre extravagance. Le pauvre Jupiter se tut. Devant son tribunal l'escarbot comparut, Fit sa plainte, et conta l'affaire. On fit entendre à l'aigle, enfin, qu'elle avait tort; Mais les deux ennemis ne voulant point d'accord, (1) « Ce vers est d'une sensibilité si douce qu'il fait plaindre l'aigle, malgré le rôle odieux qu'elle joue dans cette fable. >> (Chamfort.) (2) Ménage, c'est-à-dire état de la maison; ce mot n'a plus ce sens. (3)C'est-à-dire l'aigle, Ganymède était l'échanson deJupiter. |