Marché fait, les oiseaux forgent une machine Dans la gueule, en travers, on lui passe un bâton. Justement au milieu de l'un et de l'autre oison (1). La reine! vraiment oui: je la suis en effet; Imprudence, babil, et sotte vanité, Ont ensemble étroit parentage: (1) Oison est impropre. Ce mot ne se dit que du petit d'une oie. (2) Elle tombe, fait image et peint la chose aux yeux. Il n'était point d'étang dans tout le voisinage La mème cuisine alla mal. Tout cormoran se sert de pourvoyeur lui-même. Que fit-il? le besoin, docteur en stratagème, Ma commère, dit-il, allez tout à l'instant A ce peuple: il faut qu'il périsse; (1) Oiseau aquatique qui se nourrit ordinairement de pois son. Le maître de ce lieu dans huit jours pèchera. Conter le cas. Grande est l'émute (1); D'où vous vient cet avis? Quel est votre garant? N'y savez-vous remède? Et qu'est-il bon de faire? Changer de lieu, dit-il.- Comment le ferons-nous? N'en soyez point en soin (2) je vous porterai tous, L'un après l'autre, en ma retraite. Nul que Dieu seul et moi n'en connaît les chemins : Un vivier que Nature y creusa de ses mains, On le crut. Le peuple aquatique Vous les prenait sans peine, un jourl'un, un jour l'autre. Il leur apprit à leurs dépens Un jour plus tôt, un jour plus tard, (1) Emute pour émeute, licence poétique; nous l'avons vu précédemment. (2) N'en soyez pas en peine. V L'Enfouisseur et son Compère. Un pince-maille (1) avait tant amassé Qu'il ne savait où loger sa finance. L'avarice, compagne et sœur de l'ignorance, Le rendait fort embarrassé Dans le choix d'un dépositaire; Car il en voulait un, et voici sa raison: Apprends de moi cette leçon: Le bien n'est bien qu'en tant que l'on s'en peut défaire; Notre homme eût pu trouver des gens sûrs au besoin. Au bout de quelque temps l'homme va voir son or; (1) On appelait maille une petite monnaie de moindre valeur que le denier. De là l'expression : « N'avoir ni sou ni maille.» Un pince-maille est un avare. (2) Nous retrouvons encore ici les idées de la première satire d'Horace : Quod si comminuas, vilem redigatur ad assem. At ni id fit, quid habet pulchri constructus acervus?... et la Fontaine lui-même a dit au liv. IV (l'Avare qui a perdu son trésor): L'usage seulement fait la possession. Il ne retrouva que le gîte. Soupçonnant à bon droit le compère, il va vite Tout reprendre à la fois sans qu'il y manquât rien. Il retint tout chez lui, résolu de jouir, Et le pauvre voleur, ne trouvant plus son gage, Il n'est pas malaisé de tromper un trompeur (1). VI Le Loup et les Bergers. Un loup rempli d'humanité Quoiqu'il ne l'exerçat que par nécessité, Je suis haï, dit-il, et de qui? de chacun. Chiens, chasseurs, villageois, s'assemblent pour sa C'est par [perte; là que de loups l'Angleterre (2) est déserte; On y mit notre tête à prix. (1) Cette conclusion est au moins contestable. « Edgard, roi d'Angleterre, qui régnait vers le milieu du xe siècle, fit faire tous les ans de grandes chasses pour la destruction des loups, et convertit le tribut en argent que son prédécesseur Athelstane avait imposé aux souverains de la principauté de Galles, en un tribut annuel de trois cents têtes de loups. Par ces moyens, Edgard détruisit les loups dans toute l'Angleterre.» (Walckenaer.) |