Nous disons injures au Sort. Le bien, nous le faisons; le mal, c'est la Fortune: On a toujours raison, le Destin toujours tort (1). XI Les Devineresses (2). C'est souvent du hasard que naît l'opinion, Sur gens de tous états: tout est prévention, Une femme, à Paris, faisait la pythonisse (3) : Pour se faire annoncer ce que l'on désirait. Quelques termes de l'art, beaucoup de hardiesse, (1) « Maxime pleine de sens dont la concision augmente la force.» (Ch. Nodier.) (V. liv. V, fab. 11, note 3.) (2) C'est l'histoire d'une prétendue sorcière de son temps, qui fit courir tout Paris à son galetas, que la Fontaine met ici en vers. (Th. Corneille.) On a fait aussi une comédie intitulée La Devineresse ou les Faux enchantements. (3) Nom de la prêtresse d'Apollon qui rendait des oracles dans le temple de Delphes. Il signifie ici simplement devi neresse. (4) Mot inventé par la Fontaine et admis par l'Académie pour devineresse. (5) Le carat est une partie d'or fin contenue dans une quantité d'or quelconque que l'on suppose partagée en 24 parties égales.» (Edit. Dezobry.) Ignorante à vingt et trois carats signifie donc d'une ignorance à peu près complète.. Elle passait pour un oracle. " D'une nouvelle hôtesse, à qui toute la ville, Cette dernière femme eut beau faire, eut beau dire : Et gagner malgré soi plus que deux avocats. On s'en serait moqué la vogue était passée L'enseigne fait la chalandise (6). (1) Les Sibylles étaient des prêtresses d'Apollon : elles rendaient leurs oracles dans des antres. (2) Féminin de devin; il n'a pas été consacré par l'Académie. (3) « Croix de par Dieu, l'A B C, ou alphabet pour apprendre à lire, aínsi nommé parce que le titre est ordinairement orné d'une croix. »> (Acad.) (4) On dit que les sorcières, dans leurs assemblées nocturnes qu'on appelle sabbat, volent sur un manche à balai et prennent, en se métamorphosant, des figures d'animaux. » (Gérusez.) (5) Attendit vainement les chalands. (6) Le concours des chalands. Pour maitre tel, qui traînait après soi Force écoutants. Demandez-moi pourquoi. XII Le Chat, la Belette et le petit Lapin. Du palais d'un jeune lapin Dame belette, un beau matin, Le maître était absent, ce lui fut chose aisée. Après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours, O dieux hospitaliers! que vois-je ici paraître (2)? Que l'on déloge sans trompette, 38 Nodier.) Petit tableau plein de fraîcheur et d'agrément. La dame au nez pointu répondit que la terre Qu'un logis où lui-mème il n'entrait qu'en rampant! A Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume Rapportons-nous (2), dit-elle, à Raminagrobis (3). Un saint homme de chat bien fourré, gros et gras, Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Ceci ressemble fort aux débats qu'ont parfois Les petits souverains se rapportants (4) aux rois. (1)«La plaisante chose que de faire débuter cette belette, qui vient de voler le trou d'un lapin, par un axiome qui assure son droit! Un avocat ne ferait pas mieux.» (Ch. Nodier.) (2) On dit, dans ce sens, s'en rapporter, et non pas se rapporter. (3) Raminagrobis et Grippeminaud sont des noms de chats empruntés à Rabelais. Chattemite signifie chatte douce reuse, catta mitis. (4) Ce mot doit être ici invariable. La Tête et la Queue du Serpent. Le serpent a deux parties La tète avait toujours marché devant la queue. Je fais mainte et mainte lieue Croit-elle que toujours j'en veuille user ainsi? (1) Manière ironique d'exprimer son refus. |