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Les voyelles nasales.

Le français possède en outre quatre voyelles nasales. Pour leur émission on abaisse le voile du palais et on le maintient suspendu entre le dos de la langue et l'orifice interne des fosses nasales, de manière que la colonne d'air vibrant qui vient du larynx passe à la fois par les cavités buccales et les cavités nasales. La nasalité de ces voyelles est due à la résonance des fosses nasales qui vient s'ajouter à celle de la bouche; cette nasalité commence avec la première vibration de la voyelle et finit avec la dernière.

Ces quatre voyelles sont à (an, en), õ (on), ē (in, ein, ain), a (un). L'élément nasal est le même pour ces quatre voyelles; c'est l'élément oral qui les différencie. Il a son point d'articulation propre, comme une voyelle orale quelconque. Pour les deux dernières, è et æ, cet élément oral se confond à peu près avec les voyelles ordinaires è ouvert et à ouvert. Pour à le point d'articulation est intermédiaire entre celui de a ouvert et celui de o ouvert; pour õ il va, suivant les sujets, de o ouvert à ó fermé.

Les voyelles nasales sont brèves lorsqu'elles sont finales ou inaccentuées :

enfant, enchanté, emblème, an, banc, pan, van, paon, faon, Laon, Craon, ment, dent, taon, temps, sang, lent, gant, quand, chant, en, dans, aimant, flanc, Caen;

bon, ton, nom, rond, plomb, font, on, vont, fond, raison, coton, façon, non, long, partons, constitution, rondeur, content;

faim, fin, feint, lin, plein, teint, tint, sain, saint, main, nain, bain,

essaim, vin, daim, magasin, rein, gain, éteint, airain, intact, peinture, saintelé;

un, brun, alun, chacun, à jeun, parfum, tribun, emprunt, défunt, emprunter.

Elles sont plus longues lorsqu'elles sont suivies d'un élément consonantique qui se prononce :

branche, change, bande, branle, lampe, banque, jambe, rendre, tendre;

honte, compte, conte, monde, sonde, réponse, allonge, bonde, pompe, monstre, dompte, ombre, tondre, comble, onde, nonce, gonfle, éponge;

feinte, peinte, mince, timbre, pingre, teindre, quinte, plainte; humble, emprunte.

Les Allemands, les Anglais, les Polonais, disent quelque chose comme aãng, aōng, eeng, cang, parce que leur voile du palais, complètement relevé au début de la voyelle, s'abaisse trop vers la fin; il vient ainsi obstruer le passage pharyngo-buccal, ce qui donne lieu à une espèce d'n guttural.

En outre leur point d'articulation, et ceci est commun à tous les étrangers et à beaucoup de provinciaux, est souvent inexact.

Les Italiens, Espagnols et Français du Midi ne nasalisent pas assez, ou pas du tout, la voyelle et la font suivre d'un m ou d'un n consonne :

tan «< temps »,

alon « allons », vẻn « vin », šakan « chacun ».

Très défectueuses aussi sont les dénasalisations méridionales, telles que :

anivré « enivrer » au lieu de anivré, anïvi « ennui » au lieu de ânii.

Ne le sont pas moins leurs nasalisations devant m ou n intérieur, comme dans :

ané « année » au lieu de áné, nomé « nommer » au lieu de nomé.

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Et l'on croit qu'on peut tout me faire impunément.
Soit. Essayez. Tâtez mon humeur endurante.
Combien de dards avait le serpent Stryx? Quarante.
Combien de pieds avait l'hydre Phluse? Trois cents.
J'ai broyé Stryx et Phluse entre mes poings puissants.
Osez donc! Ah! je sens la colère hagarde

Battre de l'aile autour de mon front. Prenez garde!
Laissez-moi dans mon trou plein d'ombre et de parfums.
Que les olympiens ne soient pas importuns,

Car il se pourrait bien qu'on vît de quelle sorte

On les chasse, et comment, pour leur fermer sa porte,
Un ténébreux s'y prend avec les radieux,

Si vous venez ici m'ennuyer, tas de dieux!

(HUGO, Le géant aux dieux.)

Le Tigre.

Une femme lavait son linge dans une fontaine, à cent pas de la maison; elle avait avec elle un enfant de quatorze à quinze mois.

Elle manqua de savon, retourna chez elle pour en chercher, ef, jugeant inutile d'emmener son enfant, le laissa jouer sur le gazon, près de la fontaine.

Pendant qu'elle cherchait son savon, elle jeta par la fenêtre ouverte les yeux sur la fontaine pour s'assurer si l'enfant ne s'aventurait pas au bord de l'eau; mais sa terreur fut grande lorsqu'elle vit un tigre sortir de la forêt, traverser le chemin, aller droit à l'enfant et poser sur lui sa large patte.

Elle resta immobile, haletante, pâle, presque morle.

Mais sans doute l'enfant prit l'animal féroce pour un gros chien; il lui empoigna les oreilles avec ses petites mains et commença de jouer avec lui.

Le tigre ne fut pas en reste; c'était un tigre d'un caractère jovial, il joua lui-même avec l'enfant.

Ce jeu effroyable dura dix minutes, puis le tigre, laissant l'enfant, retraversa la route et rentra dans le bois.

La mère s'élança, courut tout éperdue à l'enfant, et le trouva riant et sans une égratignure.

(A. DUMAS, Le Caucase.)

LES CONSONNES

Les consonnes françaises se distinguent par leur netteté, qui tient d'une part à l'énergie, voire à la violence avec laquelle elles sont articulées, et d'autre part à la différence entre les sourdes et les sonores, qui est aussi accusée que possible.

Dans diverses langues certaines consonnes sont prononcées mollement, d'autres ont une articulation indécise. Dans quelques langues germaniques, sourdes et sonores se confondent presque absolument; dans d'autres elles ne se distinguent que par des caractères étrangers à la sonorité. En annamite, en anglais et dans plusieurs autres langues les consonnes finales sont d'ordinaire uniquement implosives et sont entendues d'une manière imprécise.

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