est articulé comme l'é fermé accentué, mais avec diminution de l'effort organique : égal, élégant, géant, cérémonie, flétrir, gélatine, péril, désir, étaler, étrennes, éreinter, déjeuner, décolleter, défense. Il est de même fermé lorsqu'il figure dans un dérivé à côté duquel existe un mot plus simple et plus court où il est accentué et fermé, comme dans féerique à côté de fée, quéable en face de gué, gaieté en face de gai. Mais lorsque dans le simple la voyelle accentuée est un è ouvert, elle reste ouverte par analogie en perdant l'accent dans le dérivé, quand elle n'est soumise à aucune influence spéciale : fraicheur avec è comme frais, faîtage avec è comme faite, aigreur avec é comme aigre, mettons avec è comme mettre. Seulement c'est ici surtout que l'harmonisation vocalique joue un rôle important. On dit : -- pěš près « presse », prèsò « pressons », mais présé « presser, pressez, pressé », · prẻ « prêt », prètõ « prêtons », mais prété « prêter, -tez, -té », — kết « quête », kètèr « quêteur », mais kété « quêter, -ez, -é », grèf « greffe », grèfwár « greffoir », mais gréfé « greffer, -ez, -é », grèl « grêle », grèlõ « grêlon », mais grélé « grêler, -é », pêche », pěšœr « pêcheur », mais pešé « pêcher, -ez, -é », — fèt « fête », fètō « fêtons », fété « fêter, -ez, -é », èl « aile », èlrõ « aileron », élé « ailé », ·lès « laisse », lèsõ « laissons », lésé « laisser, -ez, -é », èz « aise », èzās « aisance », mais ézé « aisé », trèt «< traite », trètà « traitant », mais trété « traiter, -tez, -té », ém <«< aime », èmō « aimons », émé « aimer, -mez, -mé », – èsè « essaie », èsèyo « essayons », éséyé « essayer », · sòmèy « sommeil », sòmèyõ << sommeillons », sòméyé << sommeiller », — gè « guet », gètœr « guetteur », gété « guetter »>, - bez « baise », bezobaisons », bézé « bai· bèñ « baigne », bèñwár « baignoire », béñé « baigner », ètr « être », ètè « étais », été « été », èspér espère», espèrās espérance », éspéré « espérer », — bègè « bégaie », bègèmò « bégaie- něž « neige », něžā « neigeant »>, élvé « élever ». ser », ment », bégéyé « bégayer », neiger »>, élév « élève néžé L'harmonisation vocalique a lieu aussi avec une voyelle accentuée dont le point d'articulation est plus éloigné : ében « ébène »>, mais ébénist « ébéniste »>, - plèr « plaire », plèzâ plaisant », mais plézīr « plaisir »>, - tèt « tôle », mais tétü « têtu », — pè « paix », mais pézibl « paisible », égü « aigu», égŵiy « aiguille », égwizé « aiguiser », -ily è il y est », mais y ét i « y esttü y è « tu y es », mais y é tü « y es-tu? ». il? », Devant r intervocalique l'e est généralement ouvert : terrible, terrain; mais il y a parfois hésitation; ainsi l'on entend fèròs et féròs « féroce ». Devant suivi d'une autre consonne il est toujours ouvert : ermite, ergoter, perpétuité, éternel, merci, certain, Gertrude, Quercy, serpent. Devant une consonne suivie d'un e caduc non prononcé, l'e qui était d'ordinaire fermé autrefois est ouvert aujourd'hui : enlèvement, complètement, verrerie, grossièrement, enterrement, accidentellement, avènement, événement (évènmâ). Les ai inaccentués, lorsqu'ils ne sont soumis à aucune influence, sont généralement è: raison, maison, combinaison, raisin; mais on dit aussi méző, rézē; seulement cet effet de la règle générale ne s'étend jamais à tous les mots de cette catégorie. Il est à peine besoin de dire que beaucoup de ces nuances délicates échappent aux oreilles peu sensibles, et qu'il en résulte dans la prononciation de nombreuses divergences individuelles. LECTURES Les sarcasmes d'Hermione. Seigneur, dans cet aveu dépouillé d'artifice, Pleurante, après son char vous voulez qu'on me voie; Aux yeux de tous les Grecs indignés contre vous: La dent d'or. (RACINE, Andromaque.) Assurons-nous bien du fait avant que de nous inquiéter de la cause. Il est vrai que cette méthode est bien lente pour la plupart des gens, 1. Au xvII° siècle oi se prononçait wè. LES VARIÉTÉS D'E 43 qui courent naturellement à la cause et passent par-dessus la vérité du fait; mais enfin nous éviterons le ridicule d'avoir trouvé la cause de ce qui n'est point. Ce malheur arriva si plaisamment, sur la fin du siècle passé, à quelques savants d'Allemagne, que je ne puis m'empêcher d'en parler ici. En 1593, le bruit courut que, les dents étant tombées à un enfant de Silésie âgé de sept ans, il lui en étoit venu une d'or à la place d'une de ses grosses dents. Horstius, professeur en médecine dans l'Université de Helmstad, écrivit en 1595 l'histoire de cette dent et prétendit qu'elle étoit en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu'elle avoit été envoyée de Dieu à cet enfant pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs! Figurez-vous quelle consolation et quel rapport de cette dent aux chrétiens ni aux Turcs! En la même année, afin que cette dent d'or ne manquât pas d'historiens, Rullandus en écrit encore l'histoire. Deux ans après, Ingolsteterus, autre savant, écrit contre le sentiment que Rullandus avoit de la dent d'or, et Rullandus fait aussitôt une belle et docte réplique. Un autre grand homme, nommé Libavius, ramasse tout ce qui avoit été dit de la dent et y ajoute son sentiment particulier. Il ne manquoit autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon qu'il fût vrai que la dent étoit d'or. Quand un orfevre l'eut examinée, il se trouva que c'étoit une feuille d'or appliquée à la dent avec beaucoup d'adresse; mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l'orfèvre. (FONTENELLE, Histoire des oracles.) |