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centué aussi et qui est resté ouvert, suivant la règle générale, comme dans le simple où il est accentué (ómoñé). D'autres disent ómón, ómóñé. Ces mots où l'o inaccentué est écrit au et prononcé fermé peuvent être répartis en trois catégories: ceux dans lesquels au représente une ancienne diphtongue française qui s'est monophtonguée assez tard :

Aucun, aussi, autant, sauter, chauffer, fausser, hauteur;

ceux qui, sans remplir cette condition, ont à côté d'eux un mot plus simple et plus court dans lequel le au en question est accentué:

Pauvreté-pauvre, causer-cause;

ceux qui sont tout à fait savants et récents :

Auspices, austère, austral, authentique, auteur, autographe, automobile, autruche, caution.

Ce jeu délicat des timbres donne aisément lieu à quelque flottement.

LECTURES

La Fontaine.

Un roman, dites-vous, pourrait vous égayer;
Triste chose à vous envoyer!

Que ne demandez-vous un conte à La Fontaine ?
C'est avec celui-là qu'il est bon de veiller;
Ouvrez-le sur votre oreiller,

Vous verrez se lever l'aurore.

Molière l'a prédit, et j'en suis convaincu,
Bien des choses auront vécu

Quand nos enfants liront encore
Ce que le bonhomme a conté,
Fleur de sagesse et de gaîté.

Mais quoi! la mode vient, et tue un vieil usage.
On n'en veut plus, du sobre et franc langage
Dont il enseignait la douceur,

Le seul français et qui vienne du cœur ;
Car, n'en déplaise à l'Italie.

La Fontaine, sachez-le bien,
En prenant tout n'imita rien;
Il est sorti du sol de la patrie,

Le vert laurier qui couvre son tombeau;
Comme l'antique, il est nouveau.

(A. DE MUSSET, Silvia.)

Le coq.

Au milieu du crépuscule, à travers la pluie, il nous avait semblé voir un coq se brancher sur une échelle conduisant à un grenier à foin.

Moynet sortit.

Dix minutes après, il rentra.

On ne veut pas vendre le coq, dit-il : c'est l'horloge du poste. - L'horloge du poste, c'est bien; mais j'ai dans l'estomac une autre horloge qui sonne la faim au lieu de sonner l'heure. - Richard III offrait sa couronne pour un cheval; Kalino, offrez ma montre pour

le coq.

Et je m'apprêtais à tirer ma montre de ma poche.

Inutile, dit Moynet, le voilà.

- Quoi ?

Le coq donc !

Et il tira de dessous son paletot un magnifique coq, qui avait la tête sous son aile et ne faisait pas un mouvement.

Je l'ai endormi afin qu'il ne criât pas, dit Moynet. Maintenant que nous sommes chez nous, nous allons lui tordre le cou.

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Sacristi! Vilaine opération! je ne m'en charge pas, dis-je; avec mon fusil je tuerai tout ce que vous voudrez, mais avec un couteau ou avec les mains, non.

C'est exactement comme moi, dit Moynet. Voilà la bête; qu'on en fasse ce qu'on voudra. On m'a demandé un coq; voilà le coq demandé.

Et il jeta l'animal à terre.

Ah çà! lui dis-je, il est magnétisé votre coq.

Kalino le poussa du pied, le coq étendit les ailes, allongea le cou; mais ce double mouvement était dû à l'impulsion donnée.

Oh! oh! c'est plus que du magnétisme, c'est de la catalepsie! Profitons de sa léthargie pour le plumer, il se réveillera cuit; mais alors, s'il réclame, il sera trop tard.

Je le pris par les pattes. Il n'était ni endormi, ni magnétisé, ni en catalepsie. Il était mort.

Moynet, en lui tournant le cou, pour le lui mettre sous l'aile, avait probablement donné un tour de trop, et, au lieu de le lui tourner, il le lui avait tordu.

(A. DUMAS, Voyage au Caucase.)

Les deux voyelles A.

Il y a deux espèces d'a, comme deux espèces d'o et d'e, un à postérieur et ouvert tendant vers o, un á antérieur et fermé tendant vers è. La différence de timbre qui existe entre ces deux a est beaucoup moins sensible à l'oreille que celle que l'on remarque entre les deux o ou entre les deux e. Aussi les personnes sont nombreuses qui les distinguent mal, et c'est pour l'a que les divergences individuelles de prononciation ou les flottements sont le plus fréquents.

Pour l'à postérieur, l'ouverture buccale est en moyenne d'environ 10 millimètres entre les incisives; pour l'a antérieur elle se réduit approximativement à 7mm. Pour l'un et l'autre la langue est étendue sur le plancher de la bouche de manière qu'avec ses bords elle touche toute la rangée des dents inférieures, sauf les incisives, dont elle ne touche que les alvéoles. Pour le premier elle est très légèrement bombée vers la fin du palais dur et touche les dernières molaires supérieures; pour le dernier elle est légèrement bombée vers le sommet de la voûte palatine et touche les trois dernières molaires. supérieures. Pour le premier les commissures des lèvres sont poussées un peu en avant et l'ouverture labiale est légèrement arrondie; pour le second les commissures des lèvres sont un peu retirées en arrière et les lèvres plus rapprochées, sans arrondissement. Pour le premier les muscles des lèvres sont légèrement tendus, pour le second plus fortement. Les muscles de la langue pour le premier sont juste assez tendus pour maintenir la posi

tion, pour le second ils sont assez fortement tendus et la pointe est sensiblement pressée contre les alvéoles des incisives inférieures. Pour l'à le larynx est un peu plus relevé que pour ò; il l'est encore un peu plus pour á.

L'a POSTÉRIEUR ET OUVERT

L'a postérieur est long (ou demi-long) en syllabe accentuée, lorsqu'il n'est pas final:

pâte, plâtre, grisâtre, albâtre, âcre, Jacques, oracle, miracle, râcle, âpre, râpe, cadre, sable, câble, fable, accable, affable, diable, rable, râle, poêle (-wa), balafre, pâle, grasse, lasse, classe, tasse, as, passe, amasse, âne, damne, crâne, Jeanne, âme, blâme, infâme, flamme, réclame, bâche, tâche, gagne, paille, bataille, bâille, braille, rocaille, fiançailles, mangeaille, piaille, volaille, limaille, marmaille, broussailles, entrailles, raille, canaille, caille, cadavre, navre, rare, barre, gare, vase, phrase, phase, gaz, gaze, case, rase, base, écrase.

Il est bref:

1° lorsqu'il est final :

bas, bât, pas, mât, tas, cas, glas, amas, appas, appât, repas, trépas, gras, mois (-wà), bois.

2° dans les mots qui contiennent le groupe -rwà- :

roi, froid, froide, crois, croit, croît, croître, croix, droit, droite, endroit, froisse, paroisse;

sauf lorsqu'il est suivi d'une consonne allongeante, comme croire, croise, Hongroise, Bavaroise (-wà-).

L'a ANTÉRIEUR ET FERMÉ

Il est bref, sauf devant r, z, ž, v finaux :

patte, rate, battre, boite, boîte, cloître, couette, fouet, fouette, foi, fois, chat, chatte, cravate, pape, nappe, rapt, apte, frappe, cap, table,

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sac, lac, chaque, tact, acle, axe, flaque, fiacre, quoique, spectacle, obstacle, cénacle, pinacle, tabernacle, gambade, algue, bague, zigzag, femme, dame, drame, entame, gramme, gamme, trame, mangeâmes, paysanne, avoine, pivoine, moine, bagne, montagne, éloigne, témoigne, mal, calme, valse, salve, halte, amical, local, scandale, dalle, balle, toile, moelle, poil, ail, bail, travail, portail, attirail, corail, soupirail, bétail, détail, poitrail, marbre, marche, nargue, barbe, arc, farce, arche, épargne, parle, arme, lucarne, carpe, carte, caste, asthme, casque, face, glace, audace, embrasse, crasse, cuirasse, angoisse, chasse, masse, hache, tache, crache, géographe, soif, coiffe, carafe, là, plat, bras, laffetas, galetas, tu as, il a, tu auras, qu'il chantât, il chantera, estomac, drap, combat, doit, dois, doigt, moi, toi, soi, toit, exploit, choix, voix, bourgeois, rat, état, sofa, loi, emploi, émoi, je bois, soie, voie, noie.

Il est long devant r, z, ž ou v final :

part, tard, quart, art, fard, barbare, dard, hasard, lard, char, canard, bazar, camard, placard, fanfare, déclare, poire, mâchoire, boire, soir, noir, foire, gage, ombrage, page, ménage, cage, étage, rage, plage, âge, villageoise, bourgeoise, Danoise, il lave, une lave, il pave, boive, doive, poivre, reçoive, cave, esclave, grave.

Il est bon de noter que oi est encore prononcé wè dans beaucoup de provinces, et même dans l'Ile-de-France à peu de distance de Paris. Il faut aussi faire une remarque sur les mots orthographiés par oue, oè. La prononciation normale est wa: fouet, moelle, poêle, couette, couenne, mais l'influence de l'orthographe, qui détermine une prononciation wè, uè, oè, gagne du terrain de jour en jour. Elle est seule usitée dans les mots peu employés à Paris, comme girouette, chouette (oiseau, mais chwat « joli », populaire), mouette, rouet; la prononciation wa ne s'est jamais établie dans des mots comme jouait, louait, clouait, parce que l'influence des autres imparfaits a maintenu la prononciation è pour ait; dans jouet la prononciation wa est rare; dans souhait, souhaiter il y a hésitation (swa et swe); même la prononciation fwè, fwèté « fouet, fouetter », commence à apparaître. Dans brouette l'u est voyelle. On ne dit plus que poèt, noël « poète, Noël ».

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