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BATIGNOLLES-MONCEAUX, IMPRIMERIE D'AUGUSTE DESREZ ET CIE,

RUE LEMERCIER, 24.

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AUGUSTE DESREZ, IMPRIMEUR-ÉDITEUR,

RUE NEUVE-des-petits-CHAMPS, 50.

M DCCC XXXVIII.

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La vie de Montaigne, c'est l'histoire de ses idées, | marquable et qu'une mort précoce vint frapper à et cette histoire se trouve décrite au vif par luimême dans ses Essais.

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Tout le monde, dit-il, me reconnaît en mon livre, et mon livre en moi. » Sa vie active ne fut marquée que par un bien petit nombre d'événements. Pendant que toutes les passions religieuses et politiques s'agitaient autour de lui, lui, homme de sens et d'honneur, jugeait avec équité les hommes et les choses, et sans refuser, lorsqu'il en était requis, sa coopération ou ses conseils dans l'intérêt de son pays, il s'était fait une existence heureuse dans l'étude de la philosophie et dans la jouissance des délices de l'amitié. Ainsi ses recherches morales du bien trouvaient dans l'amitié une prompte récompense.

Il naquit le 29 février 1533 au château de SaintMichel de Montaigne, possession de sa famille. On était alors dans toute l'ardeur des lettres latines, et son père voulut que le latin devînt aussi bien sa langue naturelle que le deviendrait le français. Son précepteur eut ordre de ne parler avec lui qu'en latin, et il ne fut pas jusqu'à sa mère, à sa nourrice et aux femmes de la maison qui reçurent leur contingent de paroles latines pour les faire entendre au jeune disciple. Dès six ans, le jeune Michel parla en effet le latin avec facilité. Envoyé au collège de Guienne à Bordeaux, il s'y fit distinguer, et à douze ans il put jouer son personnage dans les tragédies latines qu'on représentait habituellement dans tous les colléges.

Dès l'âge de treize ans il commença ses études en droit, et à peine eut-il atteint sa vingt-unième année, que son père lui acheta une charge de conseiller à la Cour des aides qui fut ensuite réunie au parlement de Bordeaux. Les années qui s'écoulèrent jusqu'à l'année 1560 furent bien douces pour lui. Il avait trouvé un ami, digne de lui, Étienne de La Boëtie, homme véritablement reMONTAIGNE.

l'âge de trente-deux ans, au moment où son mérite commençait à être universellement apprécié. Cette liaison eut une grande influence sur toute la vie de Montaigne. Au milieu de ce spectacle de désordre, son esprit porté au doute sur tout ne pouvait jamais douter de la vertu et de l'honneur après en avoir contemplé un si cher modèle.

Jusque-là Montaigne n'avait encore rien publié. Son premier ouvrage fut un acte d'obéissance filiale. Il entreprit, pour plaire à son père, la traduction de la Théologie naturelle de Rémond de Sebon, et publia cette traduction en 1568, en la lui dédiant. Ce ne fut que quelques années après et après la mort de son père, arrivée en 1569, qu'il commença à écrire ses Essais. Une phrase de lui nous indique la date précise de la composition d'un de ses chapitres1. . Il n'y a, dit-il, justement que quinze jours que j'ai franchi trente-neuf ans. » Il a donc écrit ce morceau le 15 mars 1572, année si odieusement fameuse par les massacres de la Saint-Barthélemy, qui eurent lieu cinq mois après.

Dès l'année 1570 Montaigne avait abandonné le parlement pour l'épée.

Il ne publia qu'en 1580, à Bordeaux, sa première édition des Essais. Il sentit cette même année les premières atteintes d'une terrible maladie dont il supporta les souffrances avec fermeté d'âme, sans négliger tous les moyens possibles pour en triompher. Ce fut dans les intérêts de sa santé qu'il entreprit alors un voyage en Italie, à l'occasion duquel il dicta à son secrétaire ou écrivit en courant quelques notes que je publie à la suite des Essais. Ce fragment avait été écrit par Montaigne comme un simple mémorandum destiné à le guider dans le soin de sa santé; mais lors

(1) Ch. XIX, «Que philosopher c'est apprendre à mourir. »

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