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F'opéra.

C'est sur-tout dans les arts que brille la nature : un peintre, un sculpteur vous dit que ses figures sont nature; les poètes invoquent à tout moment la nature; les moralistes, les physiciens ne sortent pas de la nature, et chacun sait que les médecins et les acteurs sont presque toujours à côté de la nature.

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Le lieu où l'on est né

pour

PATRIE. les grammairiens le lieu où l'on est bien pour les 99 centièmes des hommes; la passion dominante de quelques pauvres diables dont on se moque dans le monde en les appelant les oies du Capitole. Il existe un peuple sur la terre chez qui l'amour de la patrie est synonyme de fléau de

l'humanité.

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>> PRÉJUGÉ. S'entend d'une manière différente, suivant qu'il s'applique aux hommes ou aux femmes. Un homme à préjugés est un homme. armé de vieilles opinions qu'il oppose sans examen à des vérités nouvelles. Une femme à préjugés est presque toujours une femme attachée à ses devoirs. Il y a des préjugés appuyés sur des vertus; les gens qui les attaquent ne tirent pas toujours juste. Il faut l'adresse et le coup

d'œil de Guillaume Tell pour enlever la pomme

sans toucher l'enfant.

» PRÉTENTIONS.

Le plus innocent des mensonges, parce qu'il n'en impose à personne ; le plus dangereux des témoins, parce qu'il dépose toujours contre la personne en faveur de laquelle il parle. Les prétentions à la jeunesse donnent toujours à une femme quelques années de plus qu'elle n'en a. Valsain n'était qu'un homme ignorant; ses prétentions à l'esprit en ont fait un sot. Les prétentions à la naissance sont les plus ridicules, et pourtant les plus mo destes de toutes.

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» RIDICULE.

Ce n'est pas un défaut; ce n'est pas un vice; ce n'est pas un crime : c'est bien pis.

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>> SENTIMENT. Affection nervale. - Ma. dame telle a un sentiment. Ne vous découragez pas; on peut changer de sentiment; on peut même en avoir plusieurs à-la-fois. Il y a des femmes qui sont tout sentiment: comment se fait-il que les femmes à sentiment n'aiment pas les hommes à sentiment? C'est que le sentiment, chez les hommes, n'a pas le même siége, le même empire, la même expression.

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femme vous dit qu'un homme a de grands talens, il est toujours malhonnête de rire.

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» VALEUR. Dans les revers, les poltrons l'appellent témérité, extravagance: Montaigne n'était pas de cet avis: Le vrai vaincre, dit-il, a pour son rôle le choc, et non pas le salut, et consiste l'honneur de la vertu à combattre, non à battre.

» VÉRITÉ. Vieux mot exprimant une chose toute nouvelle. Antoine Perez disait que c'était pour savoir la vérité que les rois entretenaient des fous auprès d'eux : depuis long-tems ils ne sont plus entourés que par des sages. - Vous avez pour vous la force ; j'ai pour moi la vérité : la lutte peut être longue, mais la victoire me restera. La violence est passagère, la vérité est éternelle. N'est-ce pas Massillon qui a dit cela?

» VIE.Grammaticalement parlant, jamais on a tant abusé de la vie. C'est après la nature le mot dont nos poètes, et sur-tout nos romanciers, font le plus d'usage: l'amour même a perdu de son crédit; ce n'est plus qu'une vie dans la vie. Je m'informe de la santé d'une jolie femme; elle me répond qu'elle porte légèrement la vie.

Un bon bourgeois, à qui je demande si sa femme est accouchée, me dit que depuis huit jours son enfant essaie la vie. Je parle du prix du tems à un jeune homme dissipé; il convient avec moi qu'il éparpille sa vie. Une femme à sentiment, pour me donner une idée de l'état de son ame, me dit qu'elle se balance sur la vie entre le passé qu'elle regretle et l'avenir qu'elle craint. Pour moi, sans être attaqué du spleen, je déclare que je suis las de la vie; je n'y entends plus rien, depuis qu'on la place dans le discours comme on la reçoit et comme on la donne, sans savoir ce qu'on fait. >>

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CELUI qui se charge de peindre les mœurs de son siècle et de son pays a beau répéter, comme La Bruyère, qu'il fait des tableaux et non pas des portraits, c'est toujours parmi les peintres de cette dernière classe qu'on s'obstine à le ranger. Au lieu de s'attacher à l'ensemble de sa composition, à la vérité des attitudes, à la franchise de l'expression, à l'exactitude plus ou moins rigoureuse du costume, on s'amuse à rechercher dans ses figures les traits épars des originaux qui ont pu lui servir de modèles, et, donnant un nom propre à chacun des vices, des défauts ou des ridicules dont il trace l'image,

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