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Seul garçon dans une famille qui comptait cinq filles, le jeune Caron fut naturellement l'enfant gâté de la maison. Son enfance n'eut rien de cette tristesse rêveuse que présente quelquefois le caractère des hommes, doués du génie comique, le caractère de Molière, par exemple. Elle fut gaie, folâtre, espiègle. Elle fut la parfaite image de son talent et de son esprit. Sa sœur Julie a consacré plus d'une page à raconter ses fredaines d'enfant, et lui-même dans sa vieillesse avouait que son père, qui élevait sa famille très-chrétiennement, parvenait difficilement à rendre son jeune fils assidu à la messe, même en lui imposant des retenues sur l'argent destiné à ses menus plaisirs. Quoiqu'il le destinât à lui succéder dans sa profession d'horloger, le père de Beaumarchais voulut cependant lui donner une certaine instruction classique, et il le plaça pendant quelques années dans une maison d'éducation à Alfort. Les études du jeune Caron furent néanmoins un peu brusquées; plus tard, il est vrài, devenu homme de cour, et homme de lettres, Beaumarchais employa de son mieux les rares loisirs que lui laissaient les nombreuses affaires dont sa vie fut constamment encombrée, à suppléer aux lacunes de ses premières études. Mais il est facile de reconnaître que ce fond primitif d'instruction classique resta toujours un peu faible chez lui. Son père le retira du collége à treize ans pour lui faire apprendre l'horlogerie sous sa direction. J'ai cité une lettre de lui mélangée de prose et de vers, écrite à cet âge de treize ans qui est précisément l'àge qu'il a donné à Chérubin, qui prouve que pour créer cette figure de page, il

lui, en 1798. Elle ne se maria point; sa vie tout entière fut consacrée aux intérêts de ce frère qu'elle aimait tendrement et dout elle était tendrement aimée. Quand le jeune Caron prit le nom qu'il devait rendre si fameux, il le donna à la plus aimable de ses sœurs. C'est donc sous le nom de mademoiselle de Beaumarchais que Julie, au temps de la célébrité de son frère, se fit connaître dans le monde où elle brillait, non point par sa beauté, car, sans être laide, elle n'était pas très-jolie, mais par les agréments de sa conversation et de son caractère. En avançant en åge, Julie se distingua de son frère en ce sens que, sans rien perdre de la gaieté de son humeur, elle prit des habitudes d'esprit plus sérieuses et se tourna de plus en plus vers les idées de morale et de religion. En 1784, l'année même de la première représentation du Mariage de Figaro, la sœur de Beaumarchais, par un contraste assez piquant, composa et publia, sous l'anonyme, un volume petit in-12 intitulé : Existence réfléchie ou Coup d'ail moral sur le prix de la vie. C'est un recueil de réflexions morales empruntées à Young, à plusieurs autres auteurs, et entremêlé de pensées appartenant à Julie elle-même, qui composa également un recueil de prières et une paraphrase du Miserere.

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IMPRIMERIE DE L. TOINON ET C, A SAINT-GERMAIN.

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