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ET

LA PITIÉ,

POËME

EN QUATRE CHANTS,

PAR

M. L'ABBÉ DE LILLE,

UN DES QUARANTE DE L'ACADÉMIE FRANÇOISE.

Publié par M. De Mervé.

A LONDRES,

CHEZ A. DULAU ET CO. SOHO SQUARE, ET PROSPER ET CO.

WARDOUR STREET.

1803.

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PRÉFACE.

L'AUTEU

que

AUTEUR de ce Poëme ne se dissimule pas toutes les haines doit lui attirer sa publication. Il attaque un million de propriétaires illégitimes et de spoliateurs barbares. Aucun regret ni aucun ressentiment personnels n'ont conduit sa plume. Il ne s'est jamais permis aucune satire, n'a répondu à aucune; et quand il a réfuté quelques critiques de ses ouvrages, c'étoit moins pour les justifier, que pour dissiper quelques préjugés littéraires, ou pour répandre quelques principes de goût, trop méconnus. II opposera la même impassibilité au déchaînement dont on le menace: il ne peut effrayer celui qui, sous les couteaux de Robespierre, lui refusa un hymne pour l'Etre Suprême, qu'outrageoient ses hommages, que calomnioit son existence, et qu'a trop tard justifié son supplice.

Si on avoit réuni les voix de ceux dont il défend la cause, peut-être cet ouvrage n'auroit point vu le jour; mais un homme, profondément indigné de l'injustice, ne consulte ni les seurs, ni les opprimés; il écoute l'humanité et la justice. A ces

oppres

motifs s'est joint le souvenir ineffaçable de ce qu'il doit à ses augustes bienfaiteurs: il a voué à leur mémoire le respect qu'il eut pour eux dans les temps de leur prospérité, et qu'il leur a fidèlement conservé dans leur infortune: rien ne meurt pour les cœurs reconnoissans.

Ce Poëme n'est pas, comme on pourroit l'imaginer, un ouvrage purement de circonstance. L'Auteur, dans le 1er Chant, peint la pitié exercée par les particuliers envers les animaux, les serviteurs, les parens, les amis; et indistinctement tous les êtres à qui leurs malheurs et leurs besoins donnent des droits à la pitié des âmes sensibles. Il contient deux épisodes d'un genre et d'un caractère différens; dans l'un il a peint, avec des couleurs plus sombres, et d'un pinceau plus énergique, les misères de la ville; dans l'autre, avec des teintes plus douces, la misère des campagnes, où elle se montre moins effrayante et moins hideuse. Le lieu même de la scène demandoit un ton différent. De ces deux épisodes, l'un est un fait réel, assez intéressant pour que le célèbre Danloux se soit proposé, d'après la lecture que l'Auteur lui en a faite, de lui consacrer l'admirable talent qui a rendu si touchant son beau tableau de la Vestale, auquel toute l'Angleterre a couru, quoique personne n'en ait offert un prix digne de ce chef-d'œuvre. Le second épisode est tout entier d'imagination; on pourroit l'appeler l'espièglerie de la bienfaisance.

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