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() milange touchant de malheurs et de charmos!

London Published as the Act directs, by M De Marve

Dans ce vaste Paris, le calme du cercueil;

Les citoyens, cachés dans leurs maisons en deuil,
Croyant sur eux du ciel voir tomber la vengeance;
Le char affreux, roulant dans un profond silence;
Ce char, qui plus terrible, entendu de moins près,
Du crime, en s'éloignant, avance les apprêts;
L'échafaud régicide et la hache fumante;

Cette tête sacrée et de sang dégouttante,

Dans les mains du bourreau de son crime effrayé;
Ces tableaux font horreur: et je peins la Pitié!
La pitié pour Louis! il n'est plus fait

pour elle.
O vous, qui l'observiez de la voûte éternelle,
Anges, applaudissez! il prend vers vous l'essor:
Commencez vos concerts, prenez vos lyres d'or.
Déjà son nom s'inscrit aux célestes annales,
Préparez, préparez vos palmes triomphales:
De sa lutte sanglante il sort victorieux,

Et l'échafaud n'étoit qu'un degré vers les cieux.

Mais, d'où vient tout à coup que mon cœur se resserre?

Hélas! il faut des cieux revenir sur la terre!

Louis en vain assiste aux célestes concerts;

Les cieux sont imparfaits, son épouse est aux fers.
O mélange touchant de malheurs et de charmes,
Ton nom seul a rouvert la source de mes larmes!

O vous, qui des hauts rangs déplorez les malheurs,
Ah! combien de vos yeux doivent couler de pleurs!
Lorsque des grands revers l'image douloureuse
Joint au pouvoir détruit la beauté malheureuse,
Qui peut voir sans pitié se flétrir ses attraits,

Et les traits du malheur s'imprimer sur ses traits?
François, qui l'avez vue, et jeune, et belle, et rcine,
Répondez! est-ce là l'auguste souveraine

Qui donnoit tant d'éclat au trône des Bourbons,
Tant de charme au pouvoir, tant de grâce à ses dons?
Hélas! tant qu'elle a pu, dans sa tour solitaire,
D'un auguste captif partager la misère,

Tous deux s'aidoient l'un l'autre à porter leurs douleurs;
N'ayant plus d'autres biens, ils se donnoient des pleurs.
Une fois arrachée à cet époux fidèle,

Elle vivoit sans lui, mais il vivoit près d'elle.
Ah! combien ses malheurs se sont appesantis!
Elle n'a plus d'époux, et tremble pour un fils.
Ah! d'une seule mort si leur rage contente,
Respectoit dans ses bras cette tête innocente;
Si, du soin d'élever cette royale fleur,

Elle pouvoit charmer son auguste douleur!
Mais, lui-même on l'arrache à sa main maternelle,

Leur prison séparée en devient plus cruelle.

Ses pensers désormais vont se partager tous
Entre les fers d'un fils et l'ombre d'un époux.
Ah cruels! désarmez vos rigueurs inhumaines,

Hélas! elle eut un sceptre, et vous voyez ses chaînes!
Vains discours: chaque instant vient aggraver son sort.
Prisonnière à côté du tribunal de mort,

On l'immole long-temps, et le coup qui s'apprête
Reste éternellement suspendu sur sa tête.

A cette attente horrible on joint tous les tourmens,
Tout ce qui flétrit l'âme, et révolte les sens;
Sans cesse elle respire une vapeur immonde;
Le froid glace ces mains qu'idolâtroit le monde;
Un vil grabat succède à des lits somptueux;
A sa faim, qu'éveilloient des mêts voluptueux,
On plaint une grossière et sale nourriture,
Et la pourpre des rois a fait place à la bure.
Elle-même, que dis-je? incroyable destin!
S'impose un vil travail, et, l'aiguille à la main,
Oubliant et Versaille et les pompes du Louvre,
Répare les lambeaux de l'habit qui la couvre.
Les besoins sont toujours le signal des refus,

Et son malheur s'accroît d'un bonheur qui n'est plus.
Quoi! les trônes des rois sont-ils donc tous en poudre,
Et l'aigle des Césars a-t-il perdu la foudre?

Hélas! partout l'oubli, l'impuissance ou l'effroi!
Ah! dans cet abandon, tendre Pitié, dis-moi,
N'est-il pas une issue, une route secrète

Qui conduise mes pas vers sa sombre retraite ?
Que je puisse, à genoux, adorant ses malheurs,
Au prix de tout mon sang sécher un de ses pleurs?
Mais il n'en est plus temps: l'affreux conseil s'assemble,
On vient, le verrou crie, on l'entraîne, je tremble.
C'en est fait: le voici, voici l'instant fatal.
Hé bien! je vais la suivre au sanglant tribunal.
Moi-même, à haute voix, je dénonce ses crimes.
Vous, qui fîtes tomber les plus grandes victimes,
Juges de votre reine, écoutez ses forfaits!
Sa facile bonté prodigua les bienfaits;
Son cœur de son époux partagea l'indulgence;
aimer, ignora la vengeance.

Ce cœur, fait pour aimer, ignora la

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J'ai tout vu, j'ai su tout, et j'ai tout oublié. Ce mot inconcevable aux âmes sans pitié,

Ce mot, dont la noblesse encouragea le crime,

Il fut de son grand cœur l'expression sublime.
Elle fit des heureux, elle fit des ingrats:
Tigres, oserez-vous ordonner son trépas?

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Ah! leurs horribles fronts l'ont prononcé d'avance!
Mais je n'attendrai point l'effroyable sentence:

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