A ces traits, jadis chers, à ces voix qu'ils connoissent, Les mains serrent les mains, les cœurs pressent les cœurs. Leur montrent leurs parens ou leurs compagnons d'armes, Ceux de qui les bienfaits essuyèrent leurs larmes, Ceux qui de leur enfance ont partagé les jeux; Dans leurs embrassemens leurs transports se confondent, Aux cris joyeux succède un lugubre silence: Enfin, le jour renaît, et l'airain des batailles 66 Laissez-là ces mousquets, ces piques et ces dards; "La nature a maudit vos affreux étendards! "Hélas! hier encore, assis aux mêmes tables, 66 Je resterai muette, et vos justes malheurs "A mes yeux vainement demanderont des pleurs. "Et vous qui, les premiers, provoquant la vengeance, "Avez des cœurs françois rompu l'intelligence, "C'est à vous de donner le signal de la paix: "Vos barbares exploits sont autant de forfaits. "Le chemin qui conduit ses enfans aux conquêtes, "Est teint de notre sang et pavé de nos têtes; "Près d'elle sont assis, sur son char inhumain, "D'un côté le triomphe et de l'autre la faim. "Abjurez, il est temps, vos palmes funéraires; "Aimez-vous en François, embrassez-vous en frères; "Et qu'aux chants de la mort succèdent en ce jour "Les cris de l'allégresse et les hymnes d'amour!" FIN DU CHANT SECOND. |