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Ce dernier, chef de l'expédition, chargé des instructions secrètes, choisi par Rewbell, et son allié, ouvre un nouvel enfer. Totila et Alaric furent miséricordieux, à côté de ces déprédateurs modernes, élevés dans les Lycées de Paris.

Des cris s'élèvent, ce sont ceux de l'impuissance. Comment, avec quoi solder cette profusion de rapines?

La fureur publique accuse le lâche silence de la législature Helvétique, elle le rompit, s'émut, intercéda, remontra: mais Rapinat inflexible poursuit ses vols; Shawenbourg et ses soldats les protégent. De concert ils font taire les plaintes et le désespoir : la Suisse écrasée passe sous un système de terreur; la prison, la confiscation, l'inquisition, l'échafaud attendent les murmures et la première résistance.

En un mot une oppression si effrénée aliénoit jusqu'aux Jacobins les plus immoraux, et le directoire se vit forcé de feindre de désavouer et de rappeler Rapinat. Mercure Brit. vol. Ier. 250 et suivantes.

PAGE 45, VERS 9.

Ah! qui pourroit tracer ces scènes de carnage?

Tous les journaux du temps nous assurent que ce tableau n'est point exagéré. Dans le Canton de Berne plus de 30 villages, un espace de plusieurs lieues, furent mis au pillage; châteaux, maisons bourgeoises, fermes, maisons rustiques, dévastées de fond en comble; on tuoit les bestiaux, on brisoit les meubles qu'on ne pouvoit emporter. On a trouvé dans les bois les cadavres de plus de cent femmes qui, mortes victimes de la brutalité la plus infâme, y avoient été jetées pour servir de pâture aux oiseaux et aux bêtes féroces.

PAGE 46, VERS 9.

D'un côté montrez-moi les noms, les noms sublimes

De ceux qui de l'état ont péri les victimes.

Parmi les sénateurs on compte MM. Effinguer et Herbort.
On regrette dans les membres du grand conseil de Berne.
MM. Bucher, Capitaine, tué,

Daxelhofer,

Le Général d'Erlach,
De Gumoens, Colonel,
Graffenried de Vilars,
Grouber, Capitaine,

Ryhiner, Colonel,

De Werdt d'Arberg.

PAGE 48, VERS 17.

Où s'arment en fureur, pour le choix des tyrans,

Sujets contre sujets, parens contre parens.*

L'auteur n'a pas prétendu s'attribuer ce dernier vers; il l'a emprunté de Corneille, comme particulièrement consacré à peindre la guerre civile, et devenu proverbe.*

PAGE 48, VERS 13.

La Vendée! à ce nom, la nature frémit,
L'humanité recule, et la Pitié gémit.

Nous n'avons encore aucun mémoire authentique et circonstancié sur cette guerre. Tout ce que l'on sait à cet égard, c'est qu'elle fut alimentée par le comité de salut public; nous renvoyons nos lecteurs aux discours de Barrère et de Charlier dans le moniteur. Personne n'ignore les atroces décrets qui livrèrent ce malheureux pays au pillage et aux flammes, et transformèrent des campagnes peuplées et fertiles, en déserts et en décombres.

NOTES

DU

TROISIÈME CHANT.

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PAGE 54, VERS 17.

Tant que d'un Dieu suprême on adore les lois,

La pitié dans les cœurs fait entendre sa voix;

Mais quand un peuple impie outrage sa puissance,

Alors elle se tait: et voilà sa vengeance.

"Tout se tourne en révolte, et en pensées séditieuses," dit le prince des orateurs François, "quand l'autorité de la religion "est anéantie. Mais pourquoi chercher des preuves d'une vérité que "le Saint-Esprit a prononcée par une sentence manifeste? Dieu même menace les peuples qui altèrent la religion qu'il a établie, de se re"tirer du milieu d'eux, et par là de les livrer aux guerres civiles. "Ecoutez comme il parle par la bouche du prophète Zacharie: Leur "áme, dit le Seigneur, a varié envers moi; et je leur ai dit: Je ne "serai plus votre pasteur. Que ce qui doit mourir, aille à la mort; que ce qui doit être retranché, soit retranché. Et que ceux qui demeu66 reront, se dévorent les uns les autres. Zach. 11, 9."

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Bossuet. Oraison funèbre de la Reine d'Angleterre.

Aussi ces hommes sans Dieu, comme les appelle Paschal, eurent-ils grand soin de détruire la religion, ou au moins d'en détourner le cours. De là leurs blasphèmes contre tout ce qu'il y a de plus sacré ; de là leurs temples, leurs autels, leurs hommages à la déesse de la raison, en un mot, toutes les fêtes honteuses qu'ils substituèrent au saint culte du Dieu

vivant.

PAGE 56, VERS 17.

La hache est sans repos, la crainte sans espoir;

Le matin dit les noms des victimes du soir.

L'auteur fait allusion à ces journaux du matin qui proclamoient dans tout Paris les noms des victimes égorgées juridiquement le soir de la veille.

Il y avoit aussi des journaux du soir qui proclamoient les noms des victimes du matin du même jour.

PAGE 56, VERS 24.

L'opulence dénonce et la naissance accuse.

Si dans les commencemens de la révolution, la noblesse avoit été principalement en butte à toutes les fureurs du parti populaire, la classe des bourgeois riches ne tarda pas à s'apercevoir que la naissance n'étoit qu'un prétexte de persécution, et que le parti triomphant en vouloit au moins autant à la fortune qu'à la noblesse. La convention leva enfin tout à fait le masque, en lançant un décret de mort contre tous ceux qui n'apporteroient pas leur argent à la monnoie. Pour donner plus d'effet à cette loi, il fut décrété que les dénonciateurs des personnes qui ne s'y conformeroient pas, partageroient avec le comité.

Rabaud de St.-Etienne fut découvert par un homme qui croyoit que la retraite où ce député proscrit étoit caché, recéloit quelque trésor : enfin on a vu une jeune fille dénoncer son père.

:

PAGE 58, VERS 5.

Ses chefs auront leur tour; leur pouvoir les proscrit;

Sur leurs tables de mort déjà leur nom s'inscrit.

On se rappelle ces paroles prophétiques de Dépréménil à Pétion qui venoit de l'arracher tout sanglant, des mains d'une populace acharnée à sa mort: "Comme vous l'êtes aujourd'hui, monsieur, j'ai été porté "en triomphe, et vous me voyez maintenant en proie aux fureurs du "peuple ne vous fiez point à sa faveur, ni à votre fortune actuelle." Pétion ne tarda pas à justifier cette prophétie; ceux qui l'avoient immolé l'ont suivi de près, et ceux-ci n'ont que précédé ceux qui les avoient sacrifiés ; ainsi l'expérience nous prouve que tel est le sort que la justice divine réserve à tous ceux qui appuient leur puissance usurpée sur la faveur populaire.

PAGE 58, VERS 17.

Les arts aident le meurtre, et célèbrent les crimes.

On sait qu'il n'étoit point de fête révolutionnaire où l'on ne chantât des hymnes en l'honneur de la liberté, de l'égalité, de la raison et de toutes les divinités du jour. Le premier peintre de Paris n'a pas rougi de prostituer son art en faveur des régicides; ses trop fameux tableaux de Michel Peltier et de Mara, proclameront à la postérité le talent de David et son infamie.

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