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tua nonnulla in illum extitiffe, ftipendia vos und feciffe aliquandiu nemo negat: fed quid contra teftamentum dicis, in quo fcriptus hic eft? Voyez PAROMOLOGIE. (Le chevalier DE JAUCOURT.)

(N.) PARISYLLABE ou PARISYLLABIQUE, adj. C'eft un terme de la Grammaire grèque, par lequel on défigne quatre des déclinaifons fimples, où les noms ont un égal nombre de fyllabes au nominatif & au génitif: comine Alvéas génit. Απέν; χάρτης, gen. χάρτη : μοῦσα, gin. μούσης; τιμή, gén. Tins: Moyos, gén. Móy8; žúrov, gén. ξύλα : άλως, ξέn. ἅλω.

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Quoique le commun des grammairiens comptent quatre déclinaifons fimples parifyllabes ou parifyllabiques, l'auteur de la Nouvelle méthode gréque de Port-Royal femble vouloir, & peut-être avec raifon, les réduire à deux; & l'on en va voir la raifon. Il donne d'abord en vers techniques une règle générale pour la déclinaison des Parifyllabes,

en cette manière :

ee Tous les noms fans accroiffement,

» Sur l'article fe déclinant,

» Soufcrivent toujours leur datif;

» Et font en v l'accufatif,

» Où la voyelle fe joindra,

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a La déclinaifon parifyllabe, ajoute-t-il pour glofe, eft celle qui fuit l'article felon fes terminaifons. Mais comme l'article enferme deux manières » différentes de décliner, l'une du mafculin auquel fe rapporte le neutre, & l'autre du féminin; il » arrive de là que la déclinaifon parifyllabe eft

double: l'une, qui fuit l'article féminin, & com» prend les féminins en a & en & les mafcu» Lins en as, & en », répondant à la première des la»tins; & l'autre, qui fuit l'article mafculin, &

comprend des noms mafculins, féminins, & communs en es & des neutres en ov, répondant à » la feconde des latins ».

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On voit que Lancelot, pour divifer la décliBaifon parifyllabique en deux, fe fonde uniquement fur la différence des deux articles, dont la déclinaifon fert de type à celle des Parifyllabes: & cela eft plus raifonnable que la divifion ordinaire, fondée fur la différence des terminaifons, qui n'en occafionne aucune dans les règles de la déclinaison. Lancelot ajoûte, & il faut le fuivre afin d'avoir tout ce qui concerne cette manière de décliner:

« L'une & l'autre de ces déclinaifons parifyl» labes a toujours fon datif foufcrit comme l'ar»ticle; & lon accufatif fe termine en v, avec la p voyelle du nominatif: comme ή μοῦσα, τῇ μούση, τὴν μέσαν; ὁ Ανδρέας, τῷ Ανδρέα, τον Ανδρέαν; ὁ λόγος, τῷ λόγῳ, τὸν λόγον.

Il me femble que les noms & les adjectifs foumis à cette manière de décliner, devroient être nommés Parifyllabes, parce qu'ils y gardent toujours le même nombre de fyllabes; & qu'on ne

devroit nommer parifyllabique que la déclinaifon de ces mots, parce qu'elle ne les fait pas ceffer d'être Parifyllabes, qu'elle leur conferve toujours le même nombre de fyllabes. Le terme de Parifyllabe énonce l'état des mots; celui de Parifyltabique exprimé une relation à cet état. J'en dis autant des termes Imparifyllabe & Imparifyllabique. Voyez cet article. (M. BEAUZEE.)

PARLER, v. n. C'eft manifefter fes pensées au dehors par les fons articulés de la voix. Cependant quelquefois on parle par fignes. Ce mot a un grand nombre d'acceptions différentes. On dit: Cet homme parle une langue barbare. Il y a des gens qui femblent parler du ventre. Les pantomimes anciens parloient de tous les points de leur vifage & de toutes les parties de leurs corps. Dieu. a parlé par la bouche des prophêtes. Les rois parlent par la bouche de leurs chanceliers. Cette affaire tranfpire, on en parle. Les fiècles parleront long temps de cet homme. Cécile, vous avez été indifcrète, vous avez parlé. Venez ici, parlez. A qui penfez-vous parler? On parle peu quand on fe refpecte beaucoup. N'en parlez plus, oublions cette affaire. Je parlerai de vous au miniftre. Il y a peu de gens qui parlent bien. La nature parle; le fang ne fauroit mentir. Cela parle tout feul. Nous parlerons Guerre, Littérature, Politique, Philofophie, Armées, Belles-Lettres. Les tuyaux de cet orgue parlent mal. Je veux que fa femme parle dans cet acte. Les murs ont des oreilles; ils parlent aufli. Son filence me parloit. On apprend à parler à plufieurs oifeaux. On avoit appris à un chien à parler; il prononçoit environ trente mots allemands. (ANONYME.)

PARODIE, f. f. Belles-Lettres. Maxime triviale ou proverbe populaire. Voyez ADAGE, PROVERBE. Ce mot vient du grec apd & i♪ès, via, voie, c'est à dire, qui eft trivial, commun, & populaire.

Parodie, xapoda, parodia, fe dit auffi plus proprement d'une plaifanterie poétique, qui consiste à appliquer certains vers d'un fujet à un autre, pour tourner ce dernier en ridicule, þu à travestir le férieux en burlesque, en affectant de conserver, autant qu'il eft poffible, les mêmes mots & les mêmes cadences. V. BURLESQUE. C'est ainsi que M. Chambers a conçu la Parodie; mais fes idées à cet égard ne font point exactes.

La Parodie a d'abord été inventée par les grecs, de qui nous tenons ce terme, dérivé de apa & dr chant ou poéfie. On regarde la Batrachomiomachie d'Homère, comme une Parodie de quelques endroits de l'Iliade, & même une des plus anciennes pièces en ce genre.

M l'abbé Sallier, de l'Académie des Belles-Lettres, a donné un difcours fur l'origine & le caractère de la Parodie, où il dit en fubftance que les rhéteurs grecs & latins ont diftingué différentes fortes de Pa

D d d d d 2

Todies. On peut, dit Cicéron, dans le fecond livre de l'Orateur, inférer avec grâce dans le difcours un vers entier d'un poète, ou une partie de vers, foit fans y rien changer, foit en y fefant quelque léger changement.

Le changement d'un feul mot fuffit pour parodier un vers: ainfi, le vers qu'Homère met dans la bouche de Thétis, pour prier Vulcain de faire des armes pour Achille, devint une parodie dans la bouche d'un grand philofophe qui, peu content de fes effais de Poéfie, crut devoir en faire un facrifice au dieu du feu. La déeffe dit dans Homère :

“Ηφαίτε, προνολ ̓ ὧδε Θέτις νυτὶ σεῖο χατίζει. A moi, Vulcain, Thétis implore ton fecours.

Le philofophe, s'adreffant auffi à Vulcain, lui

dit:

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Pour grands que foient les rois, ils font ce que nous
fommes,

Et fe trompent en vers comme les autres hommes.
Chapelain décoiffé.

Le changement d'une feule lettre dans un mot devenoit une Parodie. Ainfi, Caton, parlant de Marcus-Fulvius-Nobilior, dont il vouloit cenfurer le caractère inconftant, changea fon furnom de Nobilior en Mobilior.

Une troifième espèce de Parodie étoit l'application toute fimple, mais maligne, de quelques vers connus ou d'une partie de ces vers, fans y rien changer; on en trouve des exemples dans Démofthène & dans Ariftophane. On trouve, dans Epheftion, daus Denys d'Halycarnaffe, une quatrième efpèce de Parodie, qui confiftoit à faire des vers dans le goût & dans le ftyle de certains auteurs peu approuvés. Tels font, dans notre langue, ceux où Defpréaux a imité la dureté des vers de la Pucelle.

Maudit foit l'auteur dur, dont l'âpre & rude verve,
Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve,
Et de fon lourd marteau martelant le bon fens,
A fait de méchants vers douze fois douze-cents.

Enfin, la dernière & la principale espèce de Parodie, eft un ouvrage en vers compofé fur une

pièce entière, ou fur une partie confidérable d'une pièce de Poésie connue, qu'on détourne à un autre fujet & à un autre fens par le changement de quel ques expreffions; c'est de cette espèce de Parodie que les anciens parlent le plus ordinairement: nous avons en ce genre des pièces qui ne le cèdent point à celles des anciens.

Henri Étienne dit qu'Archiloque a été le premier inventeur de la Parodie, & il nous donne Athénée fon pour garant; mais M. l'abbé Sallier ne croit pas qu'on puiffe lui attribuer l'invention de toutes les fortes de Parodies. Hégémon de Thafos, île de la mer Égée, qui parut vers la quatre-vingt-huitième olympiade, lui paroît incon teftablement l'auteur de la Parodie dramatique, qui étoit à peu près dans le goût de celles qu'on donne aujourdhui fur nos théâtres. Nous en avons un grand nombre & quelques-unes excellentes, entre autres Agnès de Chaillot, Parodie de la tra gédie de La Mothe, intitulée Inés de Caftro; le mauvais Ménage, Parodie de la Marianne de Voltaire. On peut, fur nos Parodies, confulter les réflexions de Riccoboni fur la Comédie. Les latins, à l'imitation des grecs, se font auffi exercés à faire des Parodies.

On peut réduire toutes les espèces de Parodies à deux efpèces générales: l'une qu'on peut appeler Parodie fimple & narrative; l'autre, Parodie dramatique. Toutes deux doivent avoir pour but l'agréable & l'utile. Les règles de la Parodie re gardent le choix du fujet & la manière de le traiter. Le fujet qu'on entreprend de parodier doit être un ouvrage connu, célèbre, eftimé : nul auteur n'a été autant parodié qu'Homère. Quant à la manière de parodier, il faut que l'imitation foit fidèle, la plaifanterie bonne, vive, & courte; & l'on doit éviter l'efprit d'aigreur, la baffeffe d'expreffion, & l'obfcénité. Il ett aifé de voir, par cet extrait, que la Parodie & le Burlefque font deux genres très-différents, & que le Virgile trave de Scaron n'eft rien moins qu'une Parodie de l’Énéide. La bonne Parodie eft une plaifanterie fine, capable d'amufer & d'inftruire les efprits les plus fenfés & les plus polis; le Burlesque eft une bouffonerie miférable qui ne peut plaire qu'à la populace. (ANONYME.)

* PARODIE. On appelle ainfi, parmi nous, une imi tation ridicule d'un ouvrage férieux; & le moyen le plus commun que le Parodiste y emploie, ek de fubftituer une action triviale à une action héroïque. Les fots prennent une Parodie pour une critique: mais la Parodie peut être plaifante; & la critique, très-mauvaife. Souvent le fublime & le ridicule fe touchent; plus fouvent encore, pour faire rire, il fuffit d'appliquer le langage férieux & noble à un fujet ridicule & bas. La Parodie de quelques fcènes du Cid n'empêche point que ces fcènes ne foient très-belles; & les mêmes chofes, dites fur la perruque de Chapelain & fur l'honneur de don Diègue,

peuvent être rifibles dans la bouche d'un vieux rimeur, quoique très-nobles & très-touchantes dans la bouche d'un guerrier vénérable & mortellement offenfé: Rime ou crève à la place de Meurs ou tue, eft le fublime de la Parodie; & le mot de don Diègue n'en eft pas moins terrible dans la fituation du Cid. Dans Agnès de Chaillot, les enfants trouvés qu'on amène & l'ample mouchoir d'Arlequin nous font rire. Les fcènes d'Inés parodiées n'en font pas moins très-pathétiques. Il n'y a rien de fi élevé, de fi touchant, de fi tragique, que l'on ne puiffe traveftir & parodier plaifamment, fans qu'il yait, dans le férieux, aucune apparence de ridicule.

Une excellente Parodie feroit celle qui porteroit avec elle une faine critique, comme l'éloquence de Petit-Jean & de l'Iniimé dans les Plaideurs; alors on ne demanderoit pas fi la Parodie eft utile ou nuifible au goût d'une nation. Mais celle qui ne fait traveftir les beautés férieuses d'un ouvrage, que difpofe & accoutume les efprits à plaifanter de tout; ce qui fait pis que de les rendre faux : elle altère auffi le plaifir du fpectacle férieux & noble; car, au moment de la fituation parodiée, on ne manque pas de fe rappeler la Parodie, & ce fouvenir altère l'illufion & l'impreffion du pathétique. Celui qui la veille avoit vu Agnès de Chaillot, devoit être beaucoup moins ému des fcènes touchantes d'Ines. C'eft d'ailleurs un talent bien trivial & bien méprifable que celui du Parodiste, soit par l'extrême facilité de réuflir fans efprit à traveftir de belles chofes, foit par le plaifir malin qu'on paroît prendre à les avilir.

(Le mérite & le but de la Parodie, lorfqu'elle eft bonne, eft de faire fentir entre les plus grandes chofes & les plus petites, un raport qui, par fa jufteffe & par fa nouveauté, nous caufe une vive furprife: contrafte & reffemblance, voilà les fources de la bonne plaifanterie ; & c'est par là que la Parodie eft ingénieufe & piquante. Mais fi dans le fujet comique ne fe préfentent pas naturellement les mêmes idées, les mêmes fentiments, les mêmes images, prefque les mêmes caractères, les mêmes paffions que dans le fujet férieux; la Parodie eft forcée & froide. C'est la jufteffe des raports, c'est l'apropos, le naturel, la vraifen.blance, qui en fait le fel, l'agrément, la fineffe. Voyez PLAI

SANT.

Le même poème nous fournira les deux exemples oppofés. Dans le Lutrin, rien de plus jutte & de plus naturellement placé que l'épisode de la Difcorde: on fait qu'elle règne dans une église comme dans un camp, parmi des prêtres & des moines comme parmi des Généraux d'armées; & lorsqu'on lui entend tenir dans le Lutrin le même langage à peu près qu'elle tiendroit dans l'Iliade, lorsqu'on la voit

Encor toute noire de crimes,

Sortir des cordeliers pour aller aux minimes, ce raprochement des extrêmes, cette manière ingénieufe de nous faire fentir que les grandeurs font

relatives, & que les paffions égalisent tous les in-
térêts; cette manière, dis-je, qui eft le grand art
de La Fontaine, rend l'intervention de la Discorde,
dans les démélés d'un Chapitre, auffi plaifante qu'elle
eft jufte. On eft agréablement furpris de retrouver
dans la bouche de cette fière divinité les mêmes
difcours qu'elle a coutume de tenir dans les grands
poèmes, & de l'entendre parler d'une querelle de
chanoines, comme Junon, dans l'Enéide, parle de
la guerre de Troie & de la fondation de l'Empire
romain.

Suis-je donc la Discorde ? & parmi les mortels,
Qui voudra déformais encenfer mes autels?

Mais lorfque, dans le même poème, pour le feul plaifir de parodier Virgile, Boileau amène une querelle qui n'a aucun raport à celle du Chapitre ; lorfque, pour s'élever au ton héroïque dans un fujet plaifant, il fait dire à un perruquier des chofes qui n'ont jamais dû lui paffer par la tête;

Et le Rhin de fes flots ira groffir la Loire,
Avant que tes bienfaits fortent de ma mémoire:

qu'il fait dire à la perruquière, pour imiter Didon;
Ni ton épouse enfin toute prête à périr, &c.
& au perruquier, pour rappeler Énée;

Je ne veux point nier les folides bienfaits,

Dont ton amour prodigue a comblé mes fouhaits:

tout cela grimace, & n'a rien de vraisemblable ni de plaifant.

Boileau a tourmenté cet endroit de fon poème. II avoit mis d'abord un horloger à la place du perruquier. Il trouva que ce perfonnage n'étoit pas affez comique; il changea, & ne fit pas mieux. C'eft que la fitnation n'avoit rien d'affez analogue à celle de Didon & d'Énée; qu'il n'étoit ni plus vraisemblable ni plus amufant de voir une perruquière, qu'une horlogère, fe défoler de ce que fon mari alloit paffer la nuit à monter un lutrin; & que leur querelle n'avoit aucun trait à la vanité ridicule du chantre & du tréforier, les deux héros du poème. ) ( M. MARMONTEL.)

PAROLE, f. f. Gramm. Mot articulé qui indique un objet, une idée. Il n'y a que l'homme qui s'entende & qui fe faffe entendre en parlant. Parole fe dit auffi d'une maxime, d'une fentence. Le chrétien doit compter toutes les Paroles. Cet homme a le talent de la Parole comme perfonne peut-être ne l'eut jamais. Les Paroles volent, les écrits reftent. Les théologiens appellent l'Évangile la Parole de Dieu. Donner fa Parole, c'eft promettre. Eftimer fur Parole, c'eft eftimer fur l'éloge des autres. Porter des Paroles de mariage, & en entamer les propofitions, c'est la même chose. (ANONYME.)

(N.) PAROLE, MOT. Synonymes.
La Parole exprime la penfée. Le Mot repré-

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fente l'idée qui fert à former la penfée. C'eft pour faire ufage de la Parole que le Mot eft établi. La première eft naturelle, générale, & univerfelle chez les hommes; le fecond eft arbitraire, & varie felon les divers ufages des peuples. Le our & le NON font toujours & en tous lieux les mêmes Paroles; mais ce ne font pas les mêmes Mots qui les expriment en toutes fortes de langues & dans toutes fortes d'occafions.

On a le don de la Parole, & la fcience des Mots. On donne du tour & de la jufteffe à cellelà; on choifit & l'on arrange ceux-ci.

Il eft de l'effence de la Parole d'avoir un fens & de former une propofition: mais le Mot n'a pour l'ordinaire qu'une valeur propre à faire partie de ce fens, ou de cette propofition. Ainfi, les Paroles diffèrent entre elles par la différence des fens qu'elles ont; le mauvais fens fait la mauvaise Parole: & les Mots diffèrent entre eux, ou par la fimple articulation de la voix, ou par les diverses fignifications qu'on y a attachées; le mauvais Mot n'eft tel, que parce qu'il n'eft point d'ufage dans le monde poli.

L'abondance des Paroles ne vient pas toujours de la fécondité & de l'étendue de l'efprit. L'abondance des Mots ne fait la richeffe de la langue, qu'autant qu'elle a pour origine la diverfité & l'abondance des idées. ( Ľabbé GIRARD.)

(N.) PAROLE (PORTER), PORTER LA PAROLE. Synonymes.

Quoique ces deux expreffions, compofées prefque des mêmes mots, femblent par la même être fynonymes; elles ne laiffent pas d'être différentes, à caufe de la différence des fens du mot Parole dans les deux expreffions. La première eft du langage du Commerce; la feconde eft du langage des Corps, des compagnies, des fociétés autoritées.

Porter parole, c'eft faire des offres. On m'a porté parole de cent-mille livres pour ma part dans le retour du vaiffeau l'Amphitrite: Vous porterez parole de vingt - mille francs pour l'aquifition de cette maifon, & ne craignez pas d'être pris au mot.

Porter la parole, c'est parler au nom d'une affemblée, d'un Corps, d'une compagnie, d'une fociété. Dans chacun des fix Corps des marchands de la ville de Paris, c'eft le grand-garde qui porte la parole; les fyndics & les jurés, dans les communautés des arts & métiers, portent la parole, chacun pour fon Corps dans les Académies, c'eft ordinairement celui qui les préfide qui porte la parole au nom de fa compagnie: dans les Cours fouveraines, les gens du roi font leur réquifitoire, l'un des avocats généraux ou le procureur général portant la parole. (M. BEAUZEE.)

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rude de iis, confervé dans μw & dans iuregia, & représenté par h dans nos mots françois homologation & homologuer ; je trouve partout apusia fans cet efprit, & j'écris en conféquence Paromologie fans h, quoiqu'on ait écrit Parhomologie dans le Dictionnaire raifonné des arts & des fciences.

Quoi qu'il en foit, c'eft un mot inutile pour nous, puifque l'ufage a fubftitué à ce mot celui de Concejion pour défigner la même figure de penfee. Voye CONCESSION. (M. BEAUZEE.)

(N.) PARONOMASE ou PARANOMASIE, f. f. Figure de Diction par confonnance physique, qui réunit dans la même phrafe des mots qui fonnent de même ou à peu près de même, quoiqu'ils énoncent des idées différentes. On en trouve des exemples chez les grecs & chez les latins.

Hérodote (lib. 1) dit: abhμaтα μathμara; ce qu'on a traduit, en confervant la figure, par Quae nocent docent.

Apollodore, peintre célèbre d'Athènes, avoit mis cette infcription à l'un de fes ouvrages: Meral τις μᾶλλον ἢ μιμήσεται; reprehendet quis magis quam imitabitur.

On en trouve auffi dans Cicéron. Quum in gremio mimarum mentum & mentem deponeres. Dans un autre endroit Conful ipfe parvo animo & pravo, facie magis quam facetiis ridiculus.

S. Pierre Chryfologue fe plaint en ces termes de la mondanité des moines: Monachorum celle jam non funt eremiticæ, fed aromaticæ. Il fixe ailleurs leur devoir: Hoc agant in cellis, quod angeli in cœlis.

Les grecs & les latins aimoient ces jeux de mots: notre langue, plus auítère à cet égard & d'un goût plus sûr, ne s'en accomode guères; & nos bons ecrivains en fourniroient peu d'exemples.

J'en citerai toutefois un de M. Diderot : C'est à moi, dit-il, à lui inspirer le libre exercice de sa raifon, fi je veux que fon me ne fe rempliffe pas d'erreurs & de terreurs.

Je n'en ai rencontré que deux dans Maffillon, qui ne fe les eft permis que parce que la matière même les lui a préfentés. Qu'il est difficile de fe tenir dans les bornes de la vérité, quand on n'eft plus dans celles de la charité ! Dans un autre endroit: Ils donnent à la vanité ce que nous donnons

à la vérité.

« On doit, dit du Marfais, éviter les jeux de mots qui font vides de fens; mais quand le fens » fubfifté indépendammenr du jeu de mots, ils ne » perdent rien de leur mérite ». C'est l'apologie » des exemples qu'on vient de citer >>.

Le mot Παρονομασία eft compore de παρά prope, proche, & de roua, nomen, nom; & fe traduit en latin par Annominatio, approximation de nom reffemblance de mot. ( M, BEAUZÉB. )

PARONYME, f. m. Grammaire. Ariftote appelle Paronyme tout ce qui reçoit fa dénomination

fun autre mot qui eft d'une différente terminaifon; par exemple, juftus & jufte font des Paronymes, parce que l'un & l'autre dérivent du mot juftitia. A proprement parler, les Paronymes font des mots qui ont quelque affinité par leur étymologie. Les fcholaftiques les appellent en latin Agnominata, & en parlent dans la doctrine des ante-prédicaments. (ANONYME.)

(N.) PARRHÉSIE, f. f. Ianoia, licence; comme qui diroit a poia ou

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de nãs, πᾶτα πᾶν, omnis & pé, dico. C'eft en effet une figure de penfée par fiction, au moyen de laquelle, en feignant d'en dire plus qu'il n'eft permis ou convenable, on parvient à un but auquel on ne paroiffoit pas tendre. Je dis, en feignant; parce que, fi l'efpèce de licence avec laquelle on s'exprime eft franche, & qu'elle énonce les véritables fentiments de celui qui parle, c'eft alors une expreffion toute fimple, & non pas une figure: quid enim minus figuratum quam vera libertas ? Quintil. Inft. orat. jx. z.)

Commençons par un exemple qui n'est point figuré, quoique l'abbé Mallet l'ait cité comme tel daus fes Principes pour la lecture des orateurs. (Tom. III, pag. 282). C'est le discours que rhus, gouverneur de Néron, tient à Agrippine, mère de ce prince. (Britannicus, act. 1, fe. ij.)

Bur

Je ne m'étois chargé, dans cette occafion,
Que d'excufer Céfar d'une feule action:
Mais puisque, fans vouloir que je le justifie,
Vous me rendez garant du reste de sa vie ;
Je répondrai, Madame, avec la liberté
D'un foldat qui fait mal farder la vérité.
Vous m'avez de Céfar confié la jeuneffe ;
Je l'avoue, & je dois m'en fouvenir fans ceffe :
Mais vous avois-je fait ferment de le trahir?
D'en faire un empereur qui ne fût qu'obéir?
Non; ce n'est plus à vous qu'il faut que j'en réponde;
Ce n'eft plus votre fils, c'est le maître du monde:
J'en dois compte, Madame, à l'Empire romain,
Qui croit voir son salut ou la perte en ma main.

Ce morceau eft admirable fans doute, par la liberté même avec laquelle s'explique Burrhus; mais elle eft vraie, & il n'y a point de Parrhéfie. J'en dis autant du difcours plein d'une agrefte fierté que les envoyés des fcythes tiennent à Alexandre. (Q. Curt. vii. viij. 33.)

Mais il y a véritablement Parrhéfie dans cette lettre de Voiture au prince Eugène; parce que, fous prétexte de lui faire des reproches, il le loue très-délicatement de fes exploits: A cette heure que je fuis loin de votre Alteffe & qu'elle ne peut faire ufage de la charge, je fuis réfolu de

Lui dire tout ce que je penfe d'elle il y a long temps, & que je n'avois ofe lui déclarer. Vous en faites trop, Monfeigneur, pour pouvoir le fouffrir en filence. Si vous faviez de quelle forte tout le monde est déchainé contre vous dans Paris, je fuis affûré que vous auriez honte. A dire la vérité, je ne fais à quoi vous avez penfé d'avoir, à votre âge, choqué deux ou trois vieux capitaines, que vous deviez refpecier, quand ce n'auroit été que pour leur ancienneté ; pris feize pièces de canon, qui appartenoient au prince qui est oncle du roi & frère de la reine, avec qui vous n'aviez jamais eu aucun différend; & mis en defordre les plus belles troupes des efpagnols, qui vous avoient laissé pajjer avec tant de bonté. Si vous continuez, vous vous rendrez iufupportable à toute l'Europe, à l'empereur méme, & au roi d'Espagne, qui dorénavant ne pourront plus vous fouffrir.

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Voici un autre exemple plus férieux de Parrhésie, tiré du difcours de Cicéron à Cefar pour Ligarius (ij & iij, 6, 7). Il tourne véritablement à la louange de Céfar; mais la fin de l'orateur étoit de fauver Ligarius, en montrant qu'il étoit dans un cas plus favorable que celui oui avoit été Cicéron lui-même, à qui le dictateur avoit fait grâce. Ce trait fait autant d'honneur au cœur qu'à l'efprit de l'orateur romain.

O clementiam admi- O clémence admirable & rabilem atque omni digne d'être louée, d'être Laude, prædicatione, publiée, d'être immortalifée Litteris, monumen- par les Lettres, & d'ètre rifque decorandam confacrée par des monuments! Cicéron en votre M. Cicero apud te préfence foutient, qu'un defendit, alium in autre n'a pas eu le deffein ea voluntate non fuiffe qu'il confefle avoir eu luiin quá fe ipfum con- même; & il n'a ni inquiéfitetur fuiffe; nec tuas tude fur ce que vous pentacitas cogitationes ferez en vous-même, ni extimefcit, nec quid crainte fur ce qui peut vous tibi, de alio audienti, venir dans l'efprit à fon de fe ipfo occurrat re- fujet, tandis que vous l'entendrez défendre la caule formidat. d'un autre.

Vide quam non re- Jugez combien je fuis loin formidem; vide quan- de craindre; jugez quelles ta lux liberalitatis & lumières je puife tout à coup, fapientiæ tuæ mihi en vous parlant, dans la conapud te dicenti obo- noiffance que j'ai de votre riatur; quantum po- eft que je vas elever lavoix générofité & de votre fageffe; tero voce contendam, de toutes mes forces, afin que ut hoc populus To- le peuple romain l'entende manus exaudiat: Suf- bien: Oui, Céfar, lorsque cepto bello, Cafar, la guerre étoit commencée, gefto etiam ex magnâ qu'elle étoit même faite en

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