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La maifon le fournit, la Fermiere l'ordonne, Et mieux que Bergerat l'appétit l'affaifonne. O fortuné féjour! ô champs aimés des Cieux! 40 Que pour jamais foulant vos prez délicieux, Ne puis-je ici fixer ma courfe vagabonde, Et connu de vous feuls, oublier tout le monde! Mais à peine du sein de vos vallons chéris, Arraché malgré moi, je rentre dans Paris, 45 Qu'en tous lieux les Chagrins m'attendent au paffage. Un Cousin abufant d'un fâcheux parentage,

REMARQUES.

gneur du Broulain & du Rancher; & de Madelaine Col bert. Voyez l'Avis fur la Satire ill. & les Vers 74. 88. 107. de la même Satire.

IMIT. Vers 37. La maifon le fournit, la Fermiere Tor donne.] MARTIAL, Livre I. Epigr. LVI.

Pinguis inæquales onerat cui Villica menfas

Et fua non emptus praparat ova cinis.

VERS 38. Et mieux que Bergerat.] Fameux Traiteur. DESP.

Il demeuroit dans la rue des Bons-Enfans, à l'enseigne des Bons-Enfans.

VERS 39. O fortuné féjour! champs, &c.] Horace, Livre II. Satire VI. Vers 60.

O rus, quando ego te afpiciam? quandoque licebit
Nunc Veterum libris, nunc fomno & inertibus horis
Ducere follicita jucunda obliyia vitæ.

VERS 46. Un Coufin abufant, &c.] Baltazar Boileau. Пavoit eu des biens confidérables, entre autres, trois Charges de Payeur des Rentes, qui furent fupprimées. Pour en obtenir le remboursement, il avoit engagé no

Veut qu'encor tout poudreux, & fans me débotter,
Chez vingt Juges pour lui j'aille folliciter.

Il faut voir de ce pas les plus confidérables.
50 L'un demeure au Marais, & l'autre aux Incurables.
Je reçois vingt avis qui me glacent d'effroi.
Hier, dit-on, de vous on parla chez le Roi,
Et d'attentat horrible on traita la Satire.

Et le Roi, que dit-il? Le Roi fe prit à rire.

REMARQUE S..

tre Auteur dans fes follicitations, fur-tout auprès de M. Colbert.

VERS 50. L'un demeure au Marais, &c.] Horace, Ep. II. L. II. v. 68.

Cubat hic in colle Quirini,

Hic extremo in Aventino: vifendus uterque,
Intervalla vides humanè commoda.

VERS 54. Le Roi fe prit à rire.] Le Duc de Montauzier ne fe laffoit point de blâmer les Satires de notre Poëte. Un jour le Roi peu touché des cenfures que ce Seigneur en faifoit, fe prît à rire & lui tourna le dos. Notre Auteur n'avoit garde de manquer à faire ufage d'un fait, qui lui faifoit honneur. Quand il récita cette Epitre au Roi, Sa Majesté remarqua principalement cet endroit, & fe mit encore à rire.

IMIT. Ibid. Et le Roi, que dit-il? Le Roi fe prit à rire.] HORACE en pareil cas, comptoit beaucoup fur le fuffrage d'Augufte; & ce qu'il en dit a fervi de modele à notre Auteur. C'eft dans la Satire I. du Livre II. Vers 82.

Si mala condiderit in quem quis carmina jus eft
Judiciumque. Efto, fi quis mala: fed bona fi quis
Judice condiderit laudatur Cafare. Si quis
Opprobriis dignum laceraverit, integer ipfe,
Solventur rifu tabulæ, tu missus abibis.

55 Contre vos derniers Vers on eft fort en courroux:
Pradon a mis au jour un Livre contre vous,
Et chez le Chapelier du coin de notre place
Autour d'un Caudebec j'en ai lû la Préface.

REMARQ UES.

VERS 55. Contre vos derniers Vers, &c.] C'est l'Epitre VII. à M. Racine, compofée quelque tems avant celle-ci. Comme elle contient plufieurs traits fatiriques, elle avoit excité de nouvelles rumeurs fur le Parnaffe.

VERS 56. Pradon a mis au jour un Livre contre vous.] Ce Poëte, traité felon fes mérites dans l'Epitre VII. ,, publia, dit M. Broffette, une Critique des Poëfies de ,, M. Despréaux, intitulée, Le Triomphe de Pradon.

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C'est à quoi ce Vers fait allufion ". M. Du Monteil releve avec raifon M. Broffette, qui fe trompe dans cet endroit, & qui fe contredit dans fa Remarque fur le Vers 58. dans laquelle il fait mention de la Préface que Pradon mit à la tête de fa Phèdre. C'eft à cette Préfa ce que M. Despréaux fait allufion ici. Se pouvoit-il, que dans une Epitre compofée en 1677. & publiée en 1683. il eût en vue Le Triomphe de Pradon fur les Satires du Sieur D***? Cet Ouvrage ne parut qu'en 1686. & d'ailleurs il n'eft pas une Critique des Poëfies de M. Despréaux, comme dit M. Broffette. Il ne contient que l'Examen du Difcours au Roi, & des trois premieres Satires. L'année précédente, Pradon avoit publié fes Nouvelles Remarques fur tous les Ouvrages du Sieur D***.

Dans l'Edition de Paris 1740. on a laiffé fubfifter la faute de M. Broffette, qu'on vient de corriger ici. C'eft ce que l'on pouvoit faire aifément, en jettant les yeux fur une des Editions de Hollande. On dit dans la même Note, que Le Triomphe de Pradon mourut en naiffant, auffi-bien que Le Satirique berné. Ce tour femble annoncer, que ce dernier Ouvrage foit de Pradon. On ne le connoît plus aujourd'hui. Il falloit s'expliquer plus clairement. DE ST. MARC.

VERS 58. Autour d'un Caudebec.] Sorte de chapeaux de laine, qui fe font à Caudebec en Normandie. DESP, CHANG. Ibid. Autour d'un Caudebec.] Notre Auteur avoit mis dans toutes les Editions: A Pentour d'un

L'autre jour fur un mot la Cour vous condamna. 60 Le bruit court qu'avant-hier on vous affaffina. Un Ecrit scandaleux fous votre nom fe donne. D'un Pafquin, qu'on a fait, au Louvre on vous foup çonne.

Moi? Vous. On nous l'a dit dans le Palais-Royal.
Douze ans font écoulés, depuis le jour fatal,

REMARQUES.

Caftor. Mais à l'entour n'eft pas Prépofition. Il est Adverbe, & par conféquent il n'a point de régime & fe dit abfolument. C'eft ce qui lui fit mettre ici: Autour dun Caudebec, dans fa derniere Edition de 1701.

Ibid. j'en ai lú la Préface.] C'eft celle que Pradon avoit fait imprimer à la tête de fa Tragédie de Phèdre, au mois de Mars 1677. Cette Preface est toute contre M. Despréaux & M. Racine

VERS 60. Le bruit court qu'avant-hier on vous affaffina.] L'Abbé Tallemant l'aîné avoit fait courir ce faux bruit. Voyez Ep. Vll. Vers 90. Pradon avoit dit, la Table de M. Pellot, Premier-Président de Rouen, que M. Des préaux avoit reçu des coups de bâton.

2

Notre Poëte fait hier d'une fillabe dans Avant-hier, quoiqu'il l'ait fait de deux fillabes dans le Vers 52. Hier, dit-on, de vous &c. C'eft, difoit-il, parce que le mot, hier, ne feroit pas affez foutenu, fi on ne le faifoit que d'une fyllabe, quand il eft feul; au lieu que joint avec avant dans Avant-hier, il eft affez foutenu. BROSSETTE.

Ajoutons qu'effectivement dans la prononciation ordinaire, hier, feul fait deux fyllabes, & n'en fait qu'une dans Avant-hier. DE ST. MARC.

VERS 61. Un Ecrit fcandaleux fous votre nom fe donne.] On attribuoit à l'Auteur un Sonnet fatirique contre le Duc de Nevers. Voyez l'Avertiffement fur l'Epitre VII. VERS 63. On nous l'a dit dans le Palais-Royal.] Allufion aux Nouvelliftes, qui s'affemblent dans le jardin de ce Palais. DESP.

VERS 64. Douze ans font écoulés, &c.] La premier£

65 Qu'un Libraire imprimant les effais de ma plume, Donna, pour mon malheur, un trop heureux volume. Toujours, depuis ce temps en proye aux fots difcours, Contre eux la vérité m'eft un foible fecours. Vient-il de la Province une Satire fade, 70 D'un Plaifant du païs infipide boutade;

REMARQUES.

Edition des Satires fut faite au mois de Mars 1666. Ainfi la douzieme année couroit en 1677.

IMIT. Ibid. & Vers fuivans. Douze ans font écoulés depuis le jour fatal, &c. Toujours depuis ce temps en proye aux fots difcours, &c.] Horace fe plaignoit auffi de ce que l'amitié dont Mécène l'honoroit depuis près de huit ans l'avoit exposé aux traits des envieux. Liv. II. Sat. 1. Vers 40. 41. 42. & 47.

Septimus octavo propior jam fugerit annus

Ex quo Macenas me cœpit habere fuorum

In numero.....

Per totum hoc tempus fubje&tior in diem & horam
Invidia.

VERS 69. Vient-il de la Province une Satire fade, &c.] Dans les Editions contrefaites des Oeuvres de M. Des préaux, les Libraires ont inféré quantité de méchantes Satires dont il n'eft point l'Auteur, & qui font indignes de lui. Telles font les Satires contre le Mariage; contre les Maltotes Eccléfiaftiques; contre les Directeurs, contre les Abbés, & plufieurs autres Pièces de la même force. Quelque remarquable que foit la différence de ces Satires à celles de notre Auteur, bien des gens qui n'avoient pas le difcernement affez jufte, ou qui n'en avoient point du tout, ne laiffoient pas de les lui attribuer. Il s'eft vu même expofé plus d'une fois au très-fenfible déplaifir de s'entendre loüer, principalement fur ces Ouvrages fuppofés, & par des gens, qui ne lui difoient pas un mot de fes véritables Ouvrages. Lorfqu'il étoit à Bourbon, un Capucin le félicita fur la

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