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O Toi, de mon repos compagne aimable & fombre, A de fi noirs forfaits prêteras-tu ton ombre?

REMARQUES.

,, augufte dans une Satire, puifqu'on ne doit le pro » noncer ni l'écrire qu'avec le dernier refpect....

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Seul à Magnificat je me vois encenfe.

A prononcé pour moi le Benedicat vos.

Il me femble que cela tourne un peu en ridicule les cérémonies de notre Religion".

Page 105. après s'être étonné que M. Despréaux ait eu l'audace de fatirifer le Roman de Cyrus, il ajoute. ,, Mais un Homme de Qualité répondit un jour, qu'on ne devoit pas s'en étonner, puifqu'il attaquoit des chofes bien plus faintes & bien plus facrées; car enfin, de quelle maniere parle-t-il de la Bénédiction des Prélats, dont il fait de fi plaifantes railleries?

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Il tire du manteau fa dextre vengeresse,

Il part & de fes doigts faintement alongés,
Benit tout les passans en deux files rangés.

,, Par-tout le doigt vainqueur les fuit & les ratrape.

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Se croyoit à couvert de l'infulte facré.

,, L'infulte facré eft un peu gaillard pour une cérémo ,,nie, qui doit attirer le refpect de tout le monde, & ,, par qui tant de faints Evêques ont fait autrefois tan de miracles....

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Et de leurs vains projets les Chanoines punis,
S'en retournent chez eux éperdus & bénis.

Je ne fçai pas où étoit le jugement de Monfieur
D***
quand il a fait de tels Vers; & un Homme qui
fe pique de bonnes mœurs comme lui, devoit trai-
ter ce me femble, un peu moins cavaliérement cet

Ah! Nuit, fi tant de fois, dans les bras de l'Amour 160 Je t'admis aux plaifirs que je cachois au jour,

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REMARQUES.

te matiere..... tout le monde demeure d'accord, que fi Monfieur D*** avoit compofé fon Lutrin du tems de la naiflance de l'Hêréfie en France, tout le parti des Huguenots & des autres Hérétiques lui auroient fort applaudi, puifqu'enfin les moins fcrupuleux ont été fcandalifés de cette Satire".

On voit encore les mêmes reproches d'impiété dans une Epitre en Vers, qui fe trouve à la fin des Nouvelles Remarques de Pradon. Elle eft adreffée à Pradon luimême, fous le nom d'Alcandre. Ce que je vais en rapporter, eft la critique de tout le Poëme du Lutrin; & quelque emportement, que l'Auteur y faffe voir, il ne laiffe pas d'avoir raifon en bien des points.

Admirons de quel foin fa Mufe eft occupée
A faire un riche amas des loix de l'Epopée.
Lorfqu'il en auroit pu charmer tout l'Univers,
Devroit-il pour la Profe abandonner les Vers?
Ne fe fouvient-il plus qu'à notre grand Alcide
Il s'étoit engagé de faire une Enéide,
Et que fier du fuccès de fon fameux Lutrin,
Il devoit faire honte à l'Empire Latin?
Mais quoi! ce beau Lutrin où fon efprit s'égare,
Cet enfant monftrueux d'un caprice bizare,
Où par le Stile froid, dont il fut l'inventeur,

Il trouva le fecret de morfondre un lecteur;
Où l'on voit plus de Dieux que l'on n'en vit à Trøye,

De fa veine fterile alonger la courroye;

Où par des incidens qu'il pille chez autrui,

Il tache d'annoblir ce peu qui vient de lui,

Et d'un difcours bouffi, confus & pédantefque,
Rend Ariofte trifte & Virgile burlesque;

Du moins ne permets pas... La Molleffe oppreffée Dans fa bouche à ce mot fent fa langue glacée

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REMARQUE S.

Où de fon attentat le lecteur étonné
Attend le châtiment d'un temple profané,
Quand il fait fans respect par des jeux téméraires
De la Religion badiner les Myfteres,

Et fans en concevoir le moindre repentir,
Epouvante l'efprit, loin de le divertir;

* Où tout fanglant encor de fon huître à l'écaille,
Pour finir fen Poëme il forge une bataille,

Et prenant chez Barbin les armes du combat,
Acheve en Arlequin un Ouvrage fi fat;

Ce Lutrin dont il fait un fi fol badinage
Auroit-il à ce point enflé fon grand courage,
Qu'il ofat afpirer au glorieux emploi

D'ériger un trophée à l'honneur de fon Roi?

BONNE CORSE dans fon Lutrigot, & dans quelques Remarques impertinentes, qu'il a mifes à la fin de ce Poeme, le plus ridicule & le plus fot Ouvrage que je connoiffe, fait auffi les mêmes reproches à M. Defpréaux. Si ces dffférens Auteurs avoient été moins animés de l'efprit de vengeance, & qu'ils euffent voulu cenfurer avec quelque équité, n'auroient-ils pas trouvé la juftification de M. Defpréaux dans les plaintes, que la Molbelle fait de ce que beaucoup de gens d'Eglife fe font deja fouftrait à fes Loix. Les traits fatiriques de notre Auteur, contre lefquels ces Ecrivains de mauvaise foi fe font fi fort élevés, ne tombent que fur des abus; & la Raifon eft toujours en droit de les cenfurer. Que F'on compare d'ailleurs ces différens traits fatiriques de

* Ce Vers fait Allufion à la Fable de l'Huntre, qui terminoit d'abord l'Ep. 1. au Roi.

Et laffe de parler, fuccombant fous l'effort, Soupire, étend les bras, ferme l'œil, & s'endort.

REMARQUES.

M. Defpréaux avec ce que j'ai rapporté de l'Ariofte dans la feconde Remarque fur le Vers 16. du I. Chant: on verra que le Poëte François eft beaucoup plus réservé dans fes cenfures que le Poëte Italien. DE ST. MARC.

VERS 164. Soupire, étend les bras, &c.] Ce Vers exprime bien l'état d'une perfonne accablée de trifteffe & de laffitude qui fuccombe au fommeil. Madame la Ducheffe d'Orléans, Henriette-Anne d'Angleterre, premiere Femme de Monfieur, Frere du Roi, avolt été si touchée de la beauté de ce Vers, qu'ayant un jour apperçu de loin M. Defpréaux dans la Chapelle de Versailles, où elle étoit aflife fur fon carreau, en attendant que le Roi vint à la Melfe; elle lui fit figne d'approcher, & lại dit à l'oreille :

Soupire, étend les bras, ferme l'œil, & s'endort.

OR

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