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Que fi quelqu'un, mes Vers, alors vous importune, Pour fçavoir mes parens, ma vie & ma fortune,

REMARQUES.

Ces quatre derniers Vers (j'ai oublié de le dire en fon lieu) font l'original de ce que notre Auteur dit dans YEpure Vll. depuis le Vers 55. jusques & compris le foixante-dixieme.

Moi-même dont la gloire ici moins répandue, &c.
Plus croiffant en vertu je songe à me venger.

La Frefnaie-Vauquelin continue ainsi son portrait,

Di, que je fus d'ailleurs aimé de tout le monde,
D'un cœur ouvert & franc, de confcience ronde,
Et que j'aime chacun: mais fur-tous ces efprits,
Que la douceur d'amour des Mufes tient épris.

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Di, que ma taille fut moyenne & non grossiere:
Et, que ma grace fut plutôt humble que fiere.
Que l'air de mon visage à tous témoignoit bien,
Que j'étois Jovial & non Saturnien:
Qu'étant chauve je fus un peu prompt à colere:
Mais foudain revenu, cruel ni trop fevere.

DE ST. MARC.

IMIT. Vers 93. & 94. Que fi quelqu'un, mes Vers alors vous importune, Pour avoir mes parens, ma vie & ma fortune, &c.] La Frefnaic-Vauquelin dit à son Livre:

Si l'on s'enquiert à toi, quel homme je puis étre

Et dont je fus extrait & quand je vins à naître ;

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C'est là qu'il parle de l'Origine de fon Nom, de l'ancienneté & de la nobleffe des alliances de fa Maifon :

95 Contez-lui, qu'allié d'affez hauts Magiftrats, Fils d'un Pere Greffier, né d'Ayeux Avocats; Dès le berceau perdant une fort jeune Mere,

REMARQUES.

ce qui le conduit à parler de lui-même, que fon Pere,
mort fort jeune, laiffa Orphelin & feul d'Enfans. 11
entre enfuite dans le détail de fa vie, qu'il commence
par fa premiere enfance & fon éducation, & qu'il finit
par la date de la composition de cette Pièce.

Que quand je t'enfanté, j'avois par les maisons
Du Ciel jà vu paffer quarante-cing faifons;

Les deux Vers qui fuivent contiennent la date de fa
naiffance.

Et juflement en l'an, naissance pris j'avoye,

Que le grand Roi François conquefla la Savoye.

C'étoit en 1535. & l'Auteur ayant 45. ans lorsqu'il compofa la Satire adreffée à fon Livre, elle fut faite l'an 1580. DE ST. MARC.

VERS 95. allié d'affez hauts Magiflrats.] MM. de Bragelogne; Amelot, Préfident à la Cour des Aides; Gilbert, Préfident aux Enquêtes, Gendre de M. Don gois; de Lionne, Grand-Audiencier de France; & plu fieurs autres Maifons illuftres dans la Robe.

VERS 96. Fils d'un Pere Greffier, &c.] Gilles Boileau, Greffier du Confeil de la Grand' Chambre, né le 28. de Juin 1584.

Ibid. né d'Aycux Avocats.] Il tiroit fon origine de Jean Boileau, Notaire & Secrétaire du Roi, qui obtint des Lettres de Nobleffe pour lui & pour fa Poftérité, au mois de Septembre 1371. Jean Boileau (fut un des quatre nommés pour exercer fa Charge près du Parlement; & Henri Boileau, fon Petit-fils, fut reçu en 1408. Avocat du Roi en la mêine Cour. Quelques-uns de leurs Defcendans ont été de célèbres Avocats.

VERS 97. Dès le berceau perdant une fort jeune Mere.] Il n'avoit qu'onze mois quand Anne Denielle fa Mere mourut âgée de 23. ans en 1637,

Réduit feize ans après à pleurer mon vieux Pere, : J'allai d'un pas hardi, par moi-même guidé, 100 Et de mon feul Génie en marchant fecondé, Studieux amateur & de Perfe & d'Horace, Affez près de Regnier m'affeoir fur le Parnaffe. Que par un coup du fort au grand jour amené, Et des bords du Permeffe à la Cour entraîné, 105 Je fçus, prenant l'effor par des routes nouyelles Elever affez haut mes poëtiques ailes :

Que ce Roi dont le nom fait trembler tant de Rois Voulut bien que ma main crayonnât fes exploits: Que plus d'un Grand m'aima jufques à la tendreffe; 110 Que ma vue à Colbert infpiroit l'allégresse :

REMARQUES.

VERS 98. Réduit feize ans après à pleurer mon vieux Pere.] Il mourut en 1657. âgé de foixante-treize ans. VERS 102. Affez près de Regnier m'affeoir fur le Par aaffe.] Notre Auteur a cru pouvoir parler plus hardiment quand il n'a fait que rapporter les fentimens du Public: Et leur Auteur jadis à Regnier préféré. Vers 35 VERS 108. crayonndt fes exploits. Il avoit été nommé pour écrire l'Hiftoire du Roi avec M. Racine, au mois d'Octobre 1677.

VERS 109. Que plus d'un Grand m'aima jufques à la tendreffe, &c. La Frefnaie-Vauquelin dit quelque chofe de femblable.

Di, qu'aux Grands, aux Seigneurs reprefentant le Prince
Au beau Gouvernement de notre grand' Province,
Que je fus agréable: & que durant l'effroi
Des troubles ils le font toujours fervis de moi.

DE ST. MARC

VERS 110, Que ma vue à Colbert, &c.] M. Colbert

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Qu'aujourd'hui même encor de deux fens affoibli
Retiré de la Cour, & non mis en oubli;

Plus d'un Héros épris des fruits de mon étude,
Vient quelquefois chez moi goûter la folitude.
Mais des heureux regards de mon Aftre étonnant
Marquez bien cet effet encor plus surprenant,
Qui dans mon fouvenir aura toujours fa place:
Que de tant d'Ecrivains de l'Ecole d'Ignace

REMARQUE S.

mena un jour dans fa belle maifon de Seaux M. Despréaux, & M. Racine. Il étoit feul avec eux, prenant un extrême plaifir à les entendre; quand on vint luf dire que M. l'Evêque de ...... demandoit à le voir: Qu'on lui faffe voir tout, hormis moi, dit M. Colbert.

VERS III. - de deux fens affoibli.] De la vue &

de l'ouïc.

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VERS 112. Retiré de la Cour, &c.] Il n'y alloit plus depuis l'année 1690. & il s'en étoit retiré pour joüir de la liberté & du repos. Après la mort de M. Racine il alla yoir le Roi pour lui apprendre cette mort & recevoir les ordres par rapport à fon Histoire, dont il fe trouvoit feul chargé. Sa Majefté le reçut avec bonté, & quand il voulut fe retirer, le Roi, en faisant voir fa montre qu'il tenoit par hafard à la main, lui dit obligeamment: Souvenez-vous que j'ai toujours à vous don er une heure par semaine, quand vous voudrez venir.

VERS 113. Plus d'un Héros, &c.] M. le Marquis de Termes, M. de Cavois, M. de Pontchartrain, M. Daqueffeau, & plufieurs autres; mais particuliérement M. le Duc, & M. le Prince de Conti, qui l'honoroient fouvent de leurs vifites à Auteüil.

VERS 114. chez moi, &c.] A Auteüil. DESP. VERS 118. Que de tant d'Ecrivains de l'Ecole d'Ignace.] Les PP. Rapin, Bourdaloue, Bouhours, Gaillard, Thouher, &c. BROSSETTE.

Le P. Thoulier quitta enfuite les Jéfuites. C'eft M. l'Abbé d'Olivet, de l'Académie Françoife, une des meilTeures plumes qu'il y ait aujourd'hui en France. Du MONTEIL

Etant, comme je fuis, ami fi déclaré, 120 Çe Docteur toutefois fi craint, fi révéré, Qui contre Eux de fa plume épuisa l'énergie, Arnauld, le grand Arnauld fit mon apologie. Sur mon tombeau futur, mes Vers, pour l'énoncer, Courez en lettres d'or de ce pas vous placer, 125 Allez jufqu'où l'Aurore en naiffant voit l'Hydafpe, Chercher, pour l'y graver, le plus précieux jafpe. Sur-tout, à mes rivaux fçachez bien l'étaler.

Mais je vous retiens trop. C'est assez vous parler, Déja plein du beau feu qui pour vous le transporte, 130 Barbin impatient chez moi frappe à la porte.

Il vient pour vous chercher. C'eft lui: j'entens fa voix,
Adieu, mes Vers, adieu pour la derniere fois,

REMARQUES.

J'ajoute que c'eft un des plus fçavans Hommes que nous ayons, & l'un de ceux qui ont le plus le mérite Académique, c'est-à-dire, qui font les plus propres à remplir l'objet de l'Académie Françoife. DE ST. MARC.. VERS 122. le grand Arnauld fit mon apologie.] M. Arnauld a fait une Differtation où il me juftifie contre mes Cenfeurs. C'eft fon dernier Ouvrage. DESP. Edition de 1701.

§. Il s'agit ici de la Lettre de M. Arnauld à M. Perrault. Elle eft dans le Tome I. de cette Edition. en naifant voit l'Hydafpe.] Fleuve

VERS 125.
des Indes. DESP.

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