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par un choix vifiblement infpiré du Ciel, a donné à la Ville capitale de fon Royaume, pour affùrer P'Innocence, & pour détruire l'Erreur, Monseigneur l'Archevêque de Paris, en un mot, a bien daigné auffi examiner foigneufement mon Epître, & a eû même la bonté de me donner fur plus d'un endroit des confeils que j'ai fuivis ; & m'a enfin accordé auffi fon approbation, avec des éloges, dont je fuis également ravi & confus.

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(5) Au refte, comme il y a des Gens qui ont publié, que mon Epître n'étoit qu'une vaine déclamation, qui n'attaquoit rien de réel, ni qu'aucun Homme eût jamais avancé: Je veux bien pour l'intérêt de la Vérité, mettre ici la Propofition que j'y combats, dans la Langue, & dans les termes qu'on la foutient en plus d'une Ecole. La voici: Attritio ex gehennæ metu fufficit, etiam fine ulla Dei dile&tione, & fine ullo ad Deum of fenfum refpectu; quia talis honefta & fupernaturalis eft. C'eft cette Propofition que j'attaque, & que je foutiens fauffe, abominable, & plus con

REMARQUES.

(5) Au refte, &c.] L'Auteur fubftitua cet Article dans l'Edition de 1701. à cet autre qui terminoit fa Préface dans l'Edition faite en 1695.

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,, Je croyois n'avoir plus rien à dire au Lecteur. Mais dans le temps même que cette Préface étoit fous la preffe, on m'a apporté une miférable Epître en Vers que quelque Impertinent a fait imprimer, & qu'on veut faire paffer pour mon Ouvrage fur l'Amour de Dieu. Je fuis donc obligé d'ajouter cet article, afin d'avertir le Public, que je n'ai fait d'Epître fur l'Amour de Dieu, que celle qu'on trouvera ici: l'autre étant une pièce fauffe, & incomplette, compofée de quelques Vers qu'on m'a dérobés, & de » plufieurs qu'on m'a ridiculement prêtés, auffi-bien a que les notes téméraires qui y font

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traire à la vraye Religion, que le Luthéranifme ni le Calvinifme. Cependant je ne croi pas qu'on puiffe nier qu'on ne l'ait encore foutenue depuis peu, & qu'on ne l'ait même inférée (6) dans quelques Catéchifmes en des mots fort approchans des termes Latins, que je viens de rapporter.

REMARQUES.

(6) dans quelques Catéchifmes.] C'est ce qu'on peut voir dans le Catechisme de M. Joli, & dans quelques autres.

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MONSIEUR DESPREʼAUX ayant été nommé par le Roi en 1677. pour écrire fon Hiftoire, fembloit avoir entiérement abandonné la Poëfie. Néanmoins, feize ans après, en 1693. il compofa fon ODE fur la prife de Namur; & l'année fuivante il publia fa X. Satire. A la vue de ce dernier Ouvrage l'audace des Critiques fe réveilla. Il fut exposé à la cenfure d'une infinité de Poëtes médiocres; & ce fut pour leur répondre qu'il compofa cette Epître. Elle est écrite avec beaucoup d'art; & c'est une chofe affez finguliere d'y voir un Poëte Satirique couvrir fes Cenfeurs de confufion; rejetter fur eux toute l'indignation du Public; & s'attirer noblement la tendreffe & la compaffion des Leateurs. Notre Auteur avoit une grande prédile&tion pour cette Pièce, qu'il appelloit ordinairement fes inclinations. Elle fut faite au commencement de l'année 1695. & l'idée en eft prise d'Horace, Livre I. Epitre XX. Voyez le Bolæana, Nombre LIV.

La Frefnaie-Vauquelin finit le premier Livre de fes Satires par une Pièce, qui porte en titre: A fon Livre, & qui n'eft qu'une ample Imitation de l'Epitre d'Horace. Cette derniere n'a que 28. Vers. Celle de M. Despréaux en a 132. & la Pièce de La Frefnaie-Vauquelin, qui remplit exactement le plan d'Horace, eft de 254. Vers. Ceft un des meilleurs Ouvrages de cet Auteur. On en citera quelques Mor ceaux dans les Remarques.

J'AI

A MES VERS.

'AI beau vous arrêter, ma remontrance est vaine; Allez, partez, mes Vers, dernier fruit de ma veine; C'est trop languir chez moi dans un obfcur féjour. La prifon vous déplaît, vous cherchez le grand jour;

REMARQUES.

IMIT. Vers 1. J'ai beau vous arrêter, &c.] Horace commence ainfi l'Epitre XX. de fon premier Livre.

Vertumnum, Janumque, Liber, Spectare videris:
Scilicet ut proftes Sofiorum pumice mundus.
Odifti claves, & grata figilla pudico:

Paucis oftendi gemis, & communia laudas, &c.

BROSSETTE.

La Frefnaie-Vauquelin, en paraphrafant Horace, com mence de cette maniere la derniere Satire de fon I. Livre.

Mon Livre, je voi bien que quelque vain espoir
Téleve maintenant & te veut décevoir:

Et je m'apperçoi bien qu'ennuyé tu te fâches
Entre tant de papiers, & qu'échapper tu taches,
Pour aller à Paris, pour te faire imprimer,
Ecarrir & laver, penfant te faire aimer
Etant ainfi vendu par la main d'un Libraire,
Qui tiendra fa boutique au Palais ordinaire, &c.
Regarde que tu fais, tu veux doncques partir?
Tu veux donc me laisser? je veux bien t'avertir,
Que tu te hates trop; quelle mouche te pique

5 Et déja chez Barbin, ambitieux Libelles,
Vous brûlez d'étaler vos feuilles criminelles.
Vains & foibles Enfans dans ma vieilleffe nés,
Vous croyez fur les pas de vos heureux Aînés,
Voir bientôt vos bons mots, paffant du Peuple aux

Princes,

10 Charmer également la Ville & les Provinces; Et par le prompt effet d'un fel réjouissant, Devenir quelquefois Proverbes en naissant.

REMARQUES.

De te vouloir foumettre à l'injure publique ?
Tu veux être imprimé? Tu pleures & gémis,

Alors que je te montre à quelques miens amis, &c.

Martial apoftrophe ainfi fon Livre, Epigramme IV. Liv. Ia

Argiletanas mavis habitare tabernas,

Cùm tibi, parye liber, fcrínia noftra vacent. &
Etherias, lafcive, cupis volitare per auras:

1fuge; fed poteras tutior effe domi.

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DE ST. MARC.

VERS 5. Et déja ehez Barbin, ambitieux Libelles,] Li braire du Palais. DESP.

VERS 12. Devenir quelquefois Proverbes en naissant.] Il y a des Expreffions heureufes, qui renferment un grand fens en peu de paroles. Elles font ordinairement adoptées par le Public, & deviennent bientôt Proverbes. Telles font, par exemple, ces Vers de notre Auteur.

J'appelle un Chat un Chat, & Rollet un fripon. Sat. I.
V. 52.

La Raifon dit Virgile, & la Rime Quinaut. Sat. II. v. 20.

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